Il fut un temps, avant ChatGPT, où le monde de la technologie parlait de quelque chose de complètement différent.
Vous vous souvenez du métavers ?
Pendant un certain temps, il a dominé l'actualité technologique. Un monde de réalité virtuelle qui serait si immersif, si captivant, que nous voudrions y passer une partie de notre vie.
Mark Zuckerberg a poussé cette idée.
Le milliardaire de la technologie était tellement engagé qu'en octobre 2021, il a changé le nom de Facebook en Meta.
"La qualité déterminante du métavers sera le sentiment de présence", a déclaré le chef de Meta lors de l'annonce du changement.
"Se sentir réellement présent avec une autre personne est le rêve ultime de la technologie sociale. C'est la raison pour laquelle nous nous concentrons sur la construction de cette technologie", a expliqué Zuckerberg.
"Dans le métavers, vous pourrez faire presque tout ce que vous pouvez imaginer", a-t-il ajouté.
Personne ne peut l'accuser de manquer d'ambition.
Mais près de deux ans plus tard, la vision du métavers de Zuckerberg est en difficulté.
En avril, il a tenu à préciser qu'il ne voulait pas abandonner l'idée.
"Il a été dit que nous nous éloignions d'une certaine manière du métavers, a-t-il déclaré aux investisseurs. Je tiens à dire clairement que cela ne correspond pas à la réalité."
Une réalité virtuelle non rentable
Ce mercredi 27 septembre 2023, l'entreprise organise son événement annuel de réalité virtuelle appelé Meta Connect.C'est peut-être l'occasion pour Zuckerberg de réexpliquer les raisons qui l'ont poussé à choisir une société de réseautage social extrêmement rentable et à détourner son attention vers une société de réalité virtuelle extrêmement peu rentable.
Comment cela, non rentable ? Les chiffres les plus récents de Meta sont à pleurer.
Reality Labs, qui, comme son nom l'indique, est la branche de Meta spécialisée dans la réalité virtuelle et augmentée, a perdu la somme stupéfiante de 21 milliards de dollars US depuis l'année dernière.
Ces pertes s'expliquent en partie par des investissements à long terme.
Meta ne s'attendait pas à des retours sur investissement à court terme, mais ce qui est inquiétant pour l'entreprise, c'est que, jusqu'à présent, il y a très peu de preuves que cet énorme pari fonctionne.
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Les utilisateurs peuvent accéder à différents environnements (cafés, clubs de comédie, boîtes de nuit, terrains de basket) pour se retrouver et jouer.
Meta revendique 300 000 utilisateurs mensuels, ce qui est peu comparé aux milliards d'utilisateurs de Facebook et d'Instagram.
Et à certains moments, beaucoup moins de personnes s'adonnent réellement au jeu.
Les utilisateurs se plaignent des mondes vides et disent qu'il n'y a tout simplement pas assez de monde pour que le jeu soit amusant. Ou, s'il y a des gens, ce sont généralement des enfants.
Mais la plus grande critique est que l'aspect du jeu est plutôt médiocre, proche des graphismes de la Nintendo Wii en 2006 plutôt que de l'expérience de réalité virtuelle luxueuse promise par Zuckerberg.
Casques Quest
En ce qui concerne les casques de réalité virtuelle de Meta, il est difficile de voir comment la technologie actuelle se rapproche de la vision exprimée par le patron de l'entreprise.Meta a vendu plus de 20 millions d'unités, selon un article de Verge datant du début de l'année. Ce n'est pas mal, et ses casques Quest 2 ont reçu des critiques positives.
Mais en termes de chiffres, il y a beaucoup de consoles de jeux vidéo qui ont fait mieux.
Sony affirme que sa PlayStation 5 s'est vendue à 40 millions d'exemplaires, par exemple.
N'oublions pas que Mark Zuckerberg n'assimile pas le succès à une console de jeu : il veut révolutionner la façon dont nous vivons, travaillons et, comme il le dirait, "nous connectons".
Pour parler franchement, la réalité virtuelle est encore marginale. Ce n'est pas la façon dont la plupart des gens jouent, et ce n'est certainement pas la façon dont la plupart des gens choisissent de passer leur temps. La vie réelle reste obstinément attrayante.
En juillet, lors d'une conversation téléphonique avec des investisseurs, quelqu'un a demandé à Zuckerberg pourquoi il avait dépensé tout cet argent. "Aidez-nous à comprendre", lui a-t-on demandé.
Zuckerberg a répondu qu'il comprenait la frustration et a admis : "Je ne peux pas vous garantir que je vais réussir ce pari..."
Zuckerberg pourrait tenter de redonner vie à un concept qui a désespérément besoin d'oxygène.
Nous en saurons probablement plus sur le nouveau casque de Meta, le Quest 3, et sur l'évolution d'Horizon Worlds vers les appareils mobiles et de bureau (pour que vous n'ayez pas à porter un casque pour jouer).
Nous entendrons également diverses annonces concernant l'IA.
Il ne fait aucun doute que nous entendrons à nouveau que le métavers est un projet à long terme et que nous n'avons pas encore vu le véritable métavers.
Zuckerberg y croit certainement encore, comme il l'exprime à travers le chéquier de Meta. En juillet, il a déclaré que Reality Labs devrait enregistrer des pertes encore plus importantes l'année prochaine.
Le métavers est donc toujours bien vivant chez Meta, mais la plupart des autres acteurs du monde de la technologie semblent avoir tourné la page.