Pour l'instant, l'argent collecté provient des contributions volontaires -ainsi que l'avait suggéré le Premier ministre lors de l'annonce du 21 juin dernier y relative- qui voleraient au secours d'un Etat délinquant et déliquescent qui a les moyens de tuer ses propres citoyens et d'incendier leurs habitations –parfois par villages entiers- pour venir à bout d'une revendication corporatiste qu'il a fini, ce faisant, par transformer en guerre de sécession, mais qui a besoin de recourir à la générosité des "bonnes volontés", des élites et autres "partenaires du Cameroun" pour nettoyer ses vomissures.
Aux dires des responsables du Comité de pilotage du Plan d'Assistance Humanitaire d'Urgence (PAHU) le montant de l'aide financière ainsi grappillée auprès des "bonnes volontés" pour la réalisation du budget dudit Plan s'élève actuellement à 900 millions F.CFA !
Ce sont les élites des régions en crise (le Nord-ouest et le Sud-ouest), parmi lesquelles le Premier ministre –natif du Nord-ouest- himself, qui ont donné le ton de l'élan de générosité. Elles qui n'ont pas jusqu'ici levé le petit doigt pour protester contre les tueries et exactions de diverses natures auxquelles se sont livrées les forces gouvernementales dans leurs régions natales, et qui ont en revanche multiplié les motions de soutien au chef des armées, et dénoncé avec vigueur le terrorisme de leurs frères (égarés ?) « qui veulent diviser le Cameroun » avant même que les velléités séparatistes voient le jour et bien avant que des anglophones ne prennent l'option désespérée de recourir aux assauts meurtriers contre les éléments des forces de défense et de sécurité qu'ils considèrent comme les bras armés de leurs bourreaux, ont contribué pour 230 millions de Fcfa.
Ensuite, ce sont Leurs Générosités les élites "bonnesvolontaires" des régions du Sud (120 millions de Fcfa, dont 20 millions du seul Paul Biya, illustre PREMIERE ELITE –les majuscules sont de rigueur- du Cameroun, ELITE la plus en vue de la région du Sud dont il est l'illustre natif. On l'attend d'ailleurs pour les contributions de la région du Centre où il a -officiellement- sa résidence de fonction ; ainsi que pour celles des Suisses résidant au Cameroun, puisque des spécialistes de l'intoxication ont récemment publié une carte d'identité helvétique de l'homme qui préside aux destinées d'un pays où la double nationalité est formellement interdite), de l'Adamaoua (45 millions) et du Nord (22 millions, dont 2 millions par le très bavard ministre de la Communication, Issa Tchiroma, ennemi juré des "terroristes" anglophones) qui ont mis la main dans la poche.
Aux dernières nouvelles, la région du Littoral, géographiquement et sociologiquement -du fait de sa population éminemment cosmopolite- plus proche des régions affectées par la crise "socio-sécessionniste" a aussi mis la main à la pâte à hauteur de 229.437.500 francs CFA, évitant à peu de choses près d'être plus royaliste que le roi, sinon elle aurait pu profiter de son statut de région la plus riche économiquement pour pousser sa contribution jusqu'à 230 millions.
Il n'en est pas jusqu'à la France dont les soldats –selon de mauvaises langues- participeraient activement sur le terrain à la répression des "terroristes" anglophones (intoxications formellement démenties par le ministre de la défense camerounais) qui ne se soit prêtée ou engouffrée "bonnevolontairement" au jeu des contributions avec une… promesse ( !) de 500 millions d'euros à l'aide humanitaire au Cameroun d'ici 2022.
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Bon, c'est vrai qu'on ne sait pas s'il s'agit de l'aide seulement aux anglophones -parce que là, 500 millions d'euros, soit environ 328 milliards, ce serait beaucoup trop, rapporté aux modiques 12,7 milliards prévus par le gouvernement- ou à tout le Cameroun sinistrée par 36 ans de Biyaïsme et sur la voie de l'être davantage avec les sept années supplémentaires que les nombreux appels "patriotiques" à sa candidature sont en train de lui concocter. Toujours est-il que l'on a besoin de l'immédiat. Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras ! Non ?
Seulement voilà, on ne sait pas si c'est parce que Paul Biya a mis quelque maigres 20 millions dans la cagnotte, qu'il n'y en a plus que pour lui, ou bien si c'est parce que l'initiative gouvernementale relative au PAHU avait d'autres motivations qu'humanitaires que les responsables de sa gestion n'ont plus de cesse de ressasser son nom tels les crieurs du village : Paul Biya par-ci, chef de l'Etat par là. Paul Biya à gauche, à droite, en haut, en bas… C'est à croire que ces gens-là ont un plan sorcier contre le pauvre homme. Ce n'est pourtant pas le cas, car au fond, il s'agit de profiter du martyre des anglophones pour mieux vendre l'actuel et prochain président aux électeurs et à la communauté internationale si coutumière des ingérences dans les affaires d'un Etat souverain qui n'a pas à se faire dicter le départ du pouvoir de son président tacitement à vie.
Tenez !
Le 04 juin, le Comité Ad-hoc en charge du plan d'urgence en faveur des populations des Régions du Sud-Ouest et Nord-Ouest tient sa première réunion dans la salle des conférences du Ministère de l'administration territoriale pour annoncer que ses membres descendront sur le terrain dès la semaine prochaine, armés des 900 millions collectés pour réparer les dégâts causés par la guerre en Ambazonie qui a poussé des centaines de milliers de personnes à fuir leurs habitations (au moins 160.000 ont fui dans d'autres villes du Cameroun (personnes déplacées internes) et environ 60.000 se sont refugiés au Nigeria. Toute personne normale peut penser que c'est un exercice normal, mais pas le ministre de l'Administration territoriale et président dudit Comité, Paul Atanga Nji, pour qui la réunion se tient « sur haute instruction du Chef de l'Etat ».
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Il ne faisait d'ailleurs que rejouer le disque. Le 21 juin lors de l'annonce du fameux Plan d'Assistance Humanitaire d'Urgence –eh, oui !, l'assistance humanitaire d'urgence c'est le mieux que l'Etat du Cameroun puisse faire pour ses citoyens-, il avait constamment rebattu les oreilles des Camerounais de la sollicitude de son très magnanime président :
- « C'est une préoccupation constante de Monsieur le président de la République de s'occuper de ses concitoyens en détresse… »;
- « C'est conscient du fait que les ressortissants des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont victimes des activités terroristes qui ont fortement perturbé leur façon de vivre qu'il a décidé de venir en aide à ces populations qui vivent dans une situation de détresse »;
- « ... A ce jour, il y a de nombreuses personnes qui ont quitté leurs lieux de résidence pour se retrouver soit dans d'autres régions du Cameroun ou à l'extérieur. Le président de la République a demandé que le point de la situation soit fait. »;
- « Une fois que le rapport final lui a été transmis, il a décidé immédiatement du lancement de ce Plan d'urgence humanitaire en faveur de ces populations ».