Le 26 mai dernier, le Cameroun célébrait le 26e anniversaire du retour au multipartisme marqué par le vent de l’Est et le discours de la Baule de François Mitterrand. L’occasion pour La Nouvelle Expression (LNE), édition du 6 juin, de recueillir les avis des leaders politiques de l’opinion. Des avis plutôt critiques sur la pratique de cette forme de démocratie.
Pour Édith Kah Walla, Présidente du Cameroon People’s Party, «ces 26 années de multipartisme n’ont certainement pas donné les fruits que les fleurs des années 1990 pouvaient laisser espérer. Le Cameroun reste dirigé par les mêmes élites et forces politiques installées depuis l’accession à l’indépendance. Nous avons un multipartisme d’habillage, sans pratique réelle de la démocratie. Sur bien des aspects, on observe que le rapport de forces n’a pas évolué dans le sens d’enraciner la démocratie à la vitesse souhaitée par les Camerounaises qui se sont levées dans les années 1990».
Vincent-Sosthène Fouda, leader du Mouvement Camerounais pour la Sociale Démocratie, lui accuse Paul Biya: «Depuis plus de 15 ans personne n’arrive à faire respecter ses droits par l’État parce que celui-ci a divisé pour mieux régner», s’insurge-t-il.
Pour Fabien Assigana, les opposants ont leur part de responsabilité. Le Président du Mouvement Républicain accuse notamment le Social Democratic Front. «Lors de la présidentielle de 1992, l’écart entre l’opposition et le parti au pouvoir n’a été aussi serré qu’en 1992. Cette année-là, les résultats officiels ont crédité le parti au pouvoir (Paul Biya) de 39% des suffrages exprimés, contre 36% pour le SDF (John Fru Ndi).
Depuis, plus rien. Mes depuis lors, les autres consultations électorales présidentielles ont abouti à chaque fois à d’écrasantes victoires du parti au pouvoir. Le SDF est resté le leader de l’opposition, mais s’est totalement essoufflé. D’un côté, l’opposition s’est lancée dans des campagnes, que j’estime vouées à l’échec, sans aucune concertation, chacun prépare des actions médiatiques telle l’exigence de l’élaboration d’un nouveau code électoral».
Un avis que ne partage pas forcément Adamou Ndam Njoya. Selon le responsable en chef de l’Union Démocratique du Cameroun, «le pouvoir du moment veut réduire à néant le multipartisme. Il est toujours question de faire face à ceux des hommes du pouvoir du moment qui ne désarment pas dans leur entreprise pour réduire à néants le multipartisme par le jeu électoral conduisant à la confiscation du pouvoir par la voie dite démocratique sans la transparence et l’objectivité que requiert le jeu démocratique».