Le secrétaire général de la présidence et le directeur de la Société nationale des hydrocarbures (SNH) se trouvent dans une situation conflictuelle depuis le début de l'affaire Savannah Energy et des négociations concernant le pipeline reliant le Tchad au Cameroun.
Selon Jeune Afrique, une délégation tchadienne composée du secrétaire général de la présidence, Gali Gatta Ngothé, et du ministre des Hydrocarbures et de l'Énergie, Djerassem Le Bemadjiel, s'est rendue à Yaoundé les 19 et 20 mai. Lors de cette visite, les responsables tchadiens ont abordé la question délicate des négociations sur le pétrole tchadien et le pipeline destiné à relier le Tchad au port de Kribi au Cameroun. Ils ont été reçus par Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence, dans le but de résoudre le différend opposant les deux pays concernant les actifs de Cotco, la société en charge du pipeline du côté camerounais, ainsi que l'accord entre la SNH camerounaise et Savannah Energy. En avril, cette affaire avait provoqué une confrontation diplomatique qui s'est apaisée depuis.
Cependant, à Yaoundé, le différend a également causé des tensions, notamment entre Ferdinand Ngoh Ngoh et Adolphe Moudiki, directeur de la SNH. Selon des sources, lorsque Moudiki a été invité à la présidence pour rencontrer les envoyés tchadiens, il a refusé de s'y rendre. Il aurait affirmé qu'il ne pouvait répondre à une convocation du secrétaire général de la présidence et qu'il ne rendait de comptes qu'au président Paul Biya, avec qui il entretient une relation très étroite.
En effet, depuis plusieurs semaines, Adolphe Moudiki reproche à Ferdinand Ngoh Ngoh de chercher à le fragiliser en utilisant l'affaire Savannah. Le secrétaire général de la présidence s'est immiscé dans ce dossier, exprimant publiquement son opposition à certaines décisions prises par la SNH et à l'accord conclu avec la compagnie pétrolière britannique. À plusieurs reprises, il a manifesté son intention de remplacer Adolphe Moudiki par l'un de ses proches.
"Si un changement intervient à la tête de la SNH, il espère placer l'un de ses fidèles, qui n'aura pas de relation directe avec le chef de l'État, contrairement au dirigeant actuel", a déclaré récemment à Jeune Afrique un proche de la présidence. La direction de la SNH est un enjeu crucial à Yaoundé, car la société est considérée comme le principal fournisseur de fonds de la présidence.