Selon des informations officielles, 40 personnes de nationalité tchadienne et camerounaise ont été enlevées près de Touboro, dans le nord du Cameroun.
Ces personnes ont été enlevées dimanche 22 octobre, rapporte Célestin Yandal le maire de la commune de Touboro, une commune du nord du Cameroun.
Joint par la BBC l’élu local explique que « des bandits présumés » ont principalement ciblé et tendu une embuscade aux commerçants tchadiens le dimanche 22 octobre, alors qu'ils rentraient chez eux après avoir vendu du bétail au marché de Touboro.
« Le Dimanche, c'est le marché à bétail de Touboro. Les Tchadiens viennent avec du bétail qu’ils vendent et repartent, comme c'est juste à 25 km du Tchad. Donc, sur le chemin retour à 17 heures, ils sont tombés dans une embuscade dans une petite réserve dans le village appelé Mba Lainde'', a-t-il déclaré.
Selon le maire, d'autres personnes partant du Tchad vers le Cameroun et celles revenant vers la frontière tchadienne ont également été emmenées.
Dans un communiqué publié lundi, le ministère tchadien de la Sécurité publique et de l'Immigration a déclaré que des étudiants tchadiens figuraient également parmi les personnes enlevées par ceux qu'il a qualifiés de « présumés malfaiteurs ».
De nombreux étudiants tchadiens empruntent la route qui traverse Touboro pour se rendre à l'Université de Ngaoundéré, dans la région voisine de l'Adamaoua, au Cameroun.
Certains otages libérés
Les autorités tchadiennes disent avoir entrepris des efforts pour secourir leurs ressortissants retenus en otage.« Le bilan provisoire de ce degré de mobilisation a permis aux forces de l'ordre tchadiens de libérer huit otages qui sont en ce moment même en sécurité », indique le communiqué, sans préciser où exactement ces personnes ont été secourues.
Pour le moment, on ne sait pas si les ravisseurs se trouvent sur le territoire camerounais ou s’ils ont traversé la frontière tchadienne avec les otages. On ne sait pas non plus si les ravisseurs ont demandé des rançons.
Le ministère camerounais de la Défense n'a pas encore répondu à la demande de la BBC, afin d’avoir plus amples informations sur la situation; mais un responsable de la sécurité a déclaré que les soldats s'efforçaient de libérer ceux qui sont toujours en captivité.
Alors que les opérations de sauvetage se poursuivent, le Tchad dit travailler en collaboration avec le Cameroun pour retrouver les auteurs de l'acte.
« Actuellement, les Gouverneurs de deux Provinces et les autorités en charge de la Sécurité sont mobilisés en étroite collaboration avec les autorités camerounaises pour mettre la main sur ces braqueurs qui perturbent la quiétude de nos citoyens au niveau des frontières », a déclaré le ministère tchadien de la Sécurité publique.
Le Cameroun et le Tchad partagent une frontière de 1100 km qui voit de nombreux cas d'enlèvements, de vols et d'autres activités illicites. Les deux pays confrontés à des crises sécuritaires ont récemment décidé d'intensifier leur coopération pour protéger leurs citoyens et leurs biens.
Boko Haram
Les enlèvement dans le septentrion camerounais, et principalement l’extrême nord du pays ont été très récurrents entre 2011 et 2014, du fait de l’action de Boko haram, qui enlevait contre rançons.Ce groupe parti du Nigeria a pu s’établir au Cameroun grâce à un réseau de complicités locales en 2011, selon International Crisis Group. L’organisation estime que le groupe aurait enlevé 1000 personnes entre 2014 et 2017.
Le plus spectaculaire fut celui du 27 juillet 2014 au cours duquel une douzaine de personnes, dont l’épouse du vice-premier ministre Amadou Ali, et des gendarmes ont été enlevés dans deux incursions à Kolofata, dans l’extrême nord du pays.
L’enlèvement poussé les autorités à déployer quelques 3000 soldats dans la région, mais cela n’a pas pour autant arrêté la commission d’attaques par ce groupe dans la régions, et des enlèvements de civils.
Coupeurs de route
Bien qu’on ait pu noter des enlèvements dans l’extrême nord, la région voisine du nord Cameroun était relativement épargné par le phénomène d’agression de commerçants ces dernières annéesÀ la fin des années 1990, et au début des années 2000 le phénomène de « Zarguina » (coupeurs de route dans l’une des langues locales ) était très en vogue.
Les convois de marchandises et les véhicules transportant des passagers étaient les principales cibles de personnes en armes qui tendaient des embuscades et dépouillaient leurs victimes.
Le phénomène a été éradiqué grâce au déploiement des éléments du bataillon d’intervention rapide (BIR), une unité d’élite de l’armée camerounaise.
Résurgence des enlèvements
Plusieurs ONG locales tirent la sonnette d’alarme depuis quelques mois, Selon un rapport de l'Institut d'études de sécurité (ISS) et l'Association Sembe, en dehors de Boko Haram, d'autres groupes se livrent de plus en plus à des enlèvements.Les auteurs, de ces actes écrit le rapport, « sont d’anciens bergers et des bandes criminelles composées de Camerounais, de Nigérians, de Nigériens et de Tchadiens. Les ravisseurs vivent dans la brousse et dans les montagnes le long de la frontière qui sépare le Cameroun et le Nigeria, et font équipe avec des complices locaux qui leur servent d’informateurs ».
Les localités de Bourrha, Hina, Mogode et Mokolo, seraient les plus touchés dans l’Extrême-Nord selon l’ISS. Tandisque dans le nord, c’est la commune de Touboro (où 40 personnes viennent d’être enlevées) qui en est le plus victime, avec plus d’une douzaine d’enlèvements signalés entre janvier et octobre 2022.