Dans un article, Jeune Afrique indique clairement que beaucoup de choses opposent Ferdinand Ngoh Ngoh à Chantal Biya dans la tentaculaire affaire Savannah Energy
La tension est à son comble à Yaoundé depuis l'affaire Savannah Energy qui oppose le Cameroun au Tchad. Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence, s'oppose frontalement à Adolphe Moudiki, directeur général de la Société nationale des hydrocarbures (SNH), qu'il reproche d'être responsable de la brouille entre les deux capitales. Cette affaire est également un moyen pour Ferdinand Ngoh Ngoh de fragiliser un peu plus Moudiki, qu'il a déjà tenté de remplacer à la tête de la SNH par le passé. La direction de la SNH est un enjeu majeur à Yaoundé, où la société pétrolière est la principale pourvoyeuse de fonds de la présidence et de certains services spéciaux de sécurité. Nathalie Moudiki, l'épouse d'Adolphe Moudiki et intime de Chantal Biya, est soupçonnée d'avoir favorisé l'entrée d'un fils de la Première dame au capital de Savannah Energy via un prête-nom, une accusation démentie par la société pétrolière britannique.
« Ferdinand Ngoh Ngoh va-t-il finalement tirer profit de la brouille qui oppose actuellement le Tchad et le Cameroun dans l’affaire Savannah Energy ? À Yaoundé, le secrétaire général de la présidence a pris le dossier en main – sur instructions du chef de l’État Paul Biya – et il s’oppose désormais frontalement à Adolphe Moudiki, directeur général de la Société nationale des hydrocarbures (SNH).Ce dernier, lors du dernier conseil d’administration de la SNH à Paris, fin avril, a en effet validé l’entrée de Savannah Energy au capital de Cameroon Oil Transportation Company (Cotco, qui gère la partie camerounaise du pipeline reliant le Tchad au port camerounais de Kribi).Une opération qui a provoqué l’ire des Tchadiens, qui s’y sont opposés jusqu’à rappeler leur ambassadeur à Yaoundé le 20 avril dernier, mais qu’a aussitôt vertement critiquée Ferdinand Ngoh Ngoh. Selon nos sources, ce dernier reproche à Adolphe Moudiki d’être responsable de la brouille opposant les deux capitales et dans laquelle lui-même s’est investi en se rendant à N’Djamena le 27 avril pour rencontrer le président Mahamat Idriss Déby Itno. L’affaire a ensuite été au menu de la rencontre, à Yaoundé, entre Paul Biya et son homologue centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, lequel préside à l’heure actuelle la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale », indique Jeune Afrique.
« Mais, à Yaoundé, l’affaire Savannah est plus politique qu’il n’y paraît. Ferdinand Ngoh Ngoh a en effet, par le passé, tenté plusieurs fois de faire remplacer Adolphe Moudiki à la tête de la toute-puissante SNH. La proximité de ce dernier avec Paul Biya a cependant toujours fait échouer ses plans. « L’affaire Savannah est un moyen pour Ngoh Ngoh de fragiliser un peu plus Moudiki », explique un proche de la présidence.
« En cas de changement à la tête de la SNH, il espère y placer l’un de ses fidèles, qui n’aura pas de relation directe avec le chef de l’État, comme c’est le cas de Moudiki », ajoute-t-il. La direction de la SNH est un enjeu majeur à Yaoundé, où la société pétrolière fait figure de principale pourvoyeuse de fonds – y compris secrets – de la présidence et de certains services spéciaux de sécurité comme le Bataillon d’intervention rapide (BIR).Si le destin d’Adolphe Moudiki pourrait se retrouver lié à celui de Savannah Energy – qui fait toujours face à l’hostilité des Tchadiens –, le patriarche camerounais a, selon nos informations, d’abord soutenu l’entrée d’une autre société au capital de Cotco : Perenco. La société franco-britannique s’était en effet portée candidate auprès de lui, mais le projet avait été abandonné. C’est, toujours selon nos sources, l’épouse d’Adolphe Moudiki, Nathalie, qui avait ensuite mis en avant Savannah Energy », précise le Magazine panafricain.
Une source de Jeune Afrique à la présidence de la République confie que pour une des rares fois, « Ferdinand Ngoh Ngoh [dont l’épouse Céline Ngoh Ngoh est une amie de longue date de Chantal Biya] se retrouve opposé à la Première dame dans ce dossier. C’est rare mais cela rappelle à tout le monde qu’il ne travaille pas pour elle et qu’il peut aussi jouer sa carte personnelle »