La première session parlementaire de l'année 2025 s'ouvre ce 11 mars au Cameroun dans un climat électrique. Mais au-delà des procédures habituelles, c'est la réapparition spectaculaire de Marcel Niat Njifenji, 90 ans, qui cristallise toutes les attentions et ravive les inquiétudes au sommet de l'État.
Absent pendant de longs mois pour "raisons médicales", le président du Sénat Marcel Niat Njifenji est revenu au Cameroun il y a deux semaines. Sa présence à l'ouverture de cette session parlementaire est cruciale : en tant que deuxième personnalité de l'État, c'est lui qui prendrait les rênes du pays en cas de vacance du pouvoir, comme le stipule la Constitution.
Cette réapparition du nonagénaire, qui dirige le Sénat depuis sa création en 2013, intervient à un moment particulièrement sensible, alors que les spéculations sur la santé du président Paul Biya, 92 ans, n'ont jamais été aussi intenses.
À l'Assemblée nationale, un autre dinosaure du régime, Cavaye Yeguie Djibril, continue de régner en maître. Reconduit sans interruption depuis 33 ans, celui qui a récemment appelé à la candidature de Paul Biya pour la présidentielle de 2025 devrait, sauf coup de théâtre majeur, conserver son fauteuil lors de cette session.
Dans ce contexte verrouillé, l'opposition parlementaire joue son va-tout. Quatre partis totalisant seize députés tentent désespérément d'arracher des réformes du code électoral avant la présidentielle.
"Le temps presse et nous devons absolument obtenir des garanties minimales pour assurer la transparence du scrutin à venir," confie sous couvert d'anonymat un député de l'opposition. "Si rien ne change, nous savons tous comment se terminera cette élection."
En janvier, Paul Biya s'était dit "ouvert au débat" sur ces réformes, et l'opposition lui a transmis ses propositions. Mais face au RDPC, le parti présidentiel qui compte dix fois plus d'élus, leurs chances de succès semblent infimes.
Alors que le régime entre dans sa 43e année, cette session parlementaire pourrait bien être la dernière avant un nouveau bouleversement politique au Cameroun.
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