Paul Biya était très attendu à la quinzième session ordinaire de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Le président a répondu présent, avec un discours d’ouverture (ci-dessous publié) en présence de ses pairs chefs d’États.
Je suis très heureux de vous accueillir de nouveau à Yaoundé, dans le cadre de la conférence des chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Celle-ci se tient pour la première fois en présentiel depuis novembre 2019, en raison – comme vous le savez – de la survenue de la pandémie du coronavirus.
Au nom du peuple camerounais et en mon nom personnel, je vous souhaite, ainsi qu’aux délégations qui vous accompagnent, une chaleureuse bienvenue et un agréable séjour au Cameroun.
Votre présence à ces assises témoigne de notre volonté commune de voir se renforcer davantage les liens de solidarité, de fraternité et de coopération qui existent entre les États et les peuples de la Cemac. Je forme le vœu que nos travaux soient marqués du sceau du succès qui a toujours caractérisé nos rencontres.
Messieurs les chefs d’États, chers frères, les défis qui nous interpellent dans notre marche vers l’intégration de nos pays sont nombreux et variés. Le monde change. La Cemac ne saurait rester en marge de ce mouvement.
Comme vous le savez, le monde est devenu un village planétaire. Les distances ne constituent plus un obstacle, les interconnexions s’entremêlent et nous sommes tous devenus dépendants les uns des autres.
La guerre en Ukraine, avec la flambée des prix des denrées alimentaires et énergétiques qu’elle a entrainée, les vagues successives du covid-19, avec ses répercussions sociales et économiques négatives partout dans le monde, sont là pour le démontrer.
La pertinence des réformes structurelles que nous avons entreprises dans le cadre du Programme des réformes économiques et financières de la Cemac (PREF-Cemac) trouve sa justification dans notre prise de conscience des mutations profondes en cours dans le monde et dans notre sous-région.
Cette rencontre nous offre l’occasion d’examiner entre autres l’état de mise en œuvre de ce Programme qui, je le rappelle, est, selon les experts, la voie à suivre pour consolider la vitalité économique de notre sous-région.
Elle nous permettra également d’aborder les conséquences de la guerre russo-ukrainienne sur nos économies, mais aussi la rationalisation des deux communautés régionales économiques de l’Afrique centrale, pour ne citer que ces points-là.
En effet, notre volonté commune de promouvoir, de façon cohérente, le développement économique et social de nos pays, a fait apparaître la nécessité de la fusion de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC).
Il en est de même de la réforme de certaines institutions communautaires, notamment la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC), ou de la fusion des deux bourses de la sous-région.
Messieurs les chefs d’États, chers frères, le bien-être de nos peuples frères passe aussi par une intégration harmonieuse de nos économies nationales à travers la réalisation de nos projets structurants et intégrateurs. A cet effet, il nous faudra mettre l’accent sur la mise en œuvre de notre Programme économique régional de deuxième génération.
Ce programme s’articule autour d’un portefeuille de douze projets intégrateurs prioritaires, susceptibles d’accélérer l’intégration physique et commerciale de la Cemac. Il nous faudra également accélérer la mise en circulation du passeport biométrique Cemac. Toutes ces actions vont favoriser un meilleur maillage de nos États, une circulation accrue des hommes et des biens, ainsi qu’une amélioration de la performance de nos économies.
Mais, tout cela ne saurait se réaliser sans la paix et la sécurité à l’intérieur de nos frontières nationales et sous-régionales. L’une des menaces qui pèsent sur le développement de la Cemac est bien entendu l’insécurité, causée par des groupes armés internes et transfrontières qui infestent notre sous-région.
Leurs activités sont d’autant plus pernicieuses que l’une de leurs attaques a coûté la vie à notre regretté frère, le président Idriss Deby Itno. Elles obligent nos États à consentir d’énormes sacrifices en termes de dépenses de sécurité.
Des progrès considérables sont enregistrés çà et là. Mais nous ne devons pas baisser la garde, ni réduire nos efforts. C’est le cas en ce qui concerne par exemple la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram.
Nous devons rester fidèles à nos engagements nationaux et communautaires pour que la paix et le progrès reprennent droit de cité dans nos pays et dans notre sous-région. Pour cela, la solidarité doit être le maître-mot.
Messieurs les chefs d’État, chers frères, en réitérant mes vœux de plein succès à ces assisses, je déclare ouverts les travaux de la 15ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’États de la Cemac. Vive la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale. Vive la coopération régionale. Je vous remercie.