Le candidat déclaré à la présidentielle de 2025, Me Christian Bomo Ntimbane a une idée tout à fait claire des coups d’État. L’avocat jure que jamais, il n’y aura de putsch réussi au Cameroun.
Pourquoi le Cameroun n'est pas le Gabon ? Pourquoi le Cameroun ne sera ni le Mali, ni le Burkina Faso, ni le Niger, ni la Guinée. Pourquoi aucun coup d'État ne réussira au Cameroun ?
L'alternance au Cameroun après Paul Biya se passera conformément à la Constitution et cette fois-ci dans les urnes. Pour comprendre la destinée d'un pays, il faut rentrer dans son histoire. Il faut avoir un regard spirituel.
Chaque pays comme tout homme a une vision prophétique scellée par ses géniteurs. Le Cameroun n'est pas né ex nihilo. C'est une création divine certes. Mais aussi une construction de ses pères, parfois au sacrifice de leur sang. Le Cameroun est donc pour notre génération et toutes celles futures, un héritage avec ses réalités matérielles et spirituelles.
La particularité des pays cités en intitulé, et en comparaison avec le Cameroun est qu’ils ont dès leurs origines ou dans leur évolution, connu des pouvoirs militaires affichés ou blanchis. Ce que le Cameroun n'a pas connu.
Au Gabon, Omar Bongo, qui prit le pouvoir en 1964 après le président Léon Mba, était un officier de l'armée française et des services secrets français. De nombreux historiens décrivent son accession au pouvoir comme un coup d'État blanchi aux oripeaux d'une alternance civile. Ce qui fait qu'aujourd'hui, le putsch du général Oligui Nguema n'est qu'une conséquence de ce coup d'État originel malgré une parenthèse civile de Ali Bongo Ondimba.
Au Mali, le père de son indépendance le patriote et nationaliste Modibo Keita, fut renversé en 1968 par une junte militaire dirigé par le lieutenant Moussa Traoré. Depuis lors les coups d'État se multiplient dans ce pays très instable.
Au Burkina Faso, le président élu et père de l'indépendance Maurice Yameogo a été renversé en 1968 par un junte militaire dirigée par le lieutenant-colonel Sangoule Lamizana. Depuis lors, les pouvoirs militaires s'alternent avec des pouvoirs civils. Le pays est instable.
Au Niger, le père de l'indépendance Hamani Diori est renversé le 15 avril 1974 par une junte militaire dirigée par le commandant en chef de l'armée Senyi Kountche. Depuis lors, le pays est dans un cycle infernal de coups d'États militaires et dans une instabilité politique et sécuritaire chroniques.
En Guinée Conakry, à la mort du président patriote et nationaliste, et père de l'indépendance Sékou Toure, et en violation de la Constitution de ce pays, une junte militaire dirigée par le colonel Lansana Conte a fait un coup d'État institutionnel et s'est installé par les armes au pouvoir.
La Guinée connaît désormais une véritable instabilité politique, avec des alternances militaires successives, et une seule présidence civile, celle du professeur Alpha Conde qui s'est achevée par un coup d'État militaire.
La leçon à tirer de ces coups d'État militaires est que les pays qui les ont connus à un moment de leur histoire, vivent des instabilités politiques et institutionnels. Exception qui confirme la règle des malédictions des coups d'État, le Ghana. Encore qu'il a fallu une reconversion nette au civil du capitaine Jerry Rawlings pour que s'estompe le cycle de l'instabilité politique.
Ainsi, des pays comme le Centrafrique, la RDC, le Congo Brazzaville, le Tchad qui vivent des instabilités politiques et des récurrentes guerres civiles ont connu des coups d'État : le militaire Bokassa fit un coup d'État au nationaliste et père de l'indépendance centrafricaine David Dacko, le commandant en chef de l'armée congolaise, Mobutu fit un coup d'État au président Kasavubu et au Premier ministre Patrice Lumumba le 14 septembre 1960, l'officier militaire Massamba Débat et une junte militaire déposèrent subtilement le premier président congolais l'abbé Fulbert Youlou, l'officier Félix Malloum assassine le président patriote et nationaliste, père de l'indépendance Tombalbaye Ngarta.
Un pays comme la Côte d'Ivoire a basculé dans la guerre civile et reste à ce jour dans une fragilité politique parce qu'il a connu un coup d'État militaire avec le Général Robert Guei dont les conditions atroces de son décès et de son épouse ont déclenché le règne des escadrons de la mort suivi de la balkanisation du pays sous la présidence du président Gbagbo.
Au constat, les coups d'État apportent des malédictions aux pays qui les vivent dans leur cheminement. Dès ses premiers moments d'existence comme État, même non souverain, les alternances politiques à la tête du Cameroun se sont toujours faits soit démocratiquement, par exemple avec les élections du premier chef de gouvernement camerounais André-Marie Mbida et de son successeur Ahmadou Ahidjo, soit aussi conformément à la constitution avec Paul Biya en 1982.
Toute tentative de coup d'État au Cameroun sera vouée à l'échec et ses auteurs seront arrêtés et jugés. C'est pourquoi en 1983 et 1984, les tentatives de coups d'État par ceux-là mêmes qui gardaient le président de la République, avaient échoué.
Les pères de notre pays n'ont jamais fait de coups d'États. Ils ont pensé leur Cameroun comme un pays aux alternances pacifiques et conformément aux Constitutions. C'est ce qui a été dit et qui sera.