C’est l’objectif recherché par Enow Abrams Egbe et les siens au cours de la 2ème édition de la Plateforme nationale de concertation permanente avec les autres acteurs du processus électoral le 26 novembre 2024 à Yaoundé
« Le dialogue électoral pacifique comme pilier de la gouvernance démocratique » , était le thème assez évocateur de ces assises entre les institutions électorales, les partis politiques, la société civile et les médias. Cette thématique traduit en réalité, selon les propos du président du Conseil électoral, Enow Abrams Egbe, « la nécessité d’un appel à l’engagement républicain des parties prenantes au processus électoral afin de préserver la paix et la cohésion sociale » . C’était un moment pour les différents acteurs du processus électoral de conjuguer les efforts pour le renforcement de la crédibilité et de la transparence électorale. « La plateforme de concertation, s’il en était encore besoin, vise essentiellement l’action préventive, à travers l’anticipation et la réduction à néant d’éventuelles menaces à l’intégrité, à l’inclusivité, à la transparence et à la crédibilité des processus électoraux dans notre pays » , a proclamé dans ce sens le patron d’Elecam avant de souligner que le résultat visé est principalement axé vers un consensus sur les actions concrètes qu’il faut mener ensemble, « à l’effet de minimiser les risques électoraux et de promouvoir les initiatives favorables à un renforcement des capacités des parties prenantes. » Par ailleurs, il a relevé que certaines barrières freinent encore la pleine participation des femmes, des jeunes, des personnes handicapées, des minorités, des peuples autochtones et des groupes marginalisés dans le processus électoral. De ce fait, l’absence de consensus entre les acteurs politiques et l’insuffisance d’éducation électorale des citoyens sur leurs droits, devoirs et responsabilités civiques, « constituent autant de facteurs qui méritent de notre part une attention particulière. » Ces différents efforts, toujours selon lui, pourront garantir un environnement apaisé pour des élections crédibles et transparentes. Quant au directeur général (Dg) des élections, Erik Essousse, s’inscrivant dans la même logique de concertation et d’apaisement, il va confier que dans le cadre de la révision des listes 2024, il a rencontré des difficultés. « Nous avons fait face à des difficultés liées aux kits d’inscription, dont certaines pannes ont parfois eu des répercussions sur le déroulement des inscriptions. En termes de conséquences, il nous a été donné de constater dans le cadre du traitement du fichier électoral que certains citoyens régulièrement inscrits avaient des problèmes d’empreintes, après analyse approfondie de cette situation, tous ces électeurs ont été pris en compte et figureront sur la liste définitive le 30 décembre 2024 » , a-t-il lancé à l’endroit de tous les partis politiques de l’opposition qui accusent Elecam d’avoir manœuvré pour écarter près de 120.000 potentiels électeurs des listes électorales pour défaut d’empreinte digitale. Désormais, le mal est réparé. Il va sans dire que l’adresse du Dg des élections était un condensé des réponses aux préoccupations de certains acteurs du processus électoral. La production de la liste nationale selon l’article 80 du Code électoral ; le dépôt d’un Document portant sur la révision consensuelle du Code électoral par la Plateforme des 7 partis politiques et de la Société civile, sont des points sur lesquels les acteurs semblent désormais plus attentifs
De la nécessité d’un dialogue électoral
La Plateforme dont Tomaïno Ndam Njoya est le porte-parole est dans l’attente que le pouvoir exploite ce document à toutes fins utiles dans le sens de déposer un projet de loi portant révision du Code électoral avant le prochain cycle électoral. Cette question a largement été soulevée par les acteurs comme une menace réelle à la paix. Les inscriptions au sein de la diaspora, toujours selon le Dg des élections, va connaître un nouvel élan avec l’acquisition de nouveaux kits d’enrôlement prévue au début de 2025, entre autres. Bien plus, au risque de se répéter, il y a lieu de noter que cette rencontre au sommet, s’inscrivait dans la perspective du cycle électoral 2025-2026 pour permettre non seulement de convenir d’une feuille de route harmonisée mais aussi de sensibiliser et de renforcer les capacités des acteurs clés du processus électoral sur