Politique of Wednesday, 17 January 2018

Source: http://www.cameroon-info.net/

Présidentielle 2018: Stéphane Akoa donne un sage conseil à l’opposition

il faut sqvoir faire taire les égos il faut sqvoir faire taire les égos

Politologue et chercheur à la Fondation Paul Ango Ela, il commente la dernière actualité politique liée à la mise sur pied d’une plateforme devant soutenir la candidature de Maitre Akere Muna à la prochaine élection présidentielle. Il a été interrogé dans la Matinale de Radio Equinoxe

Ces derniers jours, on a assisté à un jeu de coalition entre des forces politiques. Mais la question qu’on se pose mais un peu brutalement quand même est que s’agit-il d’une force ou d’une farce ?

Il faut d’abord considérer qu’en année électorale, le principe selon lequel l’union fait la force prévaut et donc, il est normal que des formations politiques de la catégorie dite de l’opposition essaient de s’associer, de réunir leurs forces, tomber leurs faiblesses pour créer une plateforme, coalition ou alliance c'est-à-dire à la fois une association et donc une réunion à la fois d’effectif et des figures notables mais également la possibilité de coordonner une stratégie qui pourrait à la fois un candidat unique à l’élection présidentielle mais éventuellement collaborer pour les autres élections que sont évidemment les législatives et les municipales. C’est une pratique tactique ordinaire qu’on retrouve fréquemment en année électorale, ensuite, la question est de savoir si les uns et les autres au sein de ces plateformes, coalitions, associations et autres, auront des énergies nécessaires, surtout la discipline indispensable pour des mois durant collaborer à l’élaboration d’un projet et travailler à la réussite de ce projet. C’est une série d’élections majeures qui nous attend : l’élection présidentielle et le couple élection municipale et législative sont attendus pour la fin de l’année. C’est loin, c’est encore un long chemin, ça peut être un chemin semé d’embuches.

Quelles sont les clés pour réussir une coalition qui puisse peser, qui puisse être efficace ?

La première des conditions qui est la plus difficile à réunir en réalité, c’est de savoir faire taire ses égos. Ceux qui ont créé des partis politiques ou des mouvements ont la certitude qu’ils sont les meilleurs et s’associer c’est reconnaitre ou être capable d’admettre qu’on est meilleur certes mais avec d’autres qui sont aussi bons que soi et donc, qu’on est capable de s’entendre y compris sur la seule personne qui doit être la figure de prou du mouvement, alliance, plateforme ou que sais-je encore. C’est là où il est souvent arrivé que très souvent ces projets échouent. Les autres conditions à réunir sont d’ordre pratique ou tactique, c'est-à-dire la capacité à élaborer un programme, de s’entendre sur des lignes forces et d’être capables de les défendre et bien sûr des questions stratégiques : comment on aborde le champs médiatique, sous quelle forme on communique avec la population camerounaise, comment on propose son projet, quel est le calendrier, l’agenda que l’on se réserve, évidemment aussi, bien sûr c’est de savoir rester unis quand les coups viendront d’ailleurs, c’est une évidence, de l’opposition elle-même et des autres formations qui ne sont pas encore dans la plateforme ; les coups viendront, les attaques viendront également bien évidemment de la majorité présidentielle. Et quand les coups vont commencer à pleuvoir, savoir tous ensemble au sein de cette formation sortir le même parapluie pour se protéger, rester solidaire et savoir répondre, riposter en ordre de marche et pas de désunir à ce moment là.

Sur la méthode en vue de mettre en place une alliance, beaucoup ont émis l’idée d’une primaire ouverte. Qu’est ce que vous en dites ?

D’abord, on a parlé de plateforme, alliance ou coalition comme si c’était des synonymes. Considérons que la plateforme est plus ouverte qu’une coalition ou une alliance, alliance et coalition étant liées à un pacte, un engagement formel et qui éventuellement sera un pacte électoral, ce qui va donc se faire pendant la campagne ou un pacte de gouvernement : si nous avons le pouvoir, voila comment nous allons nous organiser pour gérer le pays. Pour le moment, considérons la forme la plus large qu’est la plateforme, en attendant de savoir si les uns et les autres veulent s’engager plus et être en mesure de solidariser leurs efforts et de manière plus formelle. Maintenant c’est une manière, quand on se réunit de diminuer le nombre de candidats potentiels dans l’espace de l’opposition et c’est une primaire quelque part… En s’associant, on fait déjà disparaitre un certain nombre de candidatures qui, éparpillées pourraient créer des situations que l’on connait avec une vingtaine ou une trentaine de candidats à l’élection présidentielle ; un émiettement donc des voix et la possibilité pour monsieur Biya de rester toujours président. Ensuite, il y a des partis majeurs, pour l’instant, vous l’avez bien remarqué, ceux qui se sont joints à monsieur Muna ne représentent pas les formations les plus importantes dans le champ politique camerounais même si l’AFP n’est pas un parti à négliger. Il reste encore deux mastodontes que sont le MRC et le SDF. A savoir si finalement, au bout du compte, ces formations rejoindront cette plateforme et décideront d’une candidature unique, cela peut être une stratégie que de faire des primaires au sens de demander aux électeurs préalablement par un vote anticipé de savoir lequel de ces candidats de l’opposition l’opinion préférerait voir affronter monsieur Biya. Mais on n’est pas encore ici, c’est un environnement juridique qui entrave encore cette possibilité, on n’est pas encore dans l’organisation au niveau du code électoral et la possibilité dans l’espace politique, peut-être de rassembler des camerounais et leur demander de voter en dehors des élections que le gouvernement ou l’exécutif décide. Peut-être par cette stratégie d’agrégation, l’opposition entend, en se rassemblant faire en sorte qu’une sorte de primaire à leur manière se joue et on verra si le mouvement va continuer ou s’ils s’agitent parce que nombreuses tentatives de plateformes ont été élaborées par le passé, s’il s’agit tout simplement d’un tour de manège pour rien ou d’un vrai projet qui doit durer jusqu’à la fin de cette année.