Actualités Régionales of Tuesday, 9 June 2015

Source: Mutations

Près de deux milliards détournés dans l’Adamaoua sur le projet foret

Le vendredi 30 mai 2015, a marqué le début de la campagne de reboisement 2015 dans la région de l’Adamaoua, avec à la clé la signature de sept conventions par les partenaires dudit projet, qui sont entre autres, les maires, les lamibé et quelques groupements paysans.

Pour cette phase de la campagne dénommée Projet sectoriel forêt environnement (Psfe), la somme de 22 millions a été octroyée aux acteurs bénéficiaires dans le but de réaliser le projet dans deux secteurs clés, notamment la plantation de 29 000 arbres sur un espace de 47,5 ha et 10 000 plantes, pour l’entretien sur une superficie de 22,12 ha.

Lors de la cérémonie qui a marqué la signature de ces différentes conventions, les membres de la société civile n’ont pas hésité à attirer l’attention du public sur l’objectif essentiel même du projet. D’après le discours prononcé par un des représentants de la société civile, le Psfe est devenu un business juteux pour une poignée d’individus au détriment des populations.

Cinq années après le lancement du Psfe, la région de l’Adamaoua n’a connu aucune avancée en matière de reboisement. D’ailleurs le gouverneur de la région de l’Adamaoua a reconnu les faits lors de cette cérémonie de signature de convention.

«Une mise en demeure leur devrait être servie par le ministre des Forêts et de la Faune, ensuite, il y aura des poursuites judiciaires, certains pourraient aller en prison pour détournement», a martelé, Abakar Ahmat. Au niveau des responsables de ce projet, on essaye tant bien que mal d’expliquer la situation.

«Nous sommes dans une zone qu’on appelle savane humide qui n’est pas facile de gérer en terme de plantation, par les bénéficiaires, c’est tout à fait normal qu’on enregistre de tels résultats», justifie Serges Benjamin Epapé, chef d’antenne Anafor Adamaoua.

Poursuites judicaires

Bientôt cinq ans que la région de l’Adamaoua bénéficie sur le plan local, des ressources substantielles relatives au projet sectoriel forêt et environnement. Selon les chiffres évalués, environ trois milliards ont été octroyés dans ce secteur par l’Etat camerounais.

Après avoir effectué une évaluation des résultats de l’action Psfe sur les plans environnemental et socioéconomique dans la région, les associations de la société civile indiquent dans un document la répartition des différents fonds et leur réalisation «soit 474 millions en 2010, 347 millions en 2011, 425 millions en 2012, 996 millions en 2013 et 800 millions en 2014».

Des sommes destinées entre autres à la conservation de la biodiversité et la valorisation des ressources fauniques, la gestion communautaire des ressources forestières et fauniques et enfin le renforcement institutionnel. «Ces activités supposées connues de tout le public, sont peu diffusées auprès des communautés à la base et c’est ce qui crée un climat délétère entre les acteurs regroupés autour de ce programme», estime M. Fopa Tsassé de la société civile.

D’après une source proche du dossier, en leur qualité de maîtres d’ouvrages, les ministères des Forêts et de la Faune et celui de l’Environnement supposés piloter stratégiquement la mise en œuvre du Psfe, n’arrivent pas à accorder leurs violons.

«Nous sommes écartés du Psfe. Le comité régional de suivi présidé par le gouverneur est une exclusivité de quelques membres seulement. Pendant les assises de grandes décisions, on n’associe pas l’environnement et même les organisations des associations civiles sensées figurer dans la politique de mise en œuvre», souffle un cadre de l’environnement.

On apprend que dans les jours à venir des poursuites judiciaires seront engagées à l’encontre des acteurs impliqués dans ce détournement.