Le monde entier célèbre ce jour 1er Mai, la fête du travail ou la fête de l’affirmation de soi. Quel sens devrait revêtir cette célébration au Cameroun lorsqu’on sait que celui-ci croule sous le poids du chômage chronique et l'éxil de sa jeunesse ?
Effet, outre ce folklore qui entoure cette journée au cours de laquelle les faitières et différentes associations égraineront leur chapelet de revendications. Du côté des gouvernants, c'est le vent de promesses qui souffle quant à l’amélioration de la situation des travailleurs et de leur condition de vie. Le tout orchestré comme lors des campagnes électorales. Mais la réalité pour le peuple qui sera bercé tout au long de la journée par ces mots savamment étudiés et sans aucun doute la pérennisation de leur situation de chômeurs.
Le gouvernement camerounais ne répond en aucune manière à la demande numéro un de son peuple. Le droit a un travail. Les dirigeants camerounais en proie à des difficultés d’ordre existentiel se refuse depuis bien trop longtemps à travailler pour les intérêts de la nation.
Si pour certains l’heure sera à la réjouissance, il n’en demeure pas moins que pour une bonne frange de la population à savoir ces nombreux diplômés sans emplois et autres étudiants, qui continueront de s’interroger d’avantages quant à leur avenir ou si vous le voulez leur devenir.
Combien d'années des compatriotes passent-ils au sein des sociétés privéesou parapubliques au Cameroun en qualité de temporaires? C'est-à-dire sans matricule, sans rémunération convenable et stable, mais en proie à des licenciements abusifs et obligés de s'en remettre aux humeurs des dictateurs de patron.
Combien de frustrations des employés pourtant méritants, vivent-ils au quotidien au sein de leurs lieux de travail ? Plus triste encore, l'employé, sur une simple humeur du chef, peut à tout moment, être mis à la porte, sans surtout la moindre possibilité de se plaindre.
Le 1er mai au Cameroun, le patron que l’on aperçoit qu’à travers les fenêtres de son bureau, se montre soudainement gentil et affable. On oublie, le temps d’une journée, toutes les indigences cumulées pendant douze mois du fait d’employeurs véreux. Peu importe, chacun a reçu un T-shirt et une casquette aux couleurs de l’entreprise. Le directeur général a prévu à boire et à manger quelque part. On s’entasse comme on peut dans des camions, des cars, des taxis, des motos, ou des bus pour des entreprises un tant soit peu sérieuses.
On fait du bruit jusque tard dans la nuit. On est content. Même si madame n’a rien préparé à la maison pour défaut d’argent de ration. Même si les enfants ne vont pas à l’école, même si les cotisations de l’employé ne sont pas reversées à la CNPS… Demandez en guise de curiosité à un «travailleur» ou un «employeur», ce que signifie «Fête du Travail», il vous répondra par exemple: «C’est notre jour de fête, nous devons aller au défilé, puis nous allons boire, manger et danser».
Même les syndicats et l’Inspection du Travail, supposés être les protecteurs des intérêts des travailleurs donnent plutôt la triste impression d’être les défenseurs des intérêts des employeurs.
Les délégués du personnel, quant à eux, ne sont plus que de simples agents de propagande et des défenseurs des privilèges des chefs, et s’érigent parfois en agents de renseignements des patrons. On n’est plus surpris de voir lors d’un conseil de discipline, un délégué du personnel défendant la cause de l’entreprise, au lieu de celle de son collègue. La raison en est simple, il faut sauver son emploi, ses prérogatives et surtout ses avantages. Pis encore, le respect des conventions collectives est plus ou moins facultatif.
Si les ouvriers, mieux, les martyrs qui avaient versé de leur sang à Chicago (aux Etats-Unis) en 1886 pour revendiquer et donner un sens au 1er mai, jour historique, aujourd’hui banalisé, pouvaient par extraordinaire renaître, ils mourraient de nouveau. Et cette fois, pour de bon. Et comme sous notre ciel, les 1er mai se suivent et se ressemblent forcément, on se dit, à l’année prochaine.