La tension monte entre les présidents de clubs d’élite au Cameroun et la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT), dirigée par Samuel Eto’o. Lors d’une réunion tenue mercredi dernier à Yaoundé, ces dirigeants ont décidé de prendre des mesures drastiques, manifestant leur mécontentement face à ce qu’ils considèrent comme une mauvaise gestion des fonds de sponsoring.

Les 29 présidents des clubs d’élite du Cameroun ont en effet décidé de ne plus arborer les maillots portant le logo des principaux sponsors du championnat, tels que MTN, Tiof ou 1Xbet, dénonçant ainsi l'utilisation opaque des fonds de ces partenaires. Cette décision, qui s’appliquera dès la deuxième moitié de la saison en cours, est perçue comme une réponse directe aux accusations selon lesquelles l'argent des sponsors serait utilisé au profit personnel du président de la FECAFOOT, Samuel Eto'o, plutôt qu'au bénéfice des clubs, qui sont pourtant les principaux acteurs du spectacle sportif.

« Nous constatons que les fonds provenant des sponsors ne servent qu’à enrichir le président de la Fédération, tandis que les clubs, qui font vivre le championnat, en sont les grands perdants », a expliqué un président de club sous couvert d’anonymat. Ce mécontentement semble cristalliser la colère accumulée par les clubs depuis plusieurs mois, alors que les conditions financières restent précaires pour de nombreuses équipes.

Outre cette mesure symbolique, les présidents des clubs ont décidé de ne plus assumer les frais de location des stades, pointant du doigt une correspondance du ministre des Sports datant du 25 janvier dernier. Dans cette lettre, il était précisé que les 350 millions de francs CFA alloués à la FECAFOOT devaient également servir à couvrir ces frais. Les clubs estiment donc qu’il incombe à la Fédération de respecter cet engagement, sans imposer cette charge financière aux équipes.

Une autre revendication de taille concerne la subvention de l’État, censée être destinée au paiement des salaires des joueurs. Les présidents de clubs exigent que cette subvention soit versée intégralement et sans conditions, s’engageant à fournir les justificatifs en fin de saison, contrairement à la demande de la FECAFOOT, qui souhaite une reddition de comptes tout au long de l'année. Cette requête fait écho aux difficultés financières des clubs, qui peinent à maintenir une stabilité salariale pour leurs joueurs en raison de retards de paiements.

Ce mouvement de contestation pourrait marquer un tournant dans les relations entre la FECAFOOT et les clubs. Samuel Eto’o, ancien capitaine emblématique des Lions Indomptables, est aujourd'hui accusé de ne pas répondre aux attentes des clubs, qui espéraient une gouvernance plus transparente et mieux orientée vers le développement des acteurs du football local. La question de savoir si Samuel Eto'o "a bouffé l'argent des clubs" semble désormais cristalliser l'attention du monde sportif camerounais.