Actualités of Tuesday, 20 December 2022

Source: www.camerounweb.com

Politique/Crise au sein du Sdf : Jean Michel Nintcheu exige la démission immédiate de Ni John Fru Ndi

Jean-Michel Nintcheu et John Fru Ndi Jean-Michel Nintcheu et John Fru Ndi

C’est la résolution forte qu’on retient à la sortie des travaux en séance extraordinaire du Comité exécutif régional du Social democratic front (Sdf) du Littoral, tenus le 17 décembre 2022 à Douala.
Une réponse du berger à la bergère ? Cela a tout comme l’air. On constate que cette réunion se tient tout juste une semaine après la réunion du Comité exécutif national (Nec) présidée par le Chairman à Yaoundé avec au bout du compte une kyrielle de résolutions confortant toujours un peu plus la mise à l’étroit du président régional du littoral et les siens, farouches opposants au cap pris par leur parti depuis un certain temps. Le dernier Nec à travers ses dernières décisions, entérine sans le dire clairement, le durcissement des choses pour les opposants de Ni John Fru Ndi. Pour preuve quand on regarde les noms des cadres du parti appelés à conduire le renouvellement des exécutifs régionaux à travers le pays, aucun d’eaux n’y figurent. Et ce n’est pas tout sur ce point car en recourant à l’application de l’article 18.8 des statuts du parti, le Chairman a décidé d’envoyer en mission, dit-on, ses affidés pour « fabriquer les délégués » en vue de la succession du Chairman. En clair, les dernières résolutions du Nec mettent Nintcheu et les siens dos au mur. Par exemple, le député du Wouri est dans l’incapacité, si on s’en tient au Nec, d’être éligible aux consultations internes du parti tout comme pour concourir sous la bannière du parti à quelconque élection. La réponse de l’enfant terrible du parti ne s’est pas fait attendre. Au sortir de la réunion extraordinaire, Nintcheu et ses camarades ont frappé fort. « Constate avec gravité que la haute hiérarchie du Sdf s’est rendue coupable de haute trahison envers les militants et sympathisants et exige sa démission immédiate », lit-on du communiqué final ayant sanctionné les travaux. Et ce n’est pas tout, pour exprimer cette volonté dans le camp du président régional du Littoral d’en découdre définitivement avec le camp d’en face. Non seulement il demande aux responsables des structures ainsi qu’à tous les militants du Littoral de refuser toute collaboration avec la prétendue Commission du Nec mais aussi il soutient les multiples démarches des camarades cadres du Sdf réunis au sein du G27 dont les éclairages ont mis en lumière « l’opacité incroyable avec laquelle les Finances du Sdf sont gérées depuis des lustres ». Pour se démarquer davantage du leadership de Ni John Fru Ndi, il instruit aux équipes régionales de supervision des renouvellements de parachever leur travail sous la coordination du Secrétaire national à l’organisation conformément aux statuts du parti. Il demande au Chairman et les siens qu’il qualifie de « hiérarchie corrompue de ne plus continuer à profaner la mémoire des 6 martyrs du 26 mai 1990 » et rejette comme on peut s’y attendre en pareille circonstance, « la totalité des décisions anti-statutaires et invite tous les militants à demeurer sereins dans leur engagement pour le retour aux valeurs originelles du Sdf ». Aux yeux de Jean Michel Nintcheu et du G27, le leadership du Chairman est sujet à caution. Pour eux, les récentes décisions du parti sont reçues comme « une forfaiture qui met en lumière les desseins mafieux d’un groupuscule de camarades visiblement mal intentionnés qui veulent prendre en otage le Sdf et l’utiliser comme fonds de commerce ». Dans une volonté affichée de balayer du revers de la main les résolutions du Nec, ils soulignent qu’aucun organe du parti y compris le Nec ne peut être au-dessus des statuts. Pour boucler avec cette litanie d’antagonismes, ils s’étonnent de l’application de l’article 18.8 aux exécutifs régionaux en violation grave des statuts du parti. Ledit article, rappellent-ils, est supposé ne s’appliquer que lorsque la vie du parti est menacée et dont la menace est imputable au comité exécutif concerné.
Les commissions de réorganisation des exécutifs régionaux contestées
Bien plus encore, les responsables de ces commissions sont menées par des cadres du parti tous anglophones comme on le déplore dans l’entourage de Jean Michel Nintcheu. Ainsi, Njong Evaristus ira dans l’Adamaoua, Njong Donatus dans le Centre, Osih Joshua à l’Extrême-Nord et à l’Est, Mochiggle Vanigensen dans le Littoral Ngam Honore dans le Nord et le Sud, Fonguh Cletus dans le Nord-Ouest, Kinyang George dans le Sud-Ouest et Buh Sule à l’Ouest. « Un 18.8 anti-statutaire. Non content de cette forfaiture, ils se sont enfermés dans un suicide politique pour protéger leur deal avec le régime. La crise anglophone est née de la marginalisation des anglophones. Voilà que le Sdf vient totalement marginaliser les francophones dans la désignation des team leaders devant superviser la réorganisation des structures dans les dix régions du pays », s’épanche un proche de Jean Michel Nintcheu désabusé. Toujours dans ce sens, le Comité exécutif du Littoral rappelle pour le déplorer que « les intrigues et errements de cette commission fantoche ont poussé à la démission du parti, l’ensemble de l’exécutif de la circonscription électorale de Mbanga ». Un autre proche du patron du Sdf dans le Littoral affirme que ce dernier est le premier à avoir rompu le tabou de la désacralisation de Fru Ndi. Ça rappelle la bataille Chirac-Sarkozy, Nintcheu dans le rôle de Sarkozy et Fru Ndi dans celui de Chirac. Chirac était au moins au pouvoir. Donc au sommet de sa puissance contrairement à Fru Ndi. « Fru Ndi a l'obligation de céder à la pression pour ne pas s'humilier. La pression est extrêmement forte. Et lui-même s'est mis dans cette situation en voulant protéger à tout prix et à tous les prix Joshua Osih. Des expériences politiques vécues dans le monde, quand ça ne va plus, un leader, un vrai leader cède. Pour sortir la tête haute », conclut-il exprimant l’étendu du fossé qui sépare désormais les deux hommes. Une affaire à suivre.