la nécessité d’un dialogue électoral pacifique permanent en vue des élections apaisées, crédibles et transparentes au Cameroun. A la fin de la rencontre, il y a eu des recommandations générales et des recommandations issues des ateliers. Les premières découlent de l’ensemble des exposés- présentations qui ont été faites. Ces recommandations concernent l’inclusion des couches vulnérables dans le processus électoral, les prochaines échéances électorales (les dispositions qu’il faudrait prendre afin que l’organisation, la préparation et un certain nombre de détails non moins importants liés à cette échéance soient pris en compte). S’agissant des travaux dans les quatre ateliers, l’atelier numéro 1 avec pour thème « l’élaboration d’une matrice de stratégies et les actions directes pour susciter l’engagement civique et la participation électorale des jeunes, des personnes handicapées, des minorités, des populations autochtones, les indigènes et autres » , les propositions qui ont découlé des travaux de ce groupe sont entre autres : les partis politiques devraient pleinement jouer leur rôle d’éducateur civique et citoyen aux fins de booster les opérations d’inscription sur les listes électorales ; rendre la circulation fluide le jour du vote ; informatiser le système électoral pour la délivrance instantanée des cartes d’électeurs ; intensifier la sensibilisation électorale à tous les niveaux ; dispenser les couches vulnérables du paiement de la caution en cas de candidature ou penser à un financement additionnel qui prendrait en compte lesdites couches .
Montée en puissance des discours de haine
Le groupe deux a planché en atelier sur « l’élaboration d’une cartographie des risques électoraux en ressortant le rôle précis de chaque acteur du processus électoral » . Ce risque s’est évalué en trois étapes : avant, pendant et après les élections. Avant et pendant les élections, il y a la non appropriation des dispositions du Code électoral par tous les acteurs du processus électoral qui constitue un risque majeur ; la non fiabilité du fichier électoral ; les risques sécuritaires tout au long du processus ; la non prise en compte de l’approche genre ; les défis liés à la logistique ; la non ouverture des bureaux de votes à l’heure réglementaire ; l’absence ou l’insuffisance des bulletins de vote de certains candidats, le manque ou la mauvaise formation des acteurs ; la mauvaise campagne électorale ; la non représentation de tous les acteurs dans les Commissions locales de vote ; le non-respect des droits humains. Après les élections, comme risques, on retient entre autres : la désinformation avec le phénomène des fake news ; la montée en puissance des discours de haine et le des violences ; la non implication des partis politiques ou des candidats en compétition ; le mauvais décompte des voix ; le non-respect des droits humains. Le groupe N°3 a planché sur « la conception d’un recueil de besoins prioritaires pouvant renforcer les capacités à court terme des acteurs et des agents électoraux » . Il est recommandé d’organiser des ateliers pour renforcer les capacités des agents électoraux ; d’augmenter le budget d’Elecam ; de vulgariser le Code électoral et le processus électoral auprès des acteurs électoraux ; de dynamiser la publicité sur le processus électoral. Le quatrième atelier a travaillé sur « la proposition d’un document contenant les mécanismes d’alerte précoce pour prévenir la désinformation, les fake news, les discours de haine, la violence basée sur le genre » . On a proposé ici entre autres, rendre l’information accessible à tous ; mettre en place un mécanisme de fact checking, inscrire tous les acteurs dans une plateforme digitale ; mettre sur pied une cellule de veille pour traquer les fake news ; mettre sur pied un guide d’électeur bilingue ; inscrire tous les acteurs sur une plateforme digitale ; associer les radios communautaires ; rendre l’information disponible et accessible pour les personnes vivant avec un handicap ; mettre en place un pool de journalistes pour la vérification des informations avant leur diffusion sur la plateforme ; sensibiliser les médias en vue de mettre sur pied les micros programme de diffusion des valeurs patriotiques aux jeunes ; veiller à la formation de tous les acteurs. Il s’agit là d’une kyrielle de bonnes intentions qui exigent de dépasser les différentes chapelles pour œuvrer au nom de la paix nationale.