Jean Bonheur Résistant 1er SÉIDE refait le film complet du procès des militants du MRC ce 15 septembre à la Cour d’Appel du Centre.
C'est ainsi que je qualifie ce qui s'est passé aujourd'hui à la Cour d’Appel du Centre ce Jeudi 15 septembre 2022.
Il est 08h30 lorsque je descends du taxi devant l'entrée principale du palais de justice et très vite un policier s'approche du taxi et demande au taximan de vite dégager.
Autour de 09h00 une barricade est élevée à l'entrée du palais qui donne sur le Ministère des finances.
Le détachement mixte de gendarmes et de policiers est simplement impressionnant, on dirait que c'est le procès de Abubakar shekau.
Bah, je n'ai rien d'autres à faire que d'attendre l'arrivée des Otages de PAUL BIYA, je peux donc occuper ce temps par un exercice de dénombrement. Partant de l'entrée du palais de justice qui donne sur le Ministère des finances, je me mets à compter et les policiers et les gendarmes en marchant jusqu'à l'autre entrée du palais de justice qui donne sur le monument Charles Atangana, une deuxième barrière y est érigée. J'avais déjà dénombré un total de 101 policiers et gendarmes confondus (je ne comptais pas les gardiens de prison qui étaient eux aussi en nombre important) que les bruits quasi stridents d'un gironfard m'embrouille et j'arrête de compter, me retournant pour me diriger du côté où proviennent les bruits. Je remonte donc vers l'entrée du palais de justice qui donne sur le Ministère des finances et j'aperçois un véhicule de police arriver. Le Véhicule avec le Gironfard donc. Véhicule immatriculé SN4925 bleu de couleur de la charte graphique des véhicules de police. Il est très exactement 09h18 lorsque le véhicule gare devant l'entrée de la cour d'appel. Tous ceux qui sortent du véhicule ont les épaules chargées d'étoiles et disposent des gros téléphones comme le parpaing de 10.
Ils se dispersent et donnent des instructions à leurs congénères.
09h25 très exactement, ce sont les chants des prisonniers politiques qui attirent mon attention au loin.
Oui j'aperçois un camion à la couleur blanche défraîche arriver du côté du palais de justice qui donne sur le Ministère des finances, la barricade/barrière est enlevée et immédiatement repositionnée dès que le Camion passe. Les chansons enchaînées par les prisonniers politiques me donnent la chair de poule. Ils désignent clairement, en français facile et sans ambiguïté aucune, Paul Biya comme leur bourreau et ils (les prisonniers politiques) lui demandent de quitter le pouvoir afin que Maurice KAMTO vienne sauver le pays.
Dès qu'un champ fini, un autre est immédiatement relancé/entonné. Du côté du palais de justice donnant sur le monument Charles Atangana, un autre Camion se pointe à l'horizon et finalement les deux camions garent au même moment et dos à dos devant l'entrée principale du palais de justice.
Les FMO deviennent subitement très nerveux et interdisent désormais toute personne peu importe qui c'est d'entrer ou de sortir par cette entrée du palais où les deux camions sont garés.
C'est alors que les héros nationaux, OTAGES DE PAUL BIYA sortent un après l'autre en chantant et surtout mais alors surtout en dansant.
Le temps s'arrête, les frissons me traversent et traversent logiquement toute personne éprise de justice et se trouvant en ces lieux en ce moment là. L'ambiance est simplement électrique.
Quelque chose se passe autour de 09h32 à la sortie du Professeur Alain Fogue du camion.
Quelques policiers, et plusieurs gardiens de prison ont formé un cordon, une sorte de barrière humaine face à l'entrée du palais et donnant dos au goudron.
Le Prof Alain Fogue descend du Camion au pas de course et se dirige en vitesse vers la barrière humaine supra décrite puis assène un coup de poing bien appliqué... malheureusement non pas dans la figure mais dans les bras d'un policier portant un casque et qui a été habile en se protégeant à l'arrivée du Prof. Immédiatement les collègues du policier surgissent et saisissent le Prof de même que les Prisonniers Politiques sortent au pas de course des camions pour se ranger derrière le Prof. C'est le branlebas. Je vois des policiers courir dans tous les sens, d'autres passent des coups de fil et la situation est rapidement maîtrisée. Les Prisonniers Politiques continuent de chanter en entrant en fil dans l'enceinte du palais de l'injustice.
J'apprends dans les coulices que ce policier pris à partie par le Prof Alain Fogue c'est l'un des tortionnaires du Prof Alain Fogue que le Prof a reconnu.
Lorsque le dernier prisonnier à descendre du camion franchit la barrière de l'entrée du palais de justice, je m'engage alors à traverser la route pour entrer à mon tour. C'est ainsi que mes larges oreilles que mes camarades du lycée appelaient pour me charrier, antennes paraboliques, filtrent que dis-je, captent une conversation entre deux dames.
