La légende veut que lorsque l’imposante sirène en forme de cors enchevêtrés était enclenchée, son cri strident se faisait entendre jusqu’à Guidziba, à plus de 80 kilomètres. Aujourd’hui, l’outil ne tonne certes plus, mais vient rappeler ce côté presque mythique, historique, de la célèbre prison de Tcholliré. Reversée en prison de droit commun en 1990, ce qui est aujourd’hui désignée comme la « prison centrale Tchollire 2 », n’a il est vrai, plus grand-chose à voir avec cet établissement créé en 1963, et dont la seule évocation suscitait bien des émotions.
Les bâtiments ont été rafraîchis, le quartier pénitentiaire est moins isolé avec des hameaux et villages qui se sont installés le long de la voie d’accès. Et même les conditions de détention que nous découvrons, feraient pâlir d’envie bien d’autres pensionnaires d’établissements pénitentiaires dans le pays. Pour les plus jeunes, il faut donc parfois surtout se raccrocher aux récits, pour avoir une idée de ce qui a construit le mythe. Cette prison sans barrière, dont les possibilités d’évasion étaient avant tout dissuadées par la nature elle-même.
A l’arrière, la jonction entre le mayo Galké et un autre cours d’eau, faisait office de premier mûr. Tandis qu’autour, une brousse épaisse peuplée de fauves, qu’il faudrait braver sur de nombreux kilomètres sans trouver la moindre âme qui vive, achevait de calmer toute velléité. On trouve quand-même encore, quelques vestiges de l’ancienne époque.
A l’instar de ces deux manguiers plantés par Mgr Dogmo, et dont les feuilles auraient des vertus miraculeuses. Ou encore, les impressionnantes machines allemandes sur lesquelles reposaient l’alimentation en énergie de l’établissement, et dont la fiabilité ainsi que la robustesse, rendent certains nostalgiques.
Et à ces égards-là, « Tcholliré 2 » restera une prison de droit commun, pas tout à fait… commune.