Actualités of Friday, 23 June 2023

Source: Le Messager

Problème grave : un décret du Premier ministre Joseph Dion Ngute crée la polémique

Comprendre le décret du Pm qui délimite les contours de la Forêt d’Ebo Comprendre le décret du Pm qui délimite les contours de la Forêt d’Ebo

Conformément à la volonté du Chef de l’Etat qui a validé depuis trois (3) ans déjà le processus de retour du peuple Banen dans leurs villages respectifs dans le Nkam et le Mbam et Inoubou, le premier ministre chef du gouvernement vient de rendre public un décret qui consacre inexorablement le retour des populations dans leurs contrées d’origine, autour de la forêt d’Ebo.

Tout en rappelant dans son dispositif la loi portant régime des forêts ; les ordonnances de 1974 fixant les régimes foncier et domanial ; puis le décret de 1995 fixant les modalités d’application du régime des forêts, modifié et complété par le décret d’octobre 1999, le décret N° 2023/01630/PM du 27 avril 2023 porte classement au domaine privé de l’Etat une portion de forêt de 68 385 hectares, constituée en Unité Forestière d’Aménagement dénommée UFA 07 006, située dans les départements du Nkam et de la Sanaga Maritime dans la région du Littoral. Ainsi est abrogé le décret de 2020 qui classait la forêt d’Ebo dans le domaine public national. Ledit décret quand on le parcours, met davantage fin aux différentes spéculations et convoitises qui ont eu cours jusque-là au sujet de la forêt d’Ebo. Le débat est ainsi clos et les différentes parties n’ont qu’à se mettre au travail afin que soient viabilisées les voies d’accès et permettre ainsi que les populations puissent retourner allègrement dans leurs villages.

Deux articles seulement dudit décret permettent de comprendre de quoi il en retourne, et quels sont les avantages que tirent les populations dans ce vaste chantier d’exploitation de la forêt d’Ebo dans les départements du Nkam et de la Sanaga maritime. Déjà les articles 1 et 2 permettent d’en délimiter les contours au plan de la superficie et des villages riverains, de même que l’objet de l’exploitation.

En effet l’alinéa 1 de l’article 3 dispose « Le domaine forestier ainsi délimité sur une superficie totale de 68 385 ha et dénommé UFA 07 006, est affecté à la production des bois d’œuvre » . Pour ce qui est de l’intérêt des populations riveraines, l’alinéa 2 du même article dispose : « Les populations riveraines continuent à exercer dans la forêt ainsi classée, leurs droits d’usages portant sur la collecte des produits forestiers non ligneux, les plantes médicinales, le ramassage du bois de chauffage » . En outre, il est dit à l’alinéa 4 de l’article 3 : « L’activité d’exploitation forestière ne peut y être menée que conformément à un plan d’aménagement arrêté par le ministre des forêts » .

Retour aux sources

Un autre travail de titan qu’a balisé ce décret, c’est qu’il est énoncé à l’article 4, alinéa 2 : « Un cahier de charges pour le concessionnaire sera élaboré par l’administration en charge des forêts et visera notamment à faciliter le retour des populations dans leurs villages » . Et l’alinéa 1 de préciser : « Des enclaves seront créées à l’intérieur du domaine forestier et délimitées autour des villages identifiés lors de l’élaboration du plan d’aménagement » . Le moins que l’on puisse dire, c’est que ceux des ressortissants des villages environnants qui avaient jusque-là quelques inquiétudes peuvent sans coup férir se frotter les mains et se dire que tout est à gagner dans ce vaste projet d’exploitation forestière. Déjà lors du meeting qui s’est tenu le 17 juin 2023 à Douala, les chefs traditionnels et les populations à l’unisson ont exprimé leur profonde gratitude à l’endroit du Chef de l’Etat qui a donné les instructions fermes afin que soit facilité leur retour sur les terres ancestrales. Ils ont en effet témoigné leur joie d’avoir un espoir de pouvoir rentrer chez eux, notamment pour ceux et celles qui étaient encore installés loin de leurs terres, et qui vivent dans différentes localités du pays. Ils sont d’autant plus confortés en cela que des travaux routiers sont en cours, qui pourront faciliter leur retour au bercail. Il faut rappeler que ce sont près d’une cinquantaine de villages qui sont ainsi concernés par ce projet, principalement les villages Ndik Biakat, Ndik Nanga, Ndog Touna, Inoubou-Sud, Ndog Soul, entre autres.

Pour mémoire, cela faisait 60 ans que plus de 10 000 âmes ont été victimes de déportation suite à la guerre d’indépendance qui a sévit dans cette zone. Le massif forestier d’Ebo dans le département du Nkam comme dans bien d’autres départements du Cameroun, avait été la cachette des maquisards indépendantistes en 1957 et l’administration coloniale avait jugé bon de faire déplacer les populations victimes des affres de la guerre d’indépendance vers les zones sécurisées et notamment dans les grandes agglomérations du pays. Aujourd’hui les descendants ont l’occasion d’effectuer le chemin du retour aux sources et retrouver ainsi les tombes de leurs ancêtres.