Actualités of Wednesday, 7 March 2018

Source: journalducameroun.com

Présidentielle 2018: Akéré Muna parle du problème des expropriations

Akere Muna après des entretiens avec des femmes à Yaoundé, le 6 mars 2018 Akere Muna après des entretiens avec des femmes à Yaoundé, le 6 mars 2018

S’il est élu au terme de l’élection présidentielle qui devrait se tenir en octobre 2018, l’avocat Akere Muna compte s’attaquer au problème de l’expropriation au Cameroun. Promesse en a été faite mardi, à Yaoundé, au cours d’un échange avec des femmes et jeunes filles sélectionnées parmi les différentes couches sociales du pays.

L’air décontracté, comme le montre la chemise fleurie arborée pour la circonstance, Akere Muna a répondu aux questions qui lui étaient posées. Lesquelles avaient tout trait à quelques injustices sociales vécues au quotidien, notamment les défaillances de la gestion des procédures d’expropriation au Cameroun.

Pour Akere Muna, ce problème découle de la « mauvaise gouvernance » et de la « corruption » dans le pays. Il pense qu’il faut regarder ce phénomène et accorder la priorité à la protection des plus démunis.

« En cas d’expropriation, on établit d’abord qui peut exproprier, quelle est la procédure et comment on procède pour indemniser? Le problème est que dans un système qui a un problème de gouvernance et de corruption, on peut vouloir 10 hectares et on en prend 15 pour, par la suite, rétrocéder les cinq autres qui peuvent être achetés par d’autres personnes. Je peux convoiter votre terrain, le mettre dans une histoire d’expropriation et par la suite m’en accaparer. Il y a beaucoup d’histoires de ce genre à Kribi. Le tracé des routes, par exemple, répond à une impérative technique. Mais il est vrai que des gens, peuvent dévier la route pour qu’elle passe par leur terrain et qu’ils puissent toucher l’argent des indemnisations. On a vu ça lors du tracé du pipeline [Tchad-Cameroun, Ndlr]. On a vu des propriétés qui ont acquis des ententes d’expropriation. Donc notre problème actuel, c’est la corruption», a soutenu Me Akere Muna.

-Le problème est bien connu d’Akere Muna-

« Il y a quelques années, alors que je vivais encore dans la maison de mon défunt frère Daniel, les autorités ont lancé un projet de construction de la route. On a pris quelques mètres du terrain qui était au nom de mon frère. Et lorsqu’il a fallu indemniser, c’est mon nom à moi qui est sorti sur les listes et le montant qui m’était dû, ma foi, m’avait semblé exorbitant. J’ai toujours pensé que la personne qui était chargée des indemnisations avait dû se dire qu’il fallait qu’il fasse ainsi pour ne pas avoir de problèmes avec moi », a raconté Akere Muna devant son public féminin, avant d’insister sur la nécessité d’un changement.

-Construction des infrastructures et protection des autochtones-

Au Cameroun, les expropriations sont pratiquées pour des besoins d’exploitation des ressources minières, de construction des infrastructures… Les indemnités sont données en fonction de la taille de l’investissement trouvé sur la surface prise. Des griefs sont cependant nés des montants jugés trop souvent inférieurs.

De nombreuses villes camerounaises ont fortement subies l’impact du phénomène des expropriations. C’est le cas, entre autres, de Douala, Yaoundé, Bamenda, Bafoussam, où des cantons ont souvent été expropriés sous la montée de l’urbanisation.

La solution proposée par Akere Muna : «Il faudrait qu’on s’attaque à ce problème des autochtones qui subissent une pression qui est le fait du statut de leur ville. Comment ils enterrent leurs morts ? Quelle superficie de leurs terres reste encore aujourd’hui et comment les protéger ? Il faut une politique qui favorise véritablement la protection des terres des peuples. Moi, si je trouve que dans tel canton il y a encore des terres, je vais fournir des financements pour que les populations les exploitent et, comme ça, une partie des revenus sera utilisée pour rembourser ces financements et l’autre pour des projets de développement. A la longue, elles deviennent des propriétaires, on développe plus la notion de copropriété, ce qui permet que ces cantons aient des moyens de subsistance et qu’ils soient protégés. Aujourd’hui, on attise plutôt les conflits dans les familles. Résultat, les familles sont divisées et c’est la communauté qui s’en trouve fragilisée », souligne Akere Muna.

Mardi, Akere Muna a également discuté de questions relatives à l’éducation et à l’entrepreneuriat des femmes camerounaises, entre autres. Le candidat porté par la coalition de quatre partis politiques – l’Alliance des forces progressistes (AFP), le Front populaire pour le développement (FPD), le Parti national des patriotes camerounais (PNPC) et le Parti socialiste démocratique uni (PSDU) – prépare une tournée dans la région du Sud-Ouest. Elle devrait avoir lieu dans les prochains jours.