Depuis l'éclatement du scandale GLENCORE, un silence assourdissant règne du côté de la Société Nationale des Raffineries du Cameroun (SONARA). Alors que des enquêtes menées aux États-Unis et en Angleterre ont révélé que des fonctionnaires de la SONARA, tout comme ceux de la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH), auraient reçu des pots-de-vin pour vendre le pétrole camerounais à GLENCORE à un prix inférieur au marché, aucune réaction officielle n'a été émise par la société d'État, révèle Boris Bertolt dans une nouvelle publication

Cette affaire aurait coûté près de 420 milliards de FCFA à l'État du Cameroun, selon les estimations. Pourtant, face à un scandale d'une telle ampleur, la SONARA reste muette. Aucun communiqué, aucune explication n'a été fournie à ce jour.


Le mutisme de la SONARA pourrait s'expliquer par l'implication potentielle de hauts responsables de l'État camerounais. Une piste sérieuse pointe vers Ferdinand NGOH NGOH, secrétaire général de la présidence de la République.

En effet, l'administrateur directeur général de la SNH, Adolphe Moudiki, semble déterminé à faire la lumière sur cette affaire, allant jusqu'à déposer une plainte au Tribunal Criminel Spécial (TCS). Cette démarche laisse penser que Moudiki cherche à mettre en cause son "pire ennemi" actuel : Ferdinand NGOH NGOH.


En 2022, au moment des révélations du scandale GLENCORE, la SONARA était dirigée par Simo Djonou, un proche de Ferdinand NGOH NGOH. Malgré sa responsabilité présumée dans l'incendie de la SONARA, qui a coûté près de 400 milliards de FCFA à l'État, Simo Djonou a été nommé à la tête de COTCO, apparemment grâce à l'influence de NGOH NGOH. Durant son mandat, Simo Djonou n'a jamais évoqué l'affaire GLENCORE.

En février 2024, Simo Djonou a été remplacé par le magistrat Harouna Bako, également considéré comme un homme de confiance de Ferdinand NGOH NGOH. Malgré sa connaissance du dossier GLENCORE, Bako n'a pas non plus réagi publiquement. Le procès GLENCORE s'est ouvert le 10 septembre 2024 à Londres, sans que la SONARA ne donne d'instruction particulière.


Il convient de rappeler le cas de Charles Metouck, ancien directeur général de la SONARA. Malgré avoir augmenté le chiffre d'affaires de l'entreprise de 250 milliards à 1000 milliards de FCFA, Metouck a été démis de ses fonctions et emprisonné pour avoir refusé de se plier à des "hautes instructions" de la présidence concernant la signature de contrats pétroliers, souligne le lanceur d’alerte Boris Bertolt.


Qui donnait ces "hautes instructions" à la SNH et à la SONARA ? Selon des sources proches du dossier, Adolphe Moudiki, de la SNH, semble convaincu depuis des années que ces directives émanaient de Ferdinand NGOH NGOH, secrétaire général de la présidence de la République.

Le silence persistant de la SONARA dans l'affaire GLENCORE soulève de nombreuses questions sur les enjeux de pouvoir au sein de l'État camerounais et sur la gestion des ressources pétrolières du pays. Alors que le procès se déroule à Londres, les Camerounais attendent des explications et des actions concrètes pour protéger les intérêts de la nation.