Pointé du doigt comme le principal responsable de l’enlisement de la crise dans les régions anglophones où les forces de défense et de sécurité continuent de tomber sous les balles des sécessionnistes, le chef de l’Etat, obsédé et aveuglé par le trône, use de petites promesses pour rassurer le bétail électoral qu’il espère encore plus nombreux l’an prochain aux urnes.
Il a 84 ans dont 35 passés à la tête du Cameroun. L’opposition dont il reçoit les volées de bois vert tout le temps, estime qu’il et vieux et qu’après avoir régné sans partage sur le Cameroun depuis 1982, sans qu’on ne voie de fin, il est temps de passer la main. Mais Paul Biya est invité par ses partisans depuis plusieurs mois à briguer un autre mandant en 2018, bien que jusque-là, il n’ait encore rien dit sur ses intentions politiques.
Connaissant sa froideur de sphinx qui cache mal sa boulimie du pouvoir, le président de la République veut conserver son trône ad vitam aeternam. En dirigeant espiègle et en fin baroudeur, l’homme-Lion qui fait feu de tout bois pour maintenir un équilibre institutionnel précaire qui effraie et paralyse tout le monde, lance subtilement les sirènes qui annoncent sa campagne. Des petites promesses ou des grandes annonces pompeuses et fumantes pour la plupart, sont là pour convaincre les plus sceptiques.
Des ordinateurs chinois pour consoler la jeunesse
N’a-t-il pas attendu que la récente pénurie du vaccin contre la tuberculose observée dans les formations sanitaires du Cameroun atteigne son pic pour débarquer en super médecin à travers le déblocage de la somme d’un milliard de FCFA, « pour l’achat des vaccins traditionnels, en particulier celui du Bcg », dont l’absence avait été relevée dans les médias il y a quelques jours ?
Une décision saluée avec faste et ramdam médiatique par le ministre de la Santé publique et ses « choristes » pour démontrer le caractère humain et très paternel de l’homme du Renouveau. A la jeunesse à qui il refuse de confier les clés du pouvoir au profit d’un système gérontocrate, il fait secouer sa hotte de promesses.
C’est le cas avec les 500 000 ordinateurs promis en 2016. Au lieu de décembre, comme annoncé en juillet dernier, la remise du premier lot est finalement fixée au mois de novembre 2017. Jacques Fame Ndongo, le ministre de l’Enseignement supérieur, a récemment indiqué que ce premier lot d’ordinateurs est composé de 80 000 laptops fabriqués par la société chinoise Sichuan Telecom Construction and Engineering Co. Ltd.
La bonne nouvelle du bienfaiteur, c’est qu’en dehors des étudiants de l’année académique 2016-2017 initialement concernés, ceux de l’année 2017-2018, seront désormais comptés parmi les bénéficiaires. Une promesse inscrite dans le cadre du « Plan spécial jeunes » prescrit par le président de la République qui se dit décidé de mettre en œuvre le projet «un étudiant un ordinateur », en accordant gratuitement un ordinateur portable à chaque étudiant inscrit dans une institution universitaire publique ou privée du Cameroun. Floqué des initiales du Nnomgui, ces appareils restent attendus.
La ruée vers la Fonction publique
Dans sa volonté de montrer à ses potentiels électeurs qu’il sait voler au secours de la jeunesse en luttant contre le chômage, Biya a instruit en juin dernier, le ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative, de procéder au recrutement de 1000 jeunes diplômés bilingue de l’enseignement supérieur. Un acte que les caciques du Rdpc ont qualifié d’ « exceptionnel » parce que répondant au double souci d’offrir aux apprenants des enseignants qualifiés bien formés dans nos universités et grandes écoles, mais aussi et surtout, améliorer les chiffres liés à l’emploi jeunes au Cameroun.
Cette prétendue manne avait la particularité qu’elle ne soumettait pas les éventuels candidats à un concours, mais que ce recrutement spécial de 1000 enseignants bilingues s’est fait « sur étude des dossiers » et concernait 24 filières techniques et 10 filières scientifiques, parmi lesquelles les plus connues comme la plomberie, les installations sanitaires, génie civil, la géométrie, l’électronique, l’électrotechnique, la maintenance des équipements hospitaliers, la maintenance médico-sanitaire, la topographie, les métaux, la mécanique, la mécanique automobile, les physiques, les mathématiques, l’informatique, la chimie, les sciences naturelles, Svt, la technologie et bien d’autres filières relevant de la technique et des sciences naturelles et appliquées.
Can 2019, la Coupe du roi
En sport, Paul Biya joue son avenir au trône sur la pelouse des préparatifs de la Coupe d’Afrique des nations (Can) 2019 que le Cameroun abrite dans moins de deux ans. Le message du chef de l’Etat sur les différents espaces publicitaires du pays dans lequel il prend l’engagement que « le Cameroun sera prêt le jour dit » pour l’organisation de cette prestigieuse compétition n’est-il pas considéré par la classe politique du pays comme « une campagne avant la campagne », en prélude à l’élection présidentielle prévue en 2018 ?
En témoigne le complexe sportif d’Olembé qui comprendra entre autres infrastructures, le stade Paul Biya où sera domiciliée la première Poule de cette Can. Dans la gendarmerie, ce sont environ 2200 nouveaux agents (dont 270 élèves sous-officiers, 30 sous-officiers de gendarmerie option santé militaire et 1900 élèves gendarmes) qui vont être recrutés à travers un vaste concours lancé récemment par le ministre délégué à la présidence chargé de la défense.
Plus loin dans l’énergie, ce sont 1500 nouveaux emplois qui sont annoncés sur les 5 prochaines années avec le partenariat signé le 22 juin dernier par le ministre des Enseignements secondaires (Minesec) et la société Natchigal hydro power company (Nhpc).
L’Extrême Nord meurt de soif
Dans la foulée, Paul Biya se prépare à réchauffer sa promesse faite en 2011 à l’orée de la campagne pour les Présidentielles lorsqu’il annonçait tambour battant, qu’un programme spécial de réhabilitation et de construction de forages d’eau potable en zone rurale est prévu, afin d’améliorer l’accès des populations des trois régions septentrionales (Adamaoua, Nord, Extrême-Nord) à l’eau potable et ainsi mieux combattre les épidémies de choléra et autres maladies hydriques.
A 12 mois de la fin du mandat présidentiel en cours, les populations continuent d’attendre le début de la matérialisation de cette promesse électorale. Pourtant, en début d’année 2016, le ministre de l’Eau et de l’Energie (Minee), Basile Atangana Kouna avait tenu à rassurer les populations sur la réalisation de ce projet dont la livraison était prévue en 2017. Un an après, c’est le statuquo.