«Prendre son destin en mains et renverser la tendance», et voilà qui est dit ! Les mots ainsi lâchés sont ceux des populations de l’arrondissement de Diang dans leur majorité et précisément au sein de la jeunesse, considérée par le chef de l’Etat comme “le fer de lance de la nation”.
S’inspirant sans doute de ce slogan du président de la République, la jeunesse de Diang veut faire bouger les lignes l’année prochaine lors des élections des locales. Les jeunes veulent donner leur pouvoir à des représentants dignes d’intérêts, responsables, capables de parler en leur nom et d’apporter des solutions durables à leurs problèmes.
Pour atteindre cet objectif, ils préparent désormais une coalition solide pour soulever les obstacles qui obstruent leur chemin. “Nous entendons nous débarrasser définitivement de ces personnes qui ne nous aiment pas“, fulminent les habitants rencontrés au centre-ville en cette fin de matinée du 22 octobre 2018, date de la proclamation officielle des résultats de la dernière élection présidentielle.
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“Ici à Diang, nous avons toujours su faire preuve loyauté et de fidélité envers l’Homme du renouveau. Nous respectons également ses idéaux et les institutions républicaines. À contrario, nous n’avons pas de retour à l’ascenseur de cette relation d’amour avec Paul Biya. Nous savons que le problème ne vient pas de lui mais curieusement de nos aînés. Ils se sont succédés à différents postes de responsabilités par la voie des urnes mais ils n’ont toujours déçu!”, dénonce un habitant du quartier Bingomo à Diang.
Comme premier exercice, les jeunes de Diang promettent se resserrer plus que jamais dans les rangs du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), et faire ensuite bloc autour d’une coalition à travers laquelle, ils entendent désigner leurs représentants autour d’une liste qui fera l’unanimité.
“Nous n’avons pas la prétention de vouloir exclure nos parents, nos ainés du système. Nous voulons tout simplement que la stigmatisation cesse et que nous intégrons également les sphères de prise de décisions“, indique Messankalang Patrick.
“Durant de longues années, la jeunesse de Diang a toujours été écartée du système de prise des décisions et nous voulons que dès 2019, ces frustrations dont nous sommes les victimes cessent. Nous allons composer avec les nos ainés mais nous n’allons pas accepter qu’on nous impose d’adopter des gens qui ne nous doivent rien du tout“, souligne, l’enseignant de philosophie par ailleurs proviseur du lycée de Diang.
“Ici, on est éternellement enfant, appelé à faire les commissions lors des réunions, on est toujours resté derrière et nos ainés nous toujours infantilisé pour qu’on assume les seconds rôles. Toutes ces dernières années, nous avons accepté par respect selon nos valeurs traditionnelles qui nous imposent la soumission face aux adultes“, enfonce un autre partisan de cette révolution.
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Georges Nyazang, fervent militant du RDPC estime qu’à Diang, on est adulte à partir de 60 ans. “Alors que nous étions en campagne électorale récemment pour mobiliser nos populations à élire le candidat du parti du flambeau pour ce nouveau septennat, certains personnes nous ont muselé en nous interdisant de prendre la parole en public car à 48 ans, on apprend encore et on est très jeune, donc on doit se taire“, se souvient’ il, l’air frustré.
Pour définitivement briser le signe indien, ils veulent prendre définitivement leur destin main car le pourvoir ne se donne pas, il s’arrache. “En 2019, nous allons proposer deux listes homogènes à l’unanimité des forces en présence pour briguer un siège à l’assemblée nationale et un autre au sein du conseil municipal. Nous sommes en train de travailler dessus et nous n’avons peur de dire à qui veut l’entendre que notre engagement est non négociable car le développement de Diang doit en fin décoller“, explique Dr Mbélé Abanda.
Cette élite de la diaspora est de retour à la case départ depuis quelques mois. Militant de la première heure du parti de Paul Biya, ce dernier avait quitté les rangs du RDPC à un moment à cause des frustrations et des déceptions. On se souvient même qu’il avait créé un parti politique pour concurrencer le parti du flambeau à Diang. Revenu à de meilleurs sentiments après s’être réconcilié avec ses frères et sœurs du village, il a dissous son parti et s’engage désormais à soutenir les idéaux du président national du RDPC.
“Le militantisme au sein du parti de Paul Biya ne se fait pas seulement dans les discours. C’est à travers des actes concrets pour le changement des conditions de vie de nos populations. Je voudrai désormais mettre mon expérience aux services des autres. Pour cela, je suis en pleine consultation de mes frères et sœurs pour briguer le prochain mandat à la tête de la mairie de Diang“, indique-t-il, indigné du bilan négatif de l’actuel maire de la commune de Diang.
Dr Mbélé Abanda vient sillonner tous les villages de l’arrondissement de Diang à l’effet de recueillir tous les avis des uns et des autres par rapport à son projet pour la mairie de Diang. Il trouvera certainement face à lui des dinosaures, des éléphants politiques qui ont fait leur chemin mais dont la jeunesse n’en veut plus entendre parler.
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“Ces gens-là ne sont pas des élus qui ont reçu notre onction dans les urnes. Le comité central du RDPC nous les ont imposé et la preuve qu’ils n’ont pas de compte à nous rendre est qu’ils n’ont rien fait pour nous. A quelques mois de la fin de leurs mandats, le bilan est largement négatif à l’image des hommes qui nous dirigent“, crache Bélinga Evouna.
Le jeune agriculteur du village Andom n’a pas oublié les tractations ayant abouti à la désignation de l’actuel maire de la commune de Diang et du député Tak Bienvenu en 2013 au comité central. “Ils nous les imposent à travers les investitures et si on nous replonge dans les souvenirs tristes qui fait que Diang s’enlise dans la pauvreté et la misère en 2019, nous allons voter l’opposition à Diang“.
Son avis est largement partagé par l’ensemble des populations locales qui rejettent en bloc la légitimité de ces élus locaux qui rendront gorge bientôt dit-on ici. C’est donc dire que les joutes électorales prochaines s’annoncent intenses et largement ouvertes compte tenu du contexte actuel.