En plus d’avoir présidé dimanche dernier un conseil de défense, le chef de l’Etat a dépêché dans les régions concernées, Peter Mafany Musongè.
Au terme de la réunion extraordinairedu conseil de défense très restreint de dimanche dernier dans sa résidence de Mvomeka'a, le président de la ré- publique et ses collaborateurs ont arrêté des mesures d'apaisement. Mais aussi coercitives. Ainsi, pour prendre à défaut ceux qui établis hors du Cameroun, veulent tirer les marions du feu, le président Paul Biya a redit sa détermination à rétablir l’ordre et l’autorité de l’Etat dans le Nord-ouest et au Sud-ouest. Dans cette op- tique, le chef de l’Etat envisage rapidement de rassurer les populations. Il est ainsi préconisé une aide non chif- frée, en faveur des populations meurtries. Un texte interdisant aux forces de défense et de sécurité de se faire justice et de filmer les arrestations et autres opérations de terrain, est en cours de signature.
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A la suite des attaques et allégations de certaines Ong internationales et certaines puissances, le chef de l’Etat a prescrit des sanctions sévères contre ceux des éléments des forces de sécurité surpris en train de commettre des exactions. Dans le même ordre d’idées des mesures d’apaise- ment et de sortie de crise, la République attend du leader autoproclamé de l’Ambazonie, Sisiku Ayuk Tabe de demander aux populations armées de déposer les armes et de revenir sur la table des négociations. Les autorités camerounaises disent leurs bonnes dispositions à rencontrer le président autoproclamé de l'Ambazonie. Contre la bonne foi, des bandes armées écument et menacent la paix dans les deux régions concernées par ce conflit, le chef de l’Etat n’exclut pas la possibilité de libérer tous les prisonniers en vue d'une amnistie pour aller vers la paix.
Sortie définitive de crise
La main tendue du président est la preuve que le pouvoir central camerounais est loin de faire partie du problème. Au contraire, il travaille à la sortie définitive de cette crise qui dure déjà trop longtemps au goût du chef de l’exécutif camerounais. Une suite don- née donc aux différents appels au dialogue. Pour le président camerounais, ceux qui refuseront cette perche tendue, s'inscriront aux antipodes de la paix. Au lendemain de cette réunion hautement stratégique, le président de la Com- mission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme (Cnpbm) du Cameroun, Peter Mafany Musongue a résumé, mardi 05 juin 2018, les principales recommandations de la communauté anglophone en vue de la sortie de la crise qui, depuis octobre 2016 et sur fond de menaces sécessionnistes, secoue les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest.
Revenant d’une mission d’écoute, effectuée du 30 mai au 1er juin dans le chaudron du Nord-ouest à Bamenda, il a égrené dans un communiqué dont Essingan a obtenu une copie un chapelet de griefs et doléances à l’endroit du gouvernement. Selon le texte, la communauté anglophone souhaite notamment la création de conditions favorables au retour des réfugiés internes dans leurs localités respectives, l’ouverture d’un débat sur les problèmes relatifs à l’institution du fédéralisme, la recherche urgente de solutions aux problèmes de fond posés par les protestataires, l’initiation d’un dialogue franc, sincère et inclusif avec les Anglophones, y compris ceux de la diaspora en vue de solutions durables.
Loi sur le terrorisme
Les interlocuteurs de l’ex-Premier ministre ont demandé aux pouvoirs publics «de se pencher sur la gestion des enseignants, qui sont coincés entre leur hiérarchie et les groupes armés», d’accélérer la réalisation des infrastructures dans la zone, l’abrogation de la loi sur le terrorisme, l’amnistie générale en faveur des personnes emprisonnées ou en exil du fait de la crise, de ra- mener au pays ceux qui vivent en clandestinité, de même que les réfugiés se trouvant au Nigeria, de permettre l’instauration de la double nationalité. Dans le même ordre d’idées, les sociétés et établissements publics doivent mener leurs activités dans les deux langues officielles que sont l’anglais et le français, en même qu’il faut «revoir la manière de présenter l’histoire du Cameroun» et
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Dans le compte rendu qu’il fait de ses échanges à Bamenda, Peter Mafany Musongue ne cache pas un réel malaise ainsi qu’une profonde frustration de ses interlocuteurs du fait, entre autres, du sentiment d’être mal aimés des franco- phones, de leur marginalisation dans la marche des affaires de l’État, de l’absence d’égalité des chances dans l’accès aux emplois publics, de l’absence d’infrastructures et d’industries dans le Nord- ouest et le Sud-ouest. Les anglophones se plaignent aussi du chômage des jeunes diplômés, de la corruption, du tribalisme et du népotisme, ou encore des exactions subies de la part de groupes armés non identifiés, ou encore de «l’arrogance dans la gestion de la crise» par le gouvernement. Créée le 23 janvier 2017 par décret présidentiel, la Cnpbm est un organe consultatif chargé d’œuvrer pour la pro- motion du bilinguisme et du multiculturalisme dans l’optique de maintenir la paix, consolider l’unité du pays, renforcer la volonté et la pratique quotidienne du vivre ensemble de ses populations.