Une équipe des scieurs de la Compagnie forestière du Cameroun (CFC) appartenant au groupe Thanry a été surprise par des hommes armés qui ont enlevé la fille de l’un des ouvriers et incendié du matériel de travail.
L’attaque, selon des sources locales, a été menée dans l’après-midi du lundi 11 septembre 2017 au village Mempoué à 58 km de Yokadouma, chef-lieu du département de la Boumba-et- Ngoko, Région de l’Est, sur la route de Mboy 2, village camerounais frontalier avec la République centrafricaine (RCA).
« Il était exactement 13 h 45 mn lorsque nous avons brusquement vu arriver du côté de la frontière du Cameroun avec la RCA des hommes lourdement armés qui nous ont demandé de l’argent que nous n’avions pas », relate l’une des victimes de cette attaque jointe au téléphone jeudi le 14 septembre 2017.
Le même, dont les propos sont corroborés par d’autres ouvriers et des sources au sein de la CFC, affirme qu’« à voir leurs méthodes et armements, ces hommes font certainement partie d’un des groupes de rebelles qui écument la frontière entre nos deux pays. N’ayant pas eu d’argent, ils ont enlevé la fille (dont l’identité ne nous a pas été dévoilée) du nommé Gabriel Beng Beng qu’ils détiennent jusqu’aujourd’hui ». Jusqu’à ce que nous allions sous presse ce dimanche 17 septembre 2017 en début de soirée, aucune demande de rançon n’a été soumise aux parents de l’infortunée. Entretemps, l’un des engins laissé au chantier a été incendié par le groupe qui a attaqué la société du groupe français Thanry.
Absence de sécurité
Les assaillants, que les victimes soupçonnent être plus nombreux que ceux aperçus, n’ont pas eu de difficultés à pénétrer dans le camp des ouvriers de Mempoué qui abrite également les ateliers de la scierie. « On entre dans le camp comme on veut. Nos chefs n’ont pas pris la mesure que nous sommes à la frontière avec un pays régulièrement en crise. Même la recrudescence de la violence en RCA ces derniers jours n’a pas fait changer d’option aux responsables de l’entreprise », déclarent des ouvriers dont certains, nombreux, pensent déjà à abandonner les lieux.
Par ailleurs, apprend-on des mêmes sources, « l’attaque de ce 11 septembre 2017 n’est pas le premier dont est victime l’entreprise depuis qu’elle s’est installée ici ». En effet, en 2016 déjà, au cours d’une descente musclée, des rebelles centrafricains avaient tiré à bout portant sur un ouvrier qui assumait les fonctions de chef de camp, le nommé Mpello. Il garde encore les stigmates de ces coups de feu qui ont réduit sa capacité à produire et à se mouvoir.
Bon à savoir, le département de la Boumba-et-Ngoko dans la Région de l’Est Cameroun est limitrophe la Sangha-Bahéré, chef-lieu Nola, située à l’Ouest de la RCA. Au cours de ses nombreuses descentes effectuées sur place, l’auteur de ces lignes a pu observer que cette frontière était poreuse. Les personnes et les biens vont d’un pays à l’autre sans aucun contrôle. Généralement en sous-effectif, le poste de gendarmerie de Mboy 2, village camerounais frontalier avec la RCA, ne peut pas faire aux incursions répétées des bandes armées centrafricaines lourdement équipées.
Au-delà des enlèvements d’enfants et de femmes opérés dans les familles camerounaises, surtout peules, ces rebelles optent souvent pour le bétail qu’ils remettent contre de fortes récompenses. Enfin, selon les habitants des localités frontalières camerounaises, les rebelles centrafricains s’intéressent aussi aux pierres précieuses et semi-précieuses dont les retombées de la vente constituent un bon fonds de guerre.