À l'approche des élections de 2025, le climat politique au Cameroun s'intensifie. Un arrêté préfectoral controversé à Mfoundi exacerbe les tensions entre le pouvoir et l'opposition, ravivant les craintes d'une dérive autoritaire.

Le 16 juillet, Emmanuel Mariel Djikdent, préfet du Mfoundi, a émis un arrêté interdisant de séjour dans son département toute personne "outrageant dangereusement les institutions". Cette décision, prise après une réunion sécuritaire au sommet de l’État, a déclenché un tollé dans les rangs de l’opposition. Cabral Libii, député du Parti camerounais pour la réconciliation nationale, s'indigne : "C’est une atteinte flagrante à nos libertés fondamentales. Aucune loi ne donne ce pouvoir à un préfet, même en état d’urgence."

Cette mesure s'inscrit dans un contexte pré-électoral déjà tendu. Le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo, a récemment affirmé qu’il n’y aurait "aucune tolérance" pour les fauteurs de troubles, une position qui inquiète profondément l’opposition. "On sent une volonté de museler toute voix dissidente," analyse le politologue Jean-Marc Soboth. "C’est une stratégie dangereuse qui pourrait attiser les tensions plutôt que les apaiser."

Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et principal rival de Paul Biya lors de la présidentielle de 2018, semble particulièrement visé. Ses récentes déclarations sur les inscriptions électorales ont suscité la colère du gouvernement. Perçu comme une menace réelle, Kamto symbolise la montée en puissance de l’opposition face à un régime de plus en plus fébrile.