Le Cameroun fait face à un paradoxe démographique et social saisissant : alors que plus des deux tiers de sa population a moins de 25 ans, les leviers du pouvoir restent fermement entre les mains d'une infime minorité âgée, selon une analyse du politologue Richard Makon sur Canal 2.
Les chiffres sont éloquents : si l'on étend l'analyse jusqu'à 35 ans - âge de référence pour de nombreuses institutions régionales africaines - près de 80% de la population camerounaise est considérée comme jeune. En contraste, les personnes âgées de 65 ans et plus ne représentent que 3,6% de la population totale.
Cette disproportion démographique s'accompagne d'un déséquilibre flagrant dans la répartition des ressources. D'après Makon, cette minorité de 3,6% exerce un contrôle quasi-total sur les ressources de l'État, qu'elles soient "financières, administratives ou symboliques". Cette concentration du pouvoir soulève des questions cruciales sur l'équité intergénérationnelle et la représentativité des institutions.
Le constat est d'autant plus préoccupant que cette jeunesse, qui devrait être au cœur des politiques publiques en raison de son poids démographique écrasant, se trouve largement exclue des sphères décisionnelles. Cette situation crée une tension sociale où "3,6% de la population maltraite plus de 90% de la population", selon les termes du politologue.
Ce fossé générationnel pose un défi majeur pour l'avenir du pays : comment assurer une transition harmonieuse du pouvoir vers les nouvelles générations tout en préservant la stabilité sociale ? La réponse à cette question pourrait déterminer la trajectoire future du Cameroun.
Cette analyse met en lumière l'urgence d'une réflexion approfondie sur les mécanismes de partage du pouvoir et des ressources dans le pays. Elle souligne également la nécessité d'une plus grande inclusion des jeunes dans les processus décisionnels, conformément à leur importance démographique.