Les responsables de la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY) en association avec ceux des syndicats disent vouloir assainir le secteur.
Depuis le 8 avril dernier, les taximen de la ville de Yaoundé sont sur les dents. Pour cause, une campagne d’assainissement du secteur du transport urbain par taxi vient d’être mise sur pied par la Communauté urbaine de Yaoundé, avec l’onction des syndicats des transporteurs. L’esplanade de l’hôtel de ville de Yaoundé a, depuis lors, reçu près de cinq cent taxis.
Lorsque dans un taxi ne figure pas le badge professionnel du conducteur, il est interpellé et conduit à l’esplanade de l’hôtel de ville, qui fait, pour la cause, office de fourrière. Les propriétaires doivent dès lors débourser la somme de 25 000 F CFA, représentant les frais d’amende.
Assainissement
Cette opération coup de poing vise selon les commanditaires, l’assainissement du secteur du transport par taxi dans la ville de Yaoundé. Patrick Samen, président du Syndicat national des conducteurs des transports urbains, interurbains et routiers du Cameroun (Synatuicam), explique la légitimité de cette opération : « Il y a une porte ouverte pour les truands dans la profession. Beaucoup de chauffeurs qui exercent n’ont par exemple pas de capacité. Nous avons mis sur pied un processus d’assainissement de notre secteur, de façon que, on enlève les badges provisoires, on donne des reçus qui ont une durée de deux mois pour permettre aux chauffeurs de venir faire des badges définitifs. Après deux mois, on va retirer tous les reçus pour davantage assainir le secteur ».
Au Synatuicam, l’on plaide pour une revalorisation du métier de taximen. Cette opération servira de passerelle vers des mesures plus strictes : « Le chauffeur de taxi aujourd’hui n’arrive plus à s’en sortir parce que le milieu est déjà pris en otage par des gens qui n’ont pas de papiers. Nous voulons commencer par-là, pour aller dans la lutte contre le transport clandestin. Nous allons avoir le Délégué du gouvernement pour qu’il nous donne les sabots. Les chauffeurs eux-mêmes vont mettre les sabots aux véhicules clandestins ».
Grincement de dents
Depuis le début de l’opération, c’est la mort dans l’âme que les chauffeurs déboursent 25 000 F CFA pour sortir leur véhicule de la fourrière de la CUY. Un taximan rencontré explique que « non seulement nous payons les taxes à l’Etat, mais on nous arnaque avec une multitude de situations qu’on nous crée pour nous extorquer de l’argent ».
Un autre avoue avoir déboursé jusqu’à 16 000 F CFA pour un précédent badge qui s’est vite dégradé, avant la date d’expiration. Au Synatuicam ces remous sont qualifiés de trouble-fête. « Il y a un grand nombre qui n’ont pas de papiers. Ceux-là ne seront pas contents. Ils vont chercher à faire du bruit pour que la mesure s’arrête. Mais nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout », indique fermement le président de ce syndicat.
Le port obligatoire du badge a pour objectif de réduire l'insécurité grandissante, la recrudescence des agressions et vols de tout genre perpétrés dans les taxis dans les grandes villes du Cameroun.