Les Camerounais savaient qu’il était un grand joueur. Ils savaient aussi qu’il était généreux mais très peu savaient les nombreuses initiatives qu’il prenait pour soulager certains Camerounais en détresse. David Eboutou raconte dans cette tribune comment Samuel Eto’o a fait sortir de prison deux adolescents accusés de vol.
Un jour, deux mères terriblement éprouvées par cinq jours de garde à vue à la brigade de Gendarmerie de Ngousso de leurs deux enfants âgés respectivement de 12 et 14 ans avaient décidé de retrouver à tous les prix mon domicile.
Ces deux femmes qui habitaient le même quartier, exerçaient également la même activité. Elles étaient commerçantes dans le même marché . Leurs deux enfants avaient grandi ensemble et étaient inséparables depuis leurs bas âges. Dans le souci de contribuer à l'allégement des tâches de leurs mamans, ils multipliaient de petits boulots à leurs moments d'après écoles.
Un jour, un médecin habitant leur quartier va leur proposer de laver son véhicule tous les matins, moyennant la modique somme de 500FCFA. Tout s'était bien passé jusque-là jusqu'à ce jour où le fameux médecin les accusera de lui avoir dérobé un montant de 200.000F.CFA dans son véhicule. Une somme qui grimpera bizarrement au fil des supplications que les deux mamans des gamins viendront présenter au Médecin ,malgré le fait que les enfants juraient n'avoir jamais vu un tel montant de leur vie.
Seulement, malgré les pleurs des pauvres femmes, suppliant le médecin de leur donner du temps pour rassembler le montant déclaré perdu, le médecin était resté ferme. Il avait conduit les gamins à la brigade et ces derniers avaient été mis en cellule.
Dans la plainte du médecin , il avait déclaré avoir perdu d'autres sommes importantes d'argent et réclamait désormais un montant de 5 millions de Francs CFA pour retirer sa plainte. Mais comment ces pauvres femmes pouvaient-elles rassembler un tel montant même après 50 ans d'activité ?
C'est cette histoire que ces deux mères , qui avaient finalement déniché mon domicile, étaient venues toutes en larmes,me raconter.Au fond, que pouvais je faire ? Rien, à part relayer ce récit pathétique sur ma défunte page Facebook David Eboutou officiel. Je me rappelle néanmoins avoir promis à ces deux femmes que leurs enfants seraient libres bien que sans trop savoir comment....( c'était certainement pour me débarrasser d'elles...)
Le post que j'avais rédigé avait été abondamment relayé et la grande sœur, Maître Félicité ZINTCHEM, actuelle Maire de la localité de BAFIA ,s'était portée volontaire pour la défense de ces gamins qui avaient finalement été placés en détention provisoire à la Prison centrale de Yaoundé Kondengui.
Quelques jours plus tard, alors que je multipliais des publications sur l'injustice que subissait ces deux gamins , et , sans réellement avoir l'impression que les lignes bougeaient , j'avais été appelé un soir par une journaliste basée à Douala (je préfère taire le nom).
Elle m'avait dit que Samuel ETO'O lui avait demandé mon numéro de téléphone. Elle m'avait donc appelé afin de se rassurer que celui qu'elle lui avait remis était le bon .
Dans la même soirée, j'avais reçu l'appel de Samuel ETO'O.
Il m'avait dit avoir lu le récit sur les enfants qui étaient désormais en prison et s'en était terriblement ému par le récit que je lui avais de nouveau relaté.À partir de ce moment, et pendant quatre jours successifs, Samuel ETO'O va m'appeler au moins trois fois par jour pour coordonner lui-même les différentes étapes qui vont aboutir à la libération des gamins.
Je n'oublierais jamais cette matinée, aux environs de 07 heures , où Samuel ETO'O m'appelle pour me dire :
" DAVID ! J'AI UNE BONNE NOUVELLE .LES GAMINS SORTENT AUJOURD'HUI. JE SOUHAITE QUE TU AILLES LES RÉCUPÉRER. JE VOUDRAIS DISCUTER AVEC EUX MAIS S'IL TE PLAÎT, N'EN PARLE À PERSONNE "
Je n'en revenais pas. Comment avait il fait pour faire libérer ces enfants en une semaine?Bref, je vais donc appeler Maître Félicité ZINTCHEM pour lui demander de me retrouver au Palais de Justice d'Ekounou.
Une fois sur place , je lui passerais l'information et, alors qu'elle se demandait encore comment cela était possible , mon téléphone va de nouveau crépiter . C'etait SAMUEL ETO'O au bout de la ligne qui voulait savoir si les gamins qui venaient de faire leur entrée en salle d'audience avaient été libérés. J'en profiterais pour lui dire que j'étais en compagnie de Maître ZINTCHEM qui avait abandonné ses obligations professionnelles pour être à mes côtés. Je passerais d'ailleurs mon téléphone à Maître et Samuel lui témoignera toute sa gratitude pour tout le soutien apporté à ces pauvres gamins.
Passons rapidement pour dire qu'une fois l'audience débutée, le juge avait décidé de libérer les gamins et, aux environs de 18 heures, quand, en compagnie de Maître ZINTCHEM et de leurs pauvres mamans , les portes de la Prison vont enfin s'ouvrir et que leurs deux silhouettes vont se diriger vers nous, je ferai un message à SAMUEL qui va aussitôt rappeler.
Ayant mis le téléphone en mains libres , j'avais souhaité que les deux gamins et leurs parents parlent avec Samuel ETO'O. Je leur avais dit que c'était lui qui était aux manettes et que je n'avais été que l'instrument. Je me rappelle encore de toutes ces paroles de bénédictions que ces femmes, les mamans de ces gamins dont une veuve ,avaient déversé sur SAMUEL.
C'était émouvant !
Le récit etait un peu long , mais il fallait que je vous livre enfin ce témoignage.
Samuel ETO'O n'a jamais voulu que je fasse ce témoignage . Il devra m'excuser pour cela. C'était plus fort que moi, surtout que quelques mois après la libération des gamins, il avait de nouveau intervenu pour faire libérer de la prison de Kondengui 04 jeunes dont je lui avais expliqué la situation d'incarcération manifestement injuste.
POURQUOI CE TÉMOIGNAGE MAINTENANT ?
Parce que je crois que Samuel ETO'O aime l'humain. Il aime ses semblables et déteste la souffrance et les injustices.
Je suis de ceux qui soutiennent sans failles ses innovations à la FECAFOOT. Un milieu mafi-eux , ayant longtemps fonctionné dans une totale opacité. On ne peut pas être un bon gestionnaire si l'on est pas motivé par l'amour de l'autre, si on ne se soucie pas du bien-être de son prochain.
Ce gars aime ses compatriotes et je suis heureux de voir que les camerounais le lui rendent également !
Que Dieu bénisse Samuel ETO'O FILS !
David EBOUTOU