L’ancien ministre de l’Éducation nationale s’est éteint à Paris en France mardi 28 février 2017 à l’âge de 79 ans. La Rédaction de Cameroun-Info.Net vous propose un article de presse de 2007 qui dresse le parcours de cette figure de proue de l’éducation au Cameroun.
Dans un article titré «Joseph Mboui: Le multiplicateur des lycées… renvoyé de l’UNESCO», le quotidien Mutations dressait le parcours de celui qui est aujourd’hui disparu.
«Ses activités de Député auraient coûté à l’ancien Mineduc son poste au sein de cette institution du système des Nations Unies.
Au terme de la conférence générale de l’Organisation des Nations unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO), qui s’achève le 3 novembre prochain à Paris, Joseph Mboui ne ramènera dans ses valises que le fruit de quelques emplettes faites sur la place parisienne. C’est qu’au cours de ces assises, le député Rdpc de la Sanaga Maritime et ancien ministre de l’Éducation nationale (Mineduc) du Cameroun a perdu son poste de vice-président du groupe Afrique au sein du Conseil exécutif de l’UNESCO. Un échec prévisible, à en croire des sources internes à la délégation camerounaise, qui soutiennent que la candidature de l’ancien Mineduc n’a finalement été entérinée qu’après le quitus du Chef de l’État, lui-même. Paul Biya ayant refusé de prêter l’oreille aux sirènes, qui ne vendaient pas cher la peau de Joseph Mboui au cours des élections.
La cause de cette réticence observée au sein de la délégation camerounaise au sujet de la reconduction de la candidature de Joseph Mboui au sein du conseil exécutif de l’UNESCO, apprend-on de sources crédibles, est le bilan peu élogieux de ce natif de Etoua par Edéa, au cours des deux années passées à la vice présidence du groupe Afrique du conseil exécutif de l’UNESCO. Un bilan qui se décline, soutiennent des sources variées au sein de la délégation camerounaise et du groupe Afrique de l’UNESCO, sous la forme d’absences répétées aux assises du conseil exécutif, aux arrivées tardives à des réunions importantes, et à la mauvaise gestion de certains dossiers.
Pour justifier ces absences, Joseph Mboui n’hésitait-il pas à faire observer qu’il "est d’abord député de la République et que l’UNESCO n’est pas son gagne-pain quotidien"? Un gagne-pain auquel il se consacrera davantage au cours des cinq prochaines années [il a été réélu pendant le législatives du 22 juillet dernier], puisqu’il est désormais déchargé de ses responsabilités à l’UNESCO, une institution internationale qu’il a rejoint en 2005 grâce au soutien du gouvernement camerounais, mais surtout à la faveur de l’épaisseur de son curriculum vitae: Doctorat d’État ès Lettres option sociologie (1971), Chargé de cours complémentaires à l’Université de Bordeaux entre 1963 et 1971, date à laquelle il devient le plus jeune Doyen de Faculté de l’université fédérale du Cameroun (1971-1974). Il a alors 33 ans, puisqu’il est né le 21 avril 1938.
Après les amphis qu’il fréquente d’abord étudiant au début des années 60, puis comme enseignant et chercheur dès 1971, Joseph Mboui devient directeur de l’Institut des sciences humaines entre 1975 et 1976, avant de s’installer dans le service du Premier ministre. Où il occupe le poste de conseiller technique pendant huit ans (1976-1984), avant d’être nommé secrétaire général du ministère de l’Éducation nationale, qu’il retrouve [après un bref passage au secrétariat général du ministère des Mines] le 23 avril 1989 en qualité, cette fois-ci, de ministre de l’Éducation nationale du Cameroun.
"L’eau" aux examens A la tête de ce département ministériel (1989-1992) parmi les plus prestigieux du pays, le magister de Joseph Mboui sera marqué par deux faits majeurs: l’échec dans le combat contre la fuite [communément appelée "l’eau"] des épreuves aux examens officiels organisés par le Mineduc, phénomène déjà observé au Mineduc avant son arrivée; mais surtout la multiplication sur l’ensemble du territoire camerounais des lycées et collèges publics d’enseignement général et technique.
Si cette initiative du ministre Mboui a permis de rapprocher les établissements secondaires publics des populations aussi bien citadines que rurales, elle inaugure aussi l’ère des lycées et CES créés par arrêtés ministériels, mais qui n’ont aucune existence matérielle sur le terrain. Aussi, dans de nombreux cas, les collectivités locales bénéficiaires de ces créations se sont-elles souvent débrouillées, avec force sacrifice, pour la construction desdits établissements scolaires, voire la rémunération des premiers enseignants.
L’ambition de Joseph Mboui de rapprocher les lycées des populations sera stoppée nette en 1992, soit trois ans après sa nomination, par un décret présidentiel mettant un terme à ses fonctions de ministre de la République. Derrière ce limogeage, nombreux sont ceux qui voient encore jusqu’à nos jours, l’échec du ministre Mboui aux Législatives de 1992.
En effet, au cours de ce scrutin auquel participent les partis de l’opposition depuis l’ouverture démocratique de 1990, Joseph Mboui, du haut de sa casquette de membre du gouvernement, décide de conduire la liste du Rdpc pour tenter de barrer la route à l’Upc, qui finit par rafler les trois sièges de député de la Sanaga Maritime. Joseph Mboui ne se relèvera de cet échec qu’en 2002, date à laquelle il est élu pour la première fois à l’Assemblée nationale, sous la bannière du parti au pouvoir. Après dix années passées sous l’éteignoir. Une espèce d’enfer qu’il ne retrouvera pas de sitôt, malgré son récent échec à l’UNESCO. Puisque Joseph Mboui va continuer d’étrenner son écharpe de député dans l’hémicycle du palais de Verre de Ngoa-Ekellé. Jusqu’en 2012».