Dans l’édition du 25 janvier 2017, le quotidien Le Jour qui s’est entretenu avec Me Jackson Francis Ngnie Kamga, le président de l’Ordre des avocats du Cameroun, rapporte l’analyse faite par celui-ci de la crise anglophone. L’avocat qui pense que Paul Biya, le Président de la République, doit décrisper la situation dresse par ailleurs le bilan des actions menées par le Barreau pour la résolution du problème anglophone.
Les avocats anglophones ont dénoncé l’absence de solidarité de la part du Barreau et surtout parler d’un manque d’actions même avec les violences qu’ils disent avoir subies lors des manifestations à Bamenda et à Buea.
Réagissant sur ces points, Me Jackson Francis Ngnie Kamga déclare que «ceux qui le disent manquent d’objectivité, ou du moins trahissent une absence d’informations sur les activités du Conseil de l’Ordre et du Bâtonnier, qui, du reste, n’ont pas pour habitude d’emboucher les trompettes pour communiquer sur leurs activités dont l’efficacité dépend souvent d’une certaine distanciation avec la propension que d’aucuns ont de se glorifier publiquement de leurs initiatives avant même qu’elles n’aboutissent».
Pour lui, «un tel comportement est irresponsable et je ne suis pas sûr que ce soit ce que les avocats attendent des dirigeants qu’ils ont choisis. Après les manifestations de Bamenda et de Buea pour lesquelles ni moi ni le Conseil de l’Ordre n’avions été avisés, j’ai dû écourter un séjour à l’étranger pour revenir présider une session extraordinaire du Conseil de l’Ordre que j’ai convoqué en urgence, en l’élargissant au bureau de l’Assemblée générale du Barreau. Au cours de cette session extraordinaire du Conseil de l’Ordre, les violences commises sur nos confrères du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont été solennellement et fermement condamnées», fait savoir le Bâtonnier.
Sur la question du fédéralisme, Me Jackson Francis Ngnie Kamga déclare que «la forme constitutionnelle d’un État n’est pas en soi un remède aux problèmes qui peuvent se poser. L’État du Cameroun dans sa forme actuelle peut et doit faire vivre toutes les composantes de la nation dans la cohésion».
«Lorsque je parle de mon pays le Cameroun, précise-t-il, mon repère historique à moi n’est pas la conférence de Foumban. Notre avenir est devant nous. C’est à nous de le construire, de le réinventer s’il le faut. Je ne suis pas convaincu pour ma part qu’il est dans le rétroviseur. Et lorsque je parle de nous, je parle du peuple camerounais tout entier, y compris vous-même, et non pas d’une partie du peuple ou de quelques personnes qui affirmeraient représenter une minorité, quelle qu’elle soit».
«Cependant je pense que les pouvoirs publics doivent entendre les cris de certains camerounais qui expriment à leur façon, leur mal-être. À mon humble avis, si le régionalisme inscrit dans la Constitution de 1996 avait été mis en œuvre, plusieurs des problèmes qui sont à l’origine de la crise actuelle n’auraient probablement pas trouvé de terreau fertile d’expression», conclut Me Jackson Francis Ngnie Kamga.