Actualités of Tuesday, 6 December 2022

Source: www.bbc.com

Pourquoi la politique 'zéro cas de covid' suscite des vagues de protestations populaires en Chine 

Pourquoi la politique 'zéro cas de covid' suscite des vagues de protestations populaires en Chine  Pourquoi la politique 'zéro cas de covid' suscite des vagues de protestations populaires en Chine 

La politique zéro covid instaurée par les autorités chinoise pour lutter contre une nouvelle vague de cas de coronavirus a déclenché un soulèvement populaire. On assiste à des séries de manifestations simultanées dans plusieurs grandes villes du pays. Les chinois protestent contre les règles de confinements qu’ils jugent sévères.

Des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour exprimer leur mécontentement face aux mesures prises par le Gouvernement chinois. En effet les autorités souhaitent éviter de nouveaux cas de covid. Parmi les protestataires, certaines sont allés jusqu’à critiquer ouvertement le gouvernement de Xi Jinping et le Parti communiste chinois.

Selon les analystes, le soulèvement populaire, rappelle les manifestations de la place Tiananmen en 1989.

Quelle analyse il faut faire de la situation ? Pourtant, les autorités chinoises veulent juste éradiquer la propagation du coronavirus dans  le pays ? Les stratégies misent en place par le Gouvernement ont porté leurs fruits. Le confinement a réduit les cas de contaminations. Même le nombre de décès a diminué.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, depuis le début de la pandémie, la chine a enregistré 9,6 millions de cas et environ 30 000 décès.

Contrairement aux Etats unis. Le pays de l’oncle Sam a enregistré 97 millions de cas et 1 million de décès. La population américaine est composée d’un quart de chinois.

La Chine a pu stopper la propagation du coronavirus grâce à des mesures strictes, comme la fermeture des frontières ou encore le confinement pendant des semaines,  de villes composées de millions d’habitants.

Forcément, les habitudes quotidiennes des populations ont changé. L’activité économique n’est pas épargnée. Les organisations internationales tablent sur t une croissance du PIB de 2,8%.

Le gouvernement de Xi Jinping prévoit un taux de 5,5%

« La Chine connait une instabilité socio-économique à cause de sa politique dénommée zéro covid. Elle impose des règles très strictes aux personnes et aux communautés », a déclaré Jack Chow, professeur à l’Université Carnegie Mellon et ancien directeur général adjoint de l’Organisation mondiale de la santé, à BBC Mundo.

Il prévient que les mesures anti-covid prisent par le Gouvernement risque de déstabiliser encore le climat social déjà délétère.

«Malgré toutes ces mesures draconiennes, le nombre de cas de covid a continué d’augmenter », dit-il.

«Un autre point important, l’économie chinoise est au ralentie. évidemment cela à des répercussions sur les chaînes d’approvisionnement à l’échelle mondiale.»

«Enfin, les restrictions commencent à irriter les populations. »

Suite aux manifestations, le gouvernement chinois s’est montré coopératifs. Les autorités ont levé jeudi les confinements dans des dizaines de districts de Shanghai et de Guangzhou. Ces deux villes sont des épicentres de la pandémie. Des restrictions sont assouplies à Pékin.

Néanmoins, le vice-Premier ministre chinois Sun Chunlan a annoncé que le pays présente une certaine vulnérabilité face au coronavirus.

Mais tout changement comporte des risques importants pour le pays.

Pourquoi?

Une stratégie inflexible

Au cours de la première phase de la pandémie, alors qu’il n’y avait pas de vaccins contre le covid-19, des pays tels que l’Australie, la Nouvelle-Zélande, Singapour et la Corée du Sud, appliquaient des stratégies de lutte similaires à la politique zéro covid de la Chine.

Avec les vaccins anti-coronavirus et d’autres traitements, ces États ont levé les confinements et ont ouvert les frontières. Pékin a maintenu la même politique.

Aujourd’hui, le reste du monde apprend à vivre avec le virus, Pékin campe sur sa position et applique le confinement.

La chaine de contagion maitrisée, parallèlement, la population a été exposée à la maladie parce qu’elle n’a pas développé l’immunité naturelle.

Cette théorie faite par Yanzhong Huang, chercheur principal sur la santé mondiale au Council on Foreign Relations, appelle «immunité collective.»

« Dans le reste du monde, la population a une immunité. Deux facteurs sont entrés en jeu : les vaccins et l’infection naturelle. Mais en Chine, tel n’est pas le cas», explique Jin Dong-Yan, professeur de virologie moléculaire à l’École des sciences biomédicales de l’Université de Hong Kong, en février dernier.

Pékin, qui n’a pas autorisé l’utilisation des vaccins Pfizer et Moderna développés en Occident.

Huit vaccins COVID-19 ont été approuvés pour une utilisation en Chine, mais aucun n’utilise la technologie de l’ARNm, selon le Covid-19 Vaccine Tracker.