L'une : ils sont en prison et ils font les bruits comme ça ?
L'autre : c'est leur problème norrrr, au lieu de se calmer et supplier pour qu'on les libère ils chantent eux.
A l'autre de reprendre : c'est bien fait pour eux, ils vont caler là bas prison, des idiots comme ça.
C'est là que je me tourne et qui vois-je ? Sans exagération, je vois deux dames qui, d'un, n'ont point été gâtées par la nature, de deux, elles sont habillées en guenilles, vraiment en haillons. Mes yeux se baladent jusqu'à leurs pieds et je constate que l'une a porté le sancon (vous connaissez les sandales en gomme qu'on vend à 500fr là et qui sont adaptées pour prendre un bain et circuler dans la maison, c'est de ça je parle) et l'autre a porté un soupçon de ballerines qui ont connu des jours meilleurs. J'ai vite compris, de deux choses l'une soit elles sont des gueuses, soit
elles sont des gogoles. C'était l'unique instant qui m'a arraché un sourire je veux dire un fou rire.
Il est 09h40 lorsque j'accède finalement dans la « bonne » salle d'audience, m'étant premièrement trompé de salle. Je découvre au Milieu de la salle, Olivier Bibou Nissack, Porte-parole Maurice Kamto debout dans un moment de complicité amoureuse avec son épouse qui tenait leur fille née quelques mois après l'arrestation illégale suivie de l'incarcération illégale elle aussi de Olivier Bibou Nissack.
Je ne peux pas perturber ce moment. Je vais prendre place et je découvre Serge Aimé Bikoi l'auteur de « à chacun d'en juger fort opportunément... » et le Web journaliste Paul Chouta. Chacun a un gros cahier, ils ne cessent de prendre des notes mais je les stoppe pour leurs transmettre mes amitiés par d'aimables accolades.
Serge Aimé Bikoi me dit : « Nous pouvons aller saluer Olivier Bibou Nissack » qui venait tout juste de prendre congés de son épouse et de sa fille, son épouse et sa fille qui ont pris place sur le banc derrière nous.
Olivier Bibou Nissack tout souriant me répond lorsque je lui lance ''courage champion" : Jean Bonheur, le courage c'est un détail, nous l'avons, je l'ai. Nous attendons impatiemment que les débats soient ouverts pour que nous leurs assenions une raclée historique.
10h45, le Prof Alain Fogue entre dans la salle d'audience suivi des autres prisonniers politiques. Il monte sur banc et entonne :
« Maurice KAMTO arrive, Paul Biya doit partir...Maurice KAMTO arrive, Paul Biya doit partir oooh oh oh oh, Paul Biya doit partir, oooh oh oh oh, Paul Biya doit partir...» le son est immédiatement repris par tous les autres prisonniers politiques ainsi que les militants, sympathisants et familles venus soutenir les prisonniers politiques. Alain Fogue descend du banc et dépose les deux poings au sol puis enchaîne une série de pompes sous les regards médusés et même hagards des policiers, des gendarmes et des gardiens de prison et sous les regards admirateurs, le sourire en coin, des avocats, des familles des prisonniers politiques et des militants et sympathisants du MRC.
Il fait deux séries de 15 pompes et se relève et lance : NOUS SOMMES PRÊTS. Il s'avance ensuite devant la barre et se tourne vers l'assistance et dit : ici nous allons vous démontrer qu'il n'ya aucune justice qui va se dérouler dans cette salle d'audience logée dans un palais présupposément de justice. L'ambiance ne fait que monter. Le Professeur en tribun, rheteur hors pair, explique les atrocités subies par les manifestants à mains nues en présentant à l'assistance des images atroces sur un papier de dimension A3. Le Professeur fait le Professeur ! Au recto de son polo bleu qu'il arbore on peut aisément lire
« OÙ SONT LES 32 PVs SIGNÉS » rappelant ainsi que Monsieur President Paul Biya n'a pas gagné les élections du 07 octobre 2018. Il se maintient au pouvoir en faveur d'un honteux hold up électoral. Au verso de son polo on peut lire « We will NEVER give Up, GET UP PEOPLE »
10h00 : C'est l'entrée du Président du Tribunal, et de toute sa « délégation» et toute l'assistance se lève comme il est de coutume en ces circonstances et ne s'assoit qu'après que le Président du Tribunal se soit assis.
Première mesure : Le Président du Tribunal dans l'objectif de diminuer le nombre de personnes en salle exige à tout le monde de porter un masque de protection contre covid 19 et demande à ceux qui n'en disposent pas de libérer simplement la salle. Sauf qu'il ya un hic, pardon je veux dire deux hics. Le Président de Tribunal lui-même ne porte pas de masque couvrant son nez et sa bouche, il porte plutôt un cache-menton, ce qui fait sourrir l'assistance lorsque ce dernier est exigeant sur le port de masque. Deuxième hic la majorité sinon tous les hommes en tenues dans la salle ne disposent pas de masques. Est-ce que ceux ci sont donc immunisés de la covid 19 du fait de leur appartenance au corps des forces armées pour les uns ou alors de leur appartenance au corps des gardiens de prison pour les autres ? Finalement le Président du Tribunal ne se montre plus autant intransigeant sur le port du masque comme condition siné qua non pour accéder à cette salle d'audience surchauffée.
