Depuis leur mise en place, Gemalto et son système d'identification obligent des milliers de citoyens à utiliser des récépissés.
Le journal Germinal paru le 14 février 2017 dénonce les mensonges autour de la nouvelle Carte Nationale d’Identité (CNI). Chauffeurs, distributeurs de cartes, photographes, chefs de poste, bref, plus de 600 ex-personnels des sociétés Thales et SACEL, entreprises chargées de la production des CNI, se sont retrouvés au chômage le 28 octobre 2016. Une note de Martin Mbarga Nguele, Délégué Général à la Sureté Nationale (DGSN), les informait de la cessation de la relation contractuelle qui les liait, les invitant à se présenter à la Direction des Finances, de la gestion informatique et de la logistique le 2 novembre 2016 afin de percevoir leurs droits sociaux.
Seulement, pour ces ex-employés, c’était de la désillusion. «C’est tout simplement de la farce et de la moquerie. Nos droits ont été bafoués puisqu’on a reçu entre 200 000 FCFA et 450 000 FCFA d’indemnisation. Ce montant a été monté de toute pièce et ne respecte pas la législation comme l’insinue le DGSN», fulmine un ex-employé licencié.
Le 29 janvier 2015, Thales Security System confirmait la rupture du contrat avec la DGSN par une notification à son personnel. Mais, la DGSN a exprimé sa volonté de s’acquitter du mois de janvier 2015 et son souhait d’ouvrir une discussion afin de déterminer les modalités nécessaires à la continuité du service public. Le journal est d’avis que c’était un «flou artistique». La discussion n’a jamais été ouverte, apprend-on.
Tous les personnels civils sont restés en place mais de nombreux éléments de leurs salaires ont disparus. «Les frais de mission sont passés de 20 000 FCFA à 10 000 FCFA, la prime de confidentialité qui était à 5000 FCFA, mais payée à 2000 FCFA, a disparu. Les voitures de permanence ne sont plus en bon état», se plaint un ex-employé du projet Sécurisation de la Nationalité Camerounaise (SENAC).
A son arrivée, Gemalto, la nouvelle société en charge de l’établissement de la CNI a été présentée comme le leader mondial de la sécurité numérique qui va apporter son soutien à la DGSN dans sa lutte contre la fraude et la contrefaçon. Gemalto disait pouvoir contribuer à la modernisation des titres d’identité du pays, avec son programme complet de formation, de maintenance et de transfert de connaissance.
Gemalto devait également permettre à la DGSN d’exploiter en toute autonomie son système entièrement intégré. Mais pour les ex-employés du programme SENAC, ce sont des histoires car depuis sa mise en place, Gemalto oblige des milliers de citoyens à utiliser des récépissés. On parle alors d’un préjudice de près d’un milliard de FCFA.