Parmi les vaccins développés par le géant asiatique, il en existe déjà un, Walvax, qui est basé sur l’ARNm, mais son utilisation est autorisée en Indonésie et non en Chine.

« L’immunité collective contre le COVID-19 ne peut être atteinte sans un vaccin efficace, et les vaccins qui ne sont pas valider en Chine se sont révélés beaucoup moins efficaces que les vaccins à ARN utilisés en Europe et aux États-Unis », a averti Yanzhong Huang dans un article paru dans Foreign Affairs en janvier dernier.

Prise de risque

Pékin avait été mis en garde par le cabinet de conseil Eurasia Group,  dans son rapport annuel sur les principaux risques géopolitiques. Il pense que la politique zéro covid de la Chine est plutôt une menace mondiale. dans son rapport annuel sur les principaux risques géopolitiques.

« La Chine est dans une situation la plus difficile. En cause : sa politique zéro-covid qui avait incroyablement marché en 2020.  A présent, il s’agit de lutter contre  des variante beaucoup plus contagieuse. »

« Et la population n’a pratiquement pas d’anticorps contre omicron [l’une des variantes les plus répandues du covid]. Garder le pays fermé pendant deux ans l’a rendu plus vulnérable », indique le rapport.

 

La population chinoise n’ayant pas une immunité collective, les autorités sont confrontées au risque de nouvelles contaminations qui pourraient effondrer le système sanitaire de la Chine.

« L’effondrement du système de santé serait un grand désastre.  A Wuhan, beaucoup de décès sont liés à la fragilité du système sanitaire chinois. » a expliqué Jin Dong-Yan dans son interview avec BBC Mundo.

Rien ne garantit que la Chine dispose de plateaux techniques adéquats pour face à une nouvelle vague de covid.

S’adressant au Washington Post, Yanzhong Huang a averti que Pékin aurait dû renforcer le nombre de lits dans les unités de soins intensifs et mettre en place une bonne campagne de il y a deux ans et demi. Mais le fait de s’être concentré exclusivement sur le confinement explique la situation actuelle..

L’ancien directeur adjoint de l’OMS, Jack Chow, estime que la Chine  va vers des jours incertains.

«Maintenir le confinement pourrait faire baisser la courbe de la COVID-19, toutefois cela continuerait d’alimenter des tensions socio-économiques.

L’autre voie serait de commencer à assouplir les mesures, en réponse aux problèmes sociaux, tout en prenant le risque d’assister à une accélération des infections » dit-il.

Après les dernières mesures annoncées, il semble que le gouvernement opte pour cette deuxième voie dans certaines localités, mais ce n’est pas un risque mineur.

Les statistiques publiées cette semaine par le cabinet de conseil en santé Air finity indiquent que si Pékin lève sa politique zéro covid maintenant, la vie de 1,3 à 2,1 millions de personnes serait en danger.

C’est pourquoi Chow pense que la Chine pourrait choisir de redoubler d’efforts en misant sur la prévention et d’intégrer des vaccins ARNm.

« Ils ont beaucoup d’expérience avec l’utilisation du masque et la distanciation sociale, mais ils n’ont pas diversifié leurs options de vaccins pour inclure les principaux vaccins créés en Occident. »

Cette décision pourrait réduire les risques en assouplissant les mesures de confinement, il y ait une augmentation des infections qui finira par submerger le système de santé chinois.

Cependant, Chow dit qu’il peut y avoir d’autres facteurs qui rendraient difficile l’utilisation des vaccins occidentaux, même si ils ont été mis à jour pour faire face aux nouvelles variantes.

« La question est de savoir si leur choix de vaccins est basé sur des pressions politiques. Voient-ils l’utilisation des vaccins occidentaux comme un signe d’échec ou de domination ?

Je dirais que la stratégie la plus efficace pour faire face à la pandémie est d’utiliser les moyens les plus efficaces, peu importe d’où ils viennent. Ainsi, il est très probable que des considérations politiques soient en jeu, ce qui rend la stratégie de la Chine plus complexe.

Au-delà de ces considérations, il convient de noter que la politique zéro covid est l’une des mesures « phares » du gouvernement du président Xi Jinping, ce qui, selon les observateurs, rend désormais difficile un changement radical de stratégie.

Ainsi, entre les risques d’un effondrement du système de santé dû à une vague d’infections incontrôlées et enjeux politiques qu’un changement de cap pourrait signifier – y compris la possibilité d’autoriser l’utilisation de vaccins occidentaux dans le pays – la situation à laquelle Pékin est confronté avec sa politique zéro covid semble rappeler ce qui arrive à ceux qui – selon l’ancien proverbe chinois :  monte sur un tigre : Une fois dessus, vous n’osez plus descendre.