A l'occasion de la journée internationale des droits de l'Homme, une trentaine d'organisations de la société civile vient de produire une déclaration dénommée « Action Civile 237 » qui rend compte des conditions de détention dans les prisons, les unités de police et de gendarmerie au Cameroun.
Les organisations de la société civile réunies à Douala le 10 décembre 2022 ne sont pas allées du dos de la cuillère pour décrire ce qui se passe dans nos milieux carcéraux. Il est en effet fait mention de ce que les prisons au Cameroun sont devenues « de vrais passages à la mort », que ce soit en zone urbaine comme en zone rurale. De façon générale, les conditions de détentions sont dites « exécrables, tant du point de vue qualitatif que quantitatif». Et de façon précise, la société civile relève : « le caractère vétuste, inadapté et inapproprié des infrastructures d'accueil des prévenus et détenus, tant dans les prisons que pour les unités de police et de gendarmerie, qui constituent déjà des éléments de torture et de traitements inhumains et dégradants pour pensionnaires, que la quasi-totolité des prisons n'assure pas l'accès minimal à une alimentation saine et des infrastructures sanitaires acceptables » . Elle est en veut pour preuve que dans la prison de Maroua par exemple, " les médicaments destinés gratuitement aux détenus et prévenus, leur sont vendus. Les prix allant de 50 à 300 francs selon le médicament ». Autre situation, c'est que « la corruption et la raquette sont des fléaux qui gangrènent les lieux de détentions, les détenus et les prévenus n'ayant pas de moyens financiers, ne peuvent avoir acces aux services de base » .
Le gouvernement interpelé
Prenant toujours le cas de la prison de Maroua dans la région de l'Extrême-nord, il est fait mention de ce que « les hommes testes positifs au Covid-19 ou toute autre infection ne sont pas pris en charge immédiatement ». Des cas sont cités à la clé Rodrigue Ndagueho Koufet, âgé de 30 ans, a succombé au choléra le 7 avril 2022, du fait de sa non prise en charge par les unites sanitaires. Il y a le cas d'Asang Virginus décédé le 17 novembre 2022 de leucémie.
Ce dernier était détenu à la prison centrale de Kondengui depuis 5 ans. Lorsqu'il tombe malade, il n'est pas transporté dans un hôpital pour sa prise en charge, sa situation sanitaire se détériore et il en meurt quelque temps après qu'il soit référé par sa famille au centre hospitalier Jamot à Yaoundé. Venyeni Romanus quant à lui décède le 20 novembre 2022, soit deux jours après qu'il ait été transporté à l'hôpital Bingo, parce qu'il n'avait été admis par les autorités pénitentiaires à suivre des soins à temps. Le jeune Pong Lydo, âgé de 18 ans, détenu dans la cellule de la Brigade de gendarmerie de Loum, décède le 22 septembre 2022 à la suite de torture.
Au vu de tout ce qui est décrit, les Organisations de la société civile dénoncent et condamnent les graves violations des droits de détenus tels que prévus par les Règles minima de l'Onu pour le traitement des détenus (Règles Nelson Mandela); les Lignes Directrices de Robben Island sur la torture ; la loi 2005/007 du 27 juillet 2005 portant code de procédure pénale du Cameroun, entre autres. Au finish, la société civile ne manque pas d'interpeler le gouvernement camerounais au respect et à la protection de l'intégrité physique et morale de tous les détenus et prévenus tel que prévus par les régles. La Commission africaine des droits de l'homme et des peuples et le Conseil des Nations Unies pour les droits de l'homme sont également interpelées sur l'urgence de « veiller que l'Etat du Cameroun respecte ses engagements...»