Actualités of Wednesday, 25 July 2018

Source: Signatures N°0094

Présidentielle 2018: et si Paul Biya décide lui-même de perdre...

Paul Biya candidat déclaré à la présidentielle d'octobre Paul Biya candidat déclaré à la présidentielle d'octobre

Les administrations, le parlement, les chefs traditionnels, les élus, les partis politiques, la société civile… sont tous aux ordres. Paul Biya va encore triompher à l’élection du 07 octobre prochain ; sauf si par extra- ordinaire et pour des raisons personnelles, il décidait lui-même de perdre. Et encore !

Les appels à candidature qui ont fait florès ces derniers temps au Cameroun, se sont éteints avec l’annonce le 13 juillet de la can- didature du président sortant. Les appelants d’hier ont d’ailleurs salué cette annonce ; les chefs des partis alliés leur ont emboîté le pas, promettant leur soutien au champion du Rdpc d’ores et déjà sûr de remporter la prochaine consultation. Il fédère pour cela plusieurs strates de la société, des acteurs électoraux aux différentes autorités qui lui doivent leurs positions actuelles ; mais aussi les divers et nombreux postulants aux faveurs présidentielles futures.

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Acteurs électoraux aux ordres…
Il y a le premier acteur direct du processus électoral qui est Elections Cameroon (Elecam) et dont les principaux responsa- bles, y compris ceux du Conseil électoral, doivent leurs statures actuelles au pouvoir en place. Les dirigeants des structures cen- trales et déconcentrées du Ministère de l’Administration Territoriale (Minat) sont d’ailleurs dans la même situation vis-à vis du pouvoir actuel ; et cela implique pour Elecam et le Minat, une allégeance de tous les instants, exacerbée par l’espoir de conserver postes et avantages et pourquoi pas, accéder à des fonctions plus importantes au prochain mandat.

Tous les autres acteurs dans les élections tiennent aussi à pérenniser leurs positions avantageuses. Les forces de maintien de l’ordre en général veulent conserver leurs privilèges et ont tout intérêt à préférer les réalités du pouvoir actuel à la splendeur espérée ou supposée d’un président inconnu élu le 07 octobre prochain.

Et que dire du parlement entièrement acquis au pouvoir ? Trente des cent mem- bres du Sénat ont été nommés le 12 avril dernier par le président candidat, et le reste des sénateurs est dans sa grande majorité issu des rangs du parti au pouvoir, le Rdpc. Quant à l’Assemblée nationale dont le mandat a été prorogé, elle est elle aussi contrôlée par le Rdpc.

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Et pour continuer de domi- ner des mains et de la tête le jeu politique camerounais, le parlement, les présidents des deux Chambres nommés par le président de la République en tête, restera coûte que coûte derrière le président sortant. Enfin, les partis politiques alliés se sont mis à saliver rien qu’à l’annonce de la candidature de Paul Biya, certains que cela leur pro- curerait une place à table dès la certaine et prochaine victoire. Mais il n’y a pas que les partis alliés, il y a ceux qui espèrent un rapprochement qui leur permettrait à leur tour de profiter d’un petit pan de pouvoir et des prébendes qui vont avec ; et c’est mainte- nant l’occasion de se montrer disponible jusqu’à la servilité, pour pouvoir attirer l’attention du prince.

La société civile aussi…
Plusieurs appels en faveur de la candidature de Paul Biya ont émané des corporations et des associations ; des élites des administra- tions publiques, du secteur privé et des pro- fessions libérales. Et personne ne peut dou- ter de la sincérité de ces appels et de la détermination des appelants à assurer la victoire finale à leur candidat. Et les chefs traditionnels ont uni leurs voies au concert des supplications ; ceux des deux régions anglophones en particulier ont justifié leur appel par leur conviction


que seul le président actuel peut trouver une issue paisible et définitive aux pro- blèmes actuels du pays en butte à des velléi- tés sécessionnistes. C’est certain tous vont sans aucun doute en plus de donner l’onction ancestrale au candidat président, s’atteler à convaincre, s’ils ne l’ont déjà fait, leurs administrés du bien-fondé d’élire une fois encore le chef d’Etat actuel.
La diaspora qui participe à l’élection depuis 2012 s’est aussi exprimée an faveur du candidat président et c’est peut-être par pudeur que certaines autorités notamment religieuses se sont jusque-là abstenues ; mais tout le monde sait où se trouve le beurre…

En définitive Paul Biya dispose d’un socle électoral solide, presque inébranlable. Cela lui garantit une victoire sans faille le 07 octobre prochain. Sa seule possibilité de perdre ne pourrait venir que de lui-même. Dans sa quête d’éternité, il pourrait fort bien décider de perdre.
Et même là ses supporters sont encore capables de lui imposer la victoire.
Même à son corps défendant !