Actualités of Wednesday, 1 August 2018

Source: lavoixdukoat.com

Présidentielle: quelques irrégularités qui accablent Elecam et le gouvernement

La présidentielle se tiendra le 7 octobre 2018. La présidentielle se tiendra le 7 octobre 2018.

Déjà mis à mal sur des questions de légalité, Elecam est encore interpellé sur les dégâts causés par la crise anglophone et qui affectent considérablement le bon déroulement du vote. Une vrai patate chaude entre les mains de l’organe qui seule doit garantir la crédibilité du vote.

Organiser des élections fiables, crédibles et acceptées de tous est le grand défi qui attend Elections’ Cameroon le 07 octobre prochain. En fait, étant légalement l’organe en charge de ses élections, c’est à lui que viendra la responsabilité de gérer les insuffisances et tous les torts causés par la crise anglophone. Aux cours de sa réunion du comité exécutif tenue le 28 juillet à Bamenda, le Social Democratic Front demande par exemple à Elecam d’ « informer les Camerounais quand il est encore temps sur les solutions qu’il a prises pour résoudre le problème de vote des déplacés internes et des réfugiés. » Il faut dire que dans ce contexte de crise, l’organe que dirige Erik Essouse a en réalité des problèmes, et pas des moindres, étant appelé à gérer toutes les conséquences des dégâts causées jusqu’ici et qui affectent le bon déroulement du processus électoral.

En mal avec la loi

La complexité de la tâche des membres de Election’s Cameroun tient d’abord de leur légalité. D’après l’article 12 alinéa 7 du Code électoral camerounais, « les membres du Conseil électoral sont soumis à l’obligation de déclaration de leurs biens et avoirs. » Ce qui n’a jamais été le cas jusqu’ici ni du président du Conseil électoral, ni du Directeur général de l’organe. Les critiques sont dès lors fondés à dénoncer leur crédibilité, car non seulement leur neutralité et leur probité morale est mise en doute, mais aussi ils ne se sont jamais pliés à toutes les exigences de la loi. Parlant de la probité morale, l’on se souvient que l’ancien directeur Général de Elecam Abdoulaye Babalé a été suspendu par le Conseil Electoral en mai dernier, justement pour «gestion opaque et calamiteuse des ressources humaines et financières d’Elecam», entre autres. De même, d’après l’article 21 alinéa 2 du Code électoral, en cas de vacance du poste de Directeur Général ou de Directeur Général Adjoint des Elections, il est procédé au remplacement de ceux-ci selon la procédure décrite à l’alinéa 1 ci-dessus, pour la durée restante du mandat.

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En s’en tenant au respect strict de cette disposition, Erik Essouse nommé en remplacement d’Abdoulaye Babale, devait d’abord achever le mandat de son prédécesseur, quitte à être confirmé à son poste par la suite. Or Abdoulaye Babalé a été nommé en juillet 2015, et limogé en mai 2018, soit 3 ans après. Le mandat du directeur général d’Elecam étant de 5 ans, Erik Essouse devait être nommé pour terminer les deux ans restant de Babalé, mais il a été nommé pour 5 ans alors qu’il prenait un mandat en cours déjà entamé par un autre.

Les électeurs éparpillés

Au niveau de l’opérationnalité, la crise anglophone a jusqu’ici laissé des séquelles qui sont comme une patate chaude entre les mains d’Elecam, et c’est dessus que l’organe est interpellé par le Sdf. L’article 70 du Code électoral, alinéa 1, précise que «les listes électorales sont établies et tenues au niveau de chaque commune. Une liste électorale est également établie pour chaque bureau de vote. » Or à ce jour, près de 120 000 Camerounais, qui jadis habitaient les localités de NGog Etunja, Batibo, Ndop, Kumbo, Mamfé, pour ne citer que ces quelques-unes, ont abandonné leurs domiciles pour se retrouver sur les flancs littoral et ouest du pays pour les uns, et au Nigéria pour les autres. Parmi eux, beaucoup s’étaient inscrits sur des listes électorales.

Incapable de rentrer dans leurs localités aujourd’hui, encore que les édifices publics sont systématiquement mis à sac, ces déplacés sont désormais sans repère et ne peuvent voter, surtout que ce même code électoral stipule en son article 73 alinéa 1 que « Nul ne peut être inscrit sur plus d’une liste électorale ou plusieurs fois sur la même liste. » Et même si par extraordinaire l’on devrait invoquer l’article 72 alinéa 1 qui dit que « a liste électorale comprend tous les électeurs inscrits résidant dans la commune depuis au moins six (06) mois », pour permettre aux déplacés de s’inscrire sur une liste, l’on serait stoppé net par la disposition qui suspend les inscriptions dès la convocation du corps électoral.

Les gènes de la contestation postélectorale

En définitive, les déplacés internes et les exilés sont aujourd’hui exclus du vote. Et l’on peut aisément comprendre l’interpellation du Sdf pour savoir quel est le sort réservé à ces déplacés, car ils constituent sans nul doute un électorat à priori acquis à la cause de ce parti, dont l’influence est plus perceptible dans ces zones anglophones. L’une des missions de l’organe étant de créer des conditions favorables pour que tous les citoyens puissent voter, la tâche devient ardue pour lui. Il doit aujourd’hui gérer les conséquences de la crise anglophone dont il est lui-même victime, ayant vu ses locaux vandalisés dans ces zones. Lors des dernières élections sénatoriales, Elecam a été obligé de déplacer certains bureaux de votes dans ces régions, et de transporter par hélicoptères les conseillers municipaux pour les convoyer vers les centres de votes.

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Mais là c’était relativement facile, le collège électoral étant connu et localisé. Cette fois il s’agit d’une élection générale, et il serait fastidieux que les populations retournent par milliers dans leurs localités d’origine juste pour voter, ce qui ouvre des voies à des fortes contestations post électorales. Sur ce coup Elecam est aujourd’hui dos au mur, obligé de jouer les sapeurs-pompiers dans une crise dont les dégâts affectent décidément tous les aspects de la vie nationale, même comme on peut constater qu’il est obligé de se débrouiller pour replâtrer les blessures causées par les hésitations du gouvernement dans la gestion de la crise.