La famille royale se rendra à Kinshasa, Lubumbashi et Bukavu avec quelques ministres du gouvernement belge. Le voyage était initialement prévu du 6 au 10 mars de cette année, mais a été annulé fin février en raison du début de la crise ukrainienne.
Au pouvoir depuis 2013, le roi des Belges Philippe fera mardi sa première visite officielle en République démocratique du Congo.
Tandis que le monarque souhaite renforcer les relations avec le président Tshisekedi et continuer le travail de mémoire sur le passé colonial, quels sont les enjeux de cette visite pour le Congo ?
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Réchauffement des relations entre les deux pays
"Dans le contexte actuel, depuis l’arrivée du président Tshisekedi, on assiste véritablement a un réchauffement des relations entre les deux pays. Du point de vue Belge, ce sera une espèce de consolidation du message du roi Philippe qui a déjà eu des mots assez forts'', indique le professeur Bob Kabamba – docteur en sciences politiques, chargé de cours au Département de sciences politiques de l'Université de Liège.''Maintenant on a l’impression qu’il veut poser des actes au-delà des paroles. Le deuxième aspect, c’est du côté congolais. Actuellement au Congo, la vie politique est assez mouvementée. Cette visite est pour Felix Tshisekedi un moment important pour justement consolider ce pouvoir, montrer que la Belgique le soutien, montrer à l’opinion publique congolaise que la Belgique le soutien, que le Belgique est avec lui et qu’il est digne d’avoir le soutien de toute la communauté internationale à travers la Belgique", poursuit Bob Kabamba par ailleurs spécialiste de politiques africaines.
Reconnaissance d’un lourd passé colonial
En 2020, le monarque belge avait exprimé ses regrets au sujet des "actes de violence et de cruauté" commis lors de la domination coloniale au Congo.Tout avait commencé avec une lettre envoyée au président congolais Felix Tchisekedi en juin 2020.
Sans s’excuser, le roi Philipe avait déploré la souffrance et les humiliations infligées au Congo pendant 75 ans, de 1885 à 1960. Notamment les tueries et les mutilations subies par les travailleurs congolais dans les plantations de caoutchouc.
Le président congolais avait salué les paroles du roi comme une "avancée" à même de "booster les relations amicales" entre les deux pays. Sur invitation de ce dernier, deux ans après, le monarque belge se rendra à Kinshasa du 7 au 13 juin 2022 pour une visite de 6 jours.
"C’est ce qu’on appelle les reliquats qui polluent les relations entre les deux pays. Il y a bien sûr la reconnaissance de ces aspects, la violence de la colonisation, la spoliation de toute une série de biens socio-culturels congolais qui sont exposés dans les musées en Belgique'', explique M. Kabamba.
''Il y a la question aussi des mutilations, des exactions qui ont été commises à l’époque de l’Etat indépendant du Congo sous Leopold II. Tous ces éléments -ce qu’on appelle aussi le contentieux belgo-congolais - continuent quand même de polluer la situation. Mais on remarque quand même que de plus en plus, on ose aborder ces différentes questions pour justement espérer améliorer les relations entre les deux pays ", souligne-t-il.
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Vers une réconciliation entre la Belgique et la RDC ?
Les regrets exprimés par le monarque en 2020 ont été suivis pas l’amorce d’un travail de mémoire sur le passé colonial.En Belgique, une commission parlementaire spéciale a été mise en place, ainsi que la rédaction d’un rapport avec un inventaire sans concession des exactions et spoliations commises pendant la période coloniale belge.
Cette commission explore aussi les mécanismes de réparation, de compensation et de réconciliation entre les deux pays.
En parallèle, la Belgique a ouvert la porte à des restitutions d’objets artistiques ou symboliques à la RDC.
Au premier rang de cette restitution, on retrouve la dent de Patrice Lumumba, les derniers restes de l’ancien Premier ministre exécuté en 1961 avant que sa dépouille ne soit dissoute dans de l’acide. Cette dent doit être rapatriée en RDC en juin prochain, et ce, après plusieurs reports.
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Vers une restitution des œuvres d’art
La Belgique a aussi remis le mois dernier un inventaire de plus de 80 000 objets d’arts originaires du Congo et stocké dans le musée de l'Afrique de Tervuren, entre autres.Il se pose aussi la question de la décolonisation de l’espace public, notamment à Bruxelles.
La capitale belge a commandé un rapport pour inventorier les symboles coloniaux. Le texte publié le mois dernier a pour objectif de recontextualiser les monuments érigés à la gloire de la colonisation.
Relations entre les deux pays
"La Chine a largement supplanté les partenaires traditionnels. La seule plus-value sur laquelle la Belgique joue, c’est dans le domaine de la santé et de l’éducation. Dans ces deux domaines, la Belgique est toujours en pointe et peut toujours continuer à apporter une plus-value et peut toujours compter comme numéro 1 dans les relations entre les deux pays", remarque le politologue.Il ajoute : "Il y a toujours des hauts et des bas, soit du côté belge, soit du côté congolais. Quand on regarde le calendrier électoral tel qu’il a été publié, je doute fort que ce calendrier soit respecté. Hélas, on va commencer à voir toute une série de remarques et de conditions qui vont être posées au niveau belge, cela va avoir des répercussions.
Il y a aussi le domaine des droits de l’homme surtout à l’est du pays où on a dans deux provinces l’état de siège qui est censé normalement mettre fin aux exactions, mais lorsque l’on lit les différents rapports, on se rend bien compte qu’il y a aussi des exactions qui sont commises par les forces de l’ordre du gouvernement congolais. Progressivement, dans les mois qui vont arriver, certainement, que ces dossiers-là vont aussi devenir problématiques".
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*Cet épisode de Au Cœur de l'Actu est présenté par Valorien Noubissi et préparé par Gaius Kowene, Awa Ndiaye et Abdou Diop