Dans un revirement majeur de la crise anglophone au Cameroun, Lucas Ayaba Cho, l'un des leaders séparatistes les plus en vue, a été arrêté par la police norvégienne à Oslo. Cette arrestation, annoncée le 25 septembre 2024, marque un tournant potentiel dans le conflit qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun depuis 2017.
Ayaba Cho, 52 ans, est accusé d'être l'un des principaux instigateurs de la lutte armée pour l'indépendance de l'Ambazonie, nom donné par les séparatistes à la partie anglophone du Cameroun. Son arrestation est présentée par la CRTV, média d'État camerounais, comme un succès de la coopération judiciaire entre le Cameroun et la Norvège.
Sources proches du dossier indiquent que si Ayaba Cho venait à être extradé vers le Cameroun, il pourrait faire face à des charges extrêmement graves, notamment de terrorisme, sécession et atteinte à la sûreté de l'État. Ces accusations, si elles étaient retenues, pourraient entraîner une condamnation à la prison à perpétuité.
Le précédent de Julius Sisiku Ayuk Tabe, autre leader séparatiste arrêté au Nigeria en 2017 et actuellement incarcéré à la prison de Yaoundé-Kondengui, laisse présager un sort similaire pour Ayaba Cho. Ayuk Tabe purge actuellement une peine de prison à vie.
La responsabilité d'Ayaba Cho dans plusieurs actes de violence, dont l'attentat d'Ekondo-Titi en 2022 qui a coûté la vie à sept personnes, dont des officiels locaux, pourrait particulièrement peser dans la balance judiciaire.
Cette arrestation soulève des questions sur l'avenir du mouvement séparatiste et sur les possibilités de résolution pacifique du conflit. Les autorités camerounaises considèrent cette arrestation comme une victoire, mais certains observateurs craignent qu'elle ne radicalise davantage les positions des séparatistes sur le terrain.
L'éventuelle extradition d'Ayaba Cho vers le Cameroun reste incertaine et dépendra des procédures judiciaires norvégiennes ainsi que des accords entre les deux pays. Cependant, si elle devait avoir lieu, elle marquerait un coup dur pour le mouvement séparatiste et pourrait potentiellement redéfinir les dynamiques du conflit dans les régions anglophones du Cameroun.