Il est 10h50 lorsque le premier prisonnier politique est appelé à la barre.
L'audience est interrompue à plusieurs reprises.
La première interruption : un Officier de police veut mettre hors de la salle d'audience tous ceux qui n'ont pas de places assises et qui se tiennent pourtant sagement au fond de la salle, le dos coincé au mur. Le Prof Alain Fogue accompagné d'autres prisonniers politiques s'y opposent vertement, ce qui dissuade finalement ce policier zélé.
Deuxième interruption : les prisonniers politiques sont appelés à la barre avec des menottes aux poignets ce qui ne se fait pas. Le Conseiller Spécial et Porte Parole de Maurice KAMTO, Olivier Bibou Nissack pour ne pas le nommer est le premier à se lever de son siège pour s'opposer à ce traitement, le Professeur Alain Fogue ne se fait pas prier, Pascal Zamboue n'est pas en reste : C'EST LE VACARME.
J'observe le Président du Tribunal. Il a les deux coudes posés sur la table devant lui, les deux mains croisées soutiennent son menton et il regarde la salle sans mot dire : IL EST DÉPASSÉ. C'est dans la précipitation mais seulement à cause de la contestation que les prisonniers politiques se verront enlevées les menottent lorsqu'ils sont appelés à la barre.
11h13 : Me Maurice KAMTO fait son entrée dans la salle d'audience drapé de sa jolie toge noire. A son arrivée les prisonniers veulent chanter mais du signe de la main, l'avocat international qui a fait gagner le Cameroun dans le différend frontalier qui opposait le pays du tyran Biya au Nigeria voisin dans la presqu'île de Bakassi, s'y est opposé du signe de la main et s'est empressé de prendre place tout calmement dans le box du collège d'avocats que Coordonne Me Hippolyte Meli Tiakouang. Me Meli et tous les avocats de la partie défenderesse affichent sur leurs visages une sérénité déconcertante.
Le Président du Tribunal appelle un à un les prisonniers politiques, il les identifie et vérifie également que tous les avocats présents se sont constitués pour défendre les prisonniers politiques.
« l'ouverture du procès»
Le Représentant du Ministère public argue que les dossiers d'appels des prisonniers politiques ont été déposés hors délais et donc demande au Président du Tribunal de prononcer l'irrecevabilité pour dépôt hors délais.
Me Meli, que dis-je le Sémillant Me Meli décortique et explique très clairement que les arguments du Ministère public sont fallacieux car les dossiers ont bels et bien été déposés dans les délais.
Sans qu'on ne comprenne véritablement pourquoi, le procès a été renvoyé au 20 Octobre.
À la vérité, le régime de Yaoundé ne veut pas qu'il y ait ouverture des débats. Yaoundé pour dire les choses simplement : veut éviter les débats et faire purger lâchement aux prisonniers politiques les lourdes peines prononcées en premier ressort par les petites mains de la dictature qui exécutent les ordres du tyran.
L'audience a donc été suspendue. Elle reprendra pour traiter d'autres affaires.
J'ai été approché par un prisonnier politique. Je lui rends ici hommage : Cyrille Kamnang. Il m'a dit qu'il est moto taximan et que le jour où les présupposés patriotes étaient venus proférer des menaces devant le domicile du Président Élu Maurice KAMTO, il avait arrêté le travail et avait accouru pour voir ce qui se passait. J'étais sur les lieux en train de faire un direct et je lui avais posé des questions sur le motif de sa présence, questions auxquelles il avait répondu dans ce direct où environ 4000 personnes étaient connectées. Il m'a dit que son passage dans ce direct avait en quelque sort allumé sa flamme militante et il a rejoint les rangs du parti. Le 22 septembre il faisait donc partie des milliers de Camerounais qui avaient répondu à l'appel du Président Élu Maurice KAMTO. Aujourd'hui 15 septembre 2022, Il tenait dans ses bras, une jolie petite et magnifique fille : sa fille née quelques mois après son arrestation. Jean Bonheur Tchouafa qui est par habitus SEC n'a pas su quand et comment c'est arriver mais Jean Bonheur Tchouafa a coulé une larme.
À la sortie de la salle d'audience, les prisonniers ont repris en chœur, la chanson entonnée en salle d'audience par le Professeur Alain Fogue. C'est en chantant et en dansant que les héros nationaux, otages politiques du tyran Biya ont regagné la prison de Kondengui.
Jean Bonheur Résistant 1er SÉIDE de KAMTO