Nous sommes au lieu-dit "Carrefour j’ai raté ma vie", rebaptisé "Carrefour Nelson Mandela" dans l’arrondissement de Douala 3e. Dès la tombée de la nuit, on observe une forte affluence de la gent féminine. Filles, femmes et vielles dames. Vêtues des tenues extravagantes pour la plupart, elles font des va et vient en permanence. En nous rapprochant davantage des lieux, on aperçoit plus de jeunes filles, âgées pour la plupart entre 16 et 25 ans.
Prostitution à ciel ouvert
Ainsi, plusieurs méthodes sont utilisées pour attirer l’attention des partenaires. Certaines vont jusqu’à se caresser le corps à chaque passage d’un véhicule, ou d’un piéton. «Je n’ai pas honte de séduire un client. Quand je sors de la maison c’est pour travailler...», révèle une prostituée.
Habillées en tenue provocatrice et des fois sans dessous, ces dernières, lorsqu’elles arrivent à conquérir leur client, passent directement aux négociations de la grille tarifaire. Solange 20 ans, précise d’ailleurs qu’avec le port de la capote, le prix est réduit à 500Fcfa. «Je fais ce que le client veux.», déclare-t-elle. Une autre prostituée âgée de 16 ans, qui a requis l’anonymat, fait savoir que sans préservatif, le client doit payer entre 1000 et 1500Fcfa. Et cela se négocie en fonction du temps mis.
Déception des professionnelles
Un tour dans les quartiers Brazzaville, Dakar et Nkolouloun, le constat est le même. Il est courant de voir des disputes entre jeunes filles et les prostituées de profession. Il est environ 21heures, ce dimanche 10 juillet au lieu –dit Nkolouloun, lorsqu’un homme la quarantaine sonnée se dirige vers une fille de 16 ans. Celle-ci le conduit dans une vielle cabane. Après les ébats sexuels, la jeune fille revient s’installer en bordure de route. D’après les informations recueillies, la venue des jeunes filles pendant la période des vacances est pour les professionnelles un frein pour à leur activité. «Ici c’est la jungle pour avoir son gagne-pain. Malheureusement pendant les vacances les clients préfèrent beaucoup plus les jeunes filles, parce qu’ils veulent ce qui n’est pas encore abimé», révèle une prostituée la mine triste. Toute chose, qui justifie parfois des éclats de voix, et même la bagarre. «Quand je sens que les clients s’intéressent beaucoup plus à ces jeunes filles, je m’interpose. Je vais même jusqu’à les agresser physiquement», déclare une professionnelle.
Certaines dispositions du code pénal
Malgré l’existence du code pénal, la prostitution prend de plus en plus l’ampleur. D’après la loi camerounaise, la prostitution est une infraction et les auteurs s’exposent à une peine d’emprisonnement. Certaines dispositions du code pénal camerounais prévoient un emprisonnement de six mois à cinq ans et une amende de 20.000 à 500.000 Fcfa pour la prostitution. Ce qui semble ne pas inquiéter les vendeuses de sexe. «Cette loi ne me dit rien, étant donné que certains de mes clients réguliers sont des hommes en tenue. Ils nous protègent en échange de notre corps. Quand parfois, il ya patrouille nous ne sommes pas inquiétées par la police», nous répond-on. Bien plus, selon les prostituées, ce métier est soutenu par certaines autorités. «Je n’ai pas peur des flics. Pendant certaines nuits je me rends dans le bureau de mon client lorsqu’il assure la garde…», poursuit une autre prostituée.