Politique of Friday, 11 March 2016

Source: La Nouvelle Vision

RDPC : Le meeting de la honte à esse !

Des militants du RDPC, Archives Des militants du RDPC, Archives

Ayant organisé une contre-manifestation pour réclamer le courant électrique alors que Roger Melingui tenait un meeting incongru sous la bannière du RDPC, les jeunes de l’arrondissement ont été tabassés et déshabillés sur instructions de « honorable ». La ville sous le choc…  

Appel à la candidature de Un palindrome est, on le sait, un mot pouvant se lire dans les deux sens. La ville d’Esse, comme Laval en France, se distingue ainsi. Mais ceci est loin d’être la seule particularité de cette cité, qui depuis un certain temps se distingue par une situation qu’elle est seule à entretenir. Cela s’est encore vu ce 04 mars avec la tenue d’un meeting dit de rassemblement pour appeler à la candidature de Paul Biya à la prochaine présidentielle, qui a fini d’étaler les divisions séparant les uns et opposant les autres.  

Non seulement les aînés entre eux, mais aussi les profondes dissensions mettant aux prises les jeunes et les adultes. Déjà, l’organisation même de ce meeting était une incongruité. Car il se déroulait au niveau d’un arrondissement, alors qu’un grand meeting réunissant tout le département avait au préalable eu lieu à Mfou, pour les mêmes motifs de sollicitation de la poursuite de l’action de Paul Biya au sommet de l’Etat. Celui-ci ayant été organisé sous les auspices du Mincommerce Mbarga Atangana, le député Roger Melingui tenait à avoir le sien, qu’il aurait pourtant dû programmer avant la cérémonie de Mfou où s’était retrouvée toute la Mefou-et-Afamba. On le voit, sa motivation ne relevait que de la lutte de positionnement, pour essayer d’empêcher que l’aura du Mincommerce lui fasse de l’ombre. Lui qui, malgré sa déchéance du gouvernement et les forts soupçons de détournements qui pèsent sur lui pour sa gestion de la défunte ONCPB, veut mordicus être la figure de proue de son département d’origine.

Divorce consommé

Suite à l’invitation de dernière minute à lui adressée pour assister à ce second meeting d’Esse, lui qui n’est pas de cet arrondissement, la réaction du Ministre Mbarga Atangana était attendue, de nombreux observateurs ayant supputé sur son probable refus de venir cautionner une telle mascarade. Mais bon prince Luc Magloire Mbarga Atangana aura bien fait le déplacement d’Esse, répondant  favorablement à l’invitation, adressant par sa seule présence un message d’unité.

Car d’unité l’élite en a bien besoin dans ce patelin, comme n’ont pas manqué de le relever les principaux orateurs du jour. Citons à cet égard la présidente de section RDPC, qui n’a pas usé d’euphémisme pour dire que rien ne va à Esse, ceux qui constituent l’élite se regardant en chiens de faïence. Ou pire, ourdissant de sombres machinations pour en découdre violemment avec des adversaires ou supposés tels. Madame la présidence s’est ainsi interrogée sur l’absence de réaction du Ministre Melingui après qu’elle ait été tabassée à Esse le 11 février dernier. Ces voies de faits ayant pour auteurs, non quelques militants de l’opposition, mais des personnes de son propre parti… une faction n’ayant pas toujours digéré son élection à la tête de la section lors des derniers renouvellements des organes de base du parti de la flamme.

A l’issue desquelles elle a triomphé du président sortant, qui était candidat à sa propre succession, et qui n’est autre que le maire de la commune d’Esse. L’on réalise pleinement pourquoi quand il prit à son tour la parole, un chef traditionnel stigmatisa vertement le « bicéphalisme » qui a cours à Esse au sein du RDPC, dans la crise post-électorale qui n’a pas fini de distiller son venin, certaines personnalités du cru entretenant la division, jouant en arrière-plan le rôle de trouble-fêtes dans leur refus d’adouber une femme leader ne leur ayant pas fait allégeance. C’est la même ritournelle qu’entonna le sénateur suppléant Valère Abanda Metogo, autre poids lourd politique du coin, qui a son tour décria l’atmosphère délétère qui y prévaut, dénonçant le comportement peu orthodoxe de ceux qui, pourtant censés conduire harmonieusement les choses, n’agissent pas ; si ce n’est faire empirer la situation.

Au point de demander à qui profite le crime, un tel désordre ne pouvant qu’être entretenu sans les desseins cachés d’un acteur qui tire les ficelles dans l’ombre. Le délégué du Comité central du RDPC à ce meeting, Jean Bernard Ndongo Essomba a donc eu de quoi meubler son rapport à la hiérarchie du part, qu’il ne saurait d’informer sur la déliquescence du RDPC à Esse. Car cette rencontre aura été boudée par les militants de la ville, hommes comme femmes, jeunes et adultes. Monsieur Melingui s’y attendait, qui avait pris le soin de faire venir par charters des gens de Yaoundé et d’autres localités, sans doute moyennant rétribution, pour venir faire foule.  

Charterisation

Les bandes de jeunes présents à ce meeting étaient inconnues des populations d’Esse, qui avaient décidé de bouder la manifestation pour manifester leur refus de se faire instrumentaliser par un homme pour ses ambitions personnelles, alors que des problèmes de grande acuité se posent, dont il s’est complètement désintéressé. Notamment celui du courant électrique dont Esse est privée depuis plus d’un an, sans que cela lui fasse ni chaud ni froid. Ne dispose-t-il pas de puissants groupes électrