Révision de la Constitution en vue de la création d’un poste de vice-président de la République, recherche d’un consensus entre le pouvoir, l’opposition et la société civile dans l’optique d’une transition apaisée au sommet de l’Etat, accords de défense Russo-Cameroun, crise dans le NoSo et bien d’autres sujets sensibles au menu de l’échange, le 26 juillet au Palais de l’Unité, entre les deux présidents.
La visite du président français, Emmanuel Macron, au Cameroun se précise. Des éléments de de la garde présidentielle française et ceux des services de renseignements sont, à cet effet, à Yaoundé, depuis jeudi dernier.
Si le programme du séjour de l’hôte de marque du Cameroun n’est pas encore rendu officiel, des médias français font savoir que le locataire de l’Élysée sera accompagné de Catherine Colonna, ministre des Affaires européennes et étrangères, Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée, Franck Paris, conseiller Afrique du président de la République et Christophe Bigot, directeur Afrique du ministère des Affaires européennes et étrangères. Et, évidemment avec de nombreux médias français.
Toutefois, selon des informations exclusives de votre journal, trois sujets majeurs, tenus secrets, meubleront particulièrement les échanges entre Paul Biya et son homologue français, le 26 juillet au palais de l’Unité.
Réforme constitutionnelle. D’après nos sources, les deux présidents vont aborder l’éventuelle succession à la tête du Cameroun. À ce sujet, le président Macron plaiderait pour une transition politique apaisée, sans casses, ni effusion de sang. Il militerait alors pour une réforme constitutionnelle ponctuée par la création, en urgence, du poste de vice-président de la République.
Le vice-président devant assurer la continuité en cas de vacance, jusqu’à l’organisation d’une élection présidentielle, dans un délai arrêté par la Constitution. Supprimé en mai 1972 avec l’instauration de l’État unitaire, le poste de vice-président, qui se murmure avec insistance dans les salons huppés, alimente les débats depuis que le retour au fédéralisme est demandé par des Camerounais d’expression anglaise.
Accords de défense. Les deux chefs d’État vont également évoquer les questions de défense, notamment l’accord entre le Cameroun et la Russie, vu d’un mauvais œil par l’Occident, notamment la France. D’après des informations exclusives. Macron voudrait obtenir de la partie camerounaise l’annulation dudit accord de défense.
En rappel, le pays de Paul Biya et celui de Vladimir Poutine ont signé un accord de coopération militaire le 12 avril 2022. Cet accord est signé alors que l’armée russe est déjà très présente militairement au Mali, en Centrafrique, en Libye et au Soudan.
L’essentiel de l’accord militaire russo- camerounais repose sur l’échange d’expérience entre les armées des deux pays, l’achat de matériel militaire russe, la maintenance de ce matériel et le transfert de technologie de la Russie vers le Cameroun.
Dans l’article 2 de ce texte, la Russie et le Cameroun s’accordent sur l’échange d’information en matière de politique de défense et de sécurité internationale, le développement dans le domaine de la formation conjointe, l’entraînement des troupes, ou encore la topographie et l’hydrographie militaires.
Crise au Noso. Également au menu du tête-à-tête, la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud- Ouest (Noso). Il est évident que la guerre dans cette partie du territoire met à mal les intérêts français. Emmanuel Macron voudrait sans doute que cette crise prenne fin, ce d’autant plus que son pays a promis, en 2019, contribuer à hauteur de 40 milliards de Fcfa au bénéfice du Plan de reconstruction des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (PPRD- No/So).
L’on se souvient, en effet, qu’au terme d’une visite de travail de deux jours au Cameroun, les 24 et 25 octobre 2019, l’ancien ministre français des Affaires étrangères, Yves Le Drian, avait annoncé une aide de 40 milliards Fcfa pour la reconstruction des régions anglophones frappées par un conflit séparatiste depuis 2017. À sa suite, l’ambassadeur de France au Cameroun a indiqué que son pays conditionnait le déblocage de ce financement à la pacification de ces régions.
« Avant de commencer la reconstruction, il va falloir que la région soit pacifiée. Il va falloir que vous aboutissiez à un accord de paix entre les bandes armées et le gouvernement », avait affirmé Christophe Guilhou, au cours d’un entretien diffusé le 19 avril 2020 sur la télévision publique camerounaise. La visite du président français intervient dans un contexte où les relations entre Paris et Yaoundé, sont apparemment tièdes, depuis un moment.