Actualités of Thursday, 6 April 2023

Source: www.camerounweb.com

Putsch manqué en 1984 : les confidences inédites du chef des renseignements Jean Fochivé

Putsch manqué du 06 avril 1984 Putsch manqué du 06 avril 1984

C’est un coup d’État qui aurait pu faire basculer le cours de l’histoire politique camerounaise. Mais il a été empêché et Paul Biya – leader du RDPC en place depuis 1982 – est resté au pouvoir jusqu’aujourd’hui. La sécurité au palais de l’unité à Etoudi (Yaoundé) a été davantage renforcée avec des moyens mis en œuvre afin que le "vieux lion" ne soit plus jamais vulnérable.

Le journaliste politique en exil Michel Biem Tong se rappelle qu’après le putsch raté, des révélations ont été faites. L’une d’elles vient de Jean Fochivé, un haut fonctionnaire camerounais. « Putsch manqué du 06 avril 1984 : les confidences inédites de Jean Fochivé », titre Tong.

Dans son développement, on peut apprendre que « pour Jean Fochivé, l’ancien patron du Cener devenu DGRE (service de contre-espionnage) décédé en avril 1997, il n’y a jamais eu de tentative de coup d’État manqué le 06 avril 1984 au Cameroun : "ce que les Camerounais jusqu’à ce jour ont toujours pris pour une tentative de coup d’État n’était en fait qu’un montage perpétré par l’obscur clan tribaliste qui faisait pression sur Paul Biya, afin que ce dernier se démarquât du président Ahmadou Ahidjo", peut-on lire dans l’ouvrage Les révélations de Jean Fochivé : le chef de la police politique des présidents Ahidjo et Biya, paru en 2004.

Selon le redoutable chef des services secrets camerounais, le vrai-faux coup d’État n’avait pour seul et unique objectif que d’implanter l’autorité, le pouvoir et la suprématie de la tribu Beti. Fochivé précise que Paul Biya est otage de ce clan ethno fasciste encore appelé "Essingan" qui, selon lui, est sérieusement armé et militairement bien protégé.

Dans son récit, Jean Fochivé laisse croire que les proches collaborateurs de Paul Biya étaient bien informés de la préparation d’un coup d’État mais ont laissé faire pour sans doute prendre la situation à leur avantage : "Je fus quand même surpris par la tentative de coup d’État du 06 avril 1984 parce que, n’ayant pas eu le feed-back de mon rapport, je m’étais dit que le chef de l’État avait certainement pris d’autres dispositions et qu’il n’était pas obligé de m’en parler. Plus tard je découvris que non seulement mon rapport ne lui était pas parvenu, mais qu’il était resté sous pli fermé au secrétariat général de la présidence de la République". Le secrétaire général à la présidence s’appelle alors Joseph Zambo.

Au moment où Fochivé était en train d’enquêter sur le coup d’État manqué, le clan ethno fasciste Essingan va obtenir son limogeage de la tête du Cener, lequel limogeage intervint le 04 août 1984, à quelques jours de la cérémonie de la sortie d’une promotion de jeunes élèves-officiers de l’École militaire interarmées (Emia). En effet, dans ses investigations, le chef de la police politique découvrit que : « le coup d’État du 06 avril 1984 avait été monté par le clan (beti-bulu, ndlr) dans le seul but de massacrer les jeunes officiers nordistes, de se débarrasser ses cadres et impliquer Ahmadou Ahidjo qui fût condamné à mort.

Les enquêtes de Fochivé ont également révélé qu’un Français au nom de Gérard Delafarge était au centre du montage en question. Ce dernier qui avait ses habitudes dans les couloirs du ministère des Forces armées alors dirigé par Gilbert Andzé Tsoungui, avait remis à Salatou Adamou, l’aide de camp de l’ancien chef d’État, une mallette contenant 66 millions de francs CFA et une lettre prétendument écrite par Ahmadou Ahidjo et qui portait sur le déroulement du coup d’État. Rappelons que Salatou Adamou fut condamné à mort le 28 février 1984 par le Tribunal militaire de Yaoundé pour tentative d’assassinat du chef de l’État ».

Michel Biem Tong vient certainement d’apporter des éléments de réponse qui n’étaient pas connus par tous. Depuis 1984, Paul Biya et son clan ont réussi à dérouler leur domination et aucune autre tentative de putsch n'a vraiment été observée, même s'il se susurre que la menace ne s'est jamais écartée, surtout que Paul Biya s'entête à mourir au pouvoir.