Actualités of Wednesday, 3 January 2018

Source: http://www.cameroon-info.net/

Pour la première fois, Patrice Nganang raconte les conditions de sa libération

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Arrêté au Cameroun le 6 décembre 2017 pour «outrage à corps constitué», puis relâché et expulsé vers les Etats-Unis le 27 décembre de la même année, Patrice Nganang estime que régime en place au Cameroun va bientôt changer.
L’écrivain raconte pour la première fois les conditions de sa relâche dans une interview accordée à Jeune Afrique ce mercredi 3 janvier 2018. En effet, alors que son procès devait se tenir le 19 janvier 2018, il a été jugé le 27 décembre 2017 à la surprise générale et le parquet a décidé de le relaxer.

«Je ne savais rien jusqu’à 21 heures [mardi 26 décembre], la veille de l’audience au tribunal de première instance. Trois hommes sont venus me voir dans la cellule pour m’informer que mon procès était avancé au 27 décembre, soit le lendemain, à 8 heures. Deux gardes sont venus me récupérer le matin dès 7 h 30, la salle d’audience était entièrement vide. Le procureur a abandonné les charges sans qu’il y ait eu de débats sur les raisons de ma présence, comme si rien ne s’était passé. Il faut dire qu’après mon arrestation il y avait eu des comités de soutien, des pétitions… C’était probablement délicat de maintenir les poursuites», explique Nganang.

Selon l’écrivain qui annonce d’ailleurs un livre sur la guerre civile au Cameroun, la publication de son carnet de voyage sur Jeune Afrique, dans lequel il critique la gestion de la crise anglophone par le gouvernement, est la vraie raison de son arrestation. «J’en suis convaincu. Dès mon arrivée dans les locaux de la police judiciaire, les officiers, que je n’avais jamais vus de ma vie et qui ne m’avaient pas donné les raisons de mon arrestation, m’appelaient tous « Ambazonia ». Elle est là, la vraie raison de mon arrestation».

Et d’ajouter: «Ce n’est pas l’ensemble de mon « œuvre anti-Biya », mais mon séjour et mon récit sur ce qui se passe en zone anglophone. Pendant ma détention, les questions consistaient seulement à savoir pourquoi j’étais allé là-bas, avec qui et ceux que j’avais rencontré sur place».

Les faits d’outrage qui étaient reprochés à Patrice Nganang se basaient sur une publication Facebook où l’écrivain menaçait de «donner une balle exactement dans le front» du président Paul Biya. Il a également qualifié l’épouse du président de « wolowoss » (synonyme de « prostituée » en camfranglais, argot camerounais). A la question de savoir comment justifie-t-il ces propos aujourd’hui, Nganang répond:

«C’était un texte d’indigné, écrit à l’issue d’un voyage dans une zone anglophone en conflit, où des militaires se baladent en cagoule, une région qui vit sous couvre-feu, où internet est coupé et d’où aucune information ne filtre. D’ailleurs, il faut préciser ceci : ce post Facebook a à peine été effleuré durant l’audition. C’était un texte d’humeur, écrit en parallèle d’un texte narratif sur ce voyage et sur la gestion de la crise».