En laissant planer la menace de son possible départ du pays, Globeleq, producteur indépendant d’électricité, a réussi à bousculer les autorités camerounaises et à relancer la question des arriérés de paiement d’Eneo. Cette stratégie de pression a une fois de plus porté ses fruits, révélant les faiblesses structurelles du secteur énergétique camerounais.
Tout a commencé il y a deux mois, lorsque Frédéric Didier Mvondo, patron de Globeleq Cameroun, a annoncé une réduction de la production des centrales thermiques de Kribi et Dibamba en raison d’arriérés de paiement d’Eneo, s’élevant à 137 milliards de F CFA. Cette situation a conduit à des tensions, avec Globeleq menaçant de quitter le pays, avant de démentir tout départ tout en insistant sur la nécessité de régler les dettes, désormais chiffrées à 147 milliards de F CFA.
Face à cette pression, les autorités camerounaises ont réagi rapidement. Un conseil d’administration d’urgence a été convoqué, aboutissant à un accord pour le remboursement partiel des dettes. Eneo s’est engagé à payer 50 milliards de F CFA, tandis que Globeleq a reçu immédiatement 8 milliards de F CFA. L’État a également accepté de reprendre à son compte certaines dettes de Globeleq, notamment 36 milliards de F CFA dus à la Société nationale d’hydrocarbures (SNH).
Cette approche musclée de Globeleq, qui contraste avec la modération d’Actis, actionnaire majoritaire d’Eneo, souligne les tensions récurrentes dans le secteur énergétique camerounais. L’entrée en activité du barrage hydroélectrique de Nachtigal ne semble pas menacer la position stratégique des centrales de Globeleq, essentielles pour l’alimentation en énergie de Douala et le développement des activités portuaires de Kribi. Cet épisode met en lumière les défis financiers persistants du secteur, marqué par des problèmes de liquidités et une dépendance critique envers Eneo.