Actualités of Monday, 13 November 2023

Source: www.bbc.com

Pourquoi Kidal est important pour le Mali dans sa lutte contre les groupes armés

Pourquoi Kidal est important pour le Mali dans sa lutte contre les groupes armés Pourquoi Kidal est important pour le Mali dans sa lutte contre les groupes armés

L'armée malienne déclare avoir repris la ville de Kidal, située à environ 1 540,4 km au nord-est de Bamako, après 11 ans d'absence.

Dans une brève déclaration sur les réseaux sociaux, les Forces armées maliennes (FAMa) ont annoncé qu'ils poursuivraient leurs opérations dans et autour de la ville pour « rétablissement complet de la sécurité ».

Les combats ont repris hier après que l'armée a annoncé avoir franchi la dernière ligne de défense mise en place par les groupes armés.

L'occupation de Kidal par les FAMa aura-t-elle un impact sur la récupération du territoire et la reconstruction du Mali ?

La BBC s'est entretenue avec le chercheur et analyste en sécurité Soumaila Lah pour revenir sur l’importance de la ville de Kidal pour les autorités maliennes.

L'armée malienne annonce tenir la ville de Kidal sous contrôle après onze ans d'absence. D'abord, est ce que cette prise est confirmée ?

Pour le moment, il n'y a rien qui indique que cette prise est confirmée. Mais, je pense qu'il faut dans un premier temps, situer le contexte. Dès lors que les camps de la Minusma devait être rétrocédés, les FAMa, et notamment Bamako, n'avaient d'autre choix que de faire en sorte que ces camps reviennent à l'État et à l'armée régulière. Les ex-rebelles n'étaient pas de cet avis. Du moment où sur le terrain, on a constaté des collusions entre les ex-rebelles et le JNIM [Jamaat Nusrat al-Islam wal-Muslimin], je pense que cette confrontation était inévitable.

Depuis le début des hostilités, Kidal était l'objectif ultime pour les FAMa dans le but de recouvrer entièrement le territoire. Aujourd'hui, il y a eu des pas qui ont été franchis et la nuit sera longue et décisive.

Aujourd'hui, onze ans après, si réellement l'armée arrivait à prendre le contrôle de Kidal, qu'est-ce que cela représenterait ?

Ce serait une très grande victoire en ce sens que depuis 2012, Kidal était considérée comme une épine dans le pied du Mali. De façon globale, Kidal est considérée comme un goulot d'étranglement pour les différents gouvernements qui se sont succédé depuis 2012, une reprise de Kidal serait emblématique serait symbolique.

De mon point de vue, la reprise n'est pas le plus important. C'est un point d'étape qu'il faut franchir. Au-delà de ce point d'étape, je pense que le plus important, c'est de définir une stratégie qui puisse permettre à l'armée de rester à Kidal, qui permettra aux services techniques de faire leur retour et aux populations de Kidal de voir en les FAMa non pas des ennemis, mais plutôt comme des amis, des frères venus pour pacifier le territoire. C'est en cela que je considérais comme eu une victoire.

Donc, au-delà de l'aspect militaire, il faut un aspect politique, en termes de promotion et de proposition.

Il faut également en dernier lieu un retour accompagné de projets de développement durable qui permettent aux populations de ne plus tomber dans l'extrémisme violent et de vouloir défier l'autorité de l'État.

Quel impact justement sur la reconquête du territoire et la reconstruction du Mali ?

C'est un point d'étape très, très important pour la reconquête du territoire, en ce sens que Kidal a toujours été depuis quelques années comme le point de défiance. Maintenant, une fois ce point de défiance tombé, je pense que les autres points ne pourront que suivre.

Et je pense que ce point d'étape, s'il est réglé, peut véritablement mettre à mal les stratégies. Par exemple, des groupes terroristes qui, depuis une dizaine d'années, ont fait de cette localité et de ses alentours, un no man’s land, une plaque tournante du trafic de toute sorte. On va dire une plaque tournante du banditisme organisé, de la criminalité organisée. Et je pense que ce point d'étape signifierait le retour de l'armée dans cette localité de façon explicite, va mettre à mal les trafics, le banditisme organisé et le terrorisme.

Finalement, est ce qu'on s'achemine vers une cohabitation Fama groupes rebelles à Kidal ?

Je ne pense pas. Mais je pense que ce point d'étape, comme je l'ai dit tantôt, constitue une étape importante et peut être le point de départ. De nouvelles négociations et de ces nouvelles négociations vont dépendre de beaucoup de choses comme la question des ex-rebelles, des groupes armés terroristes et des populations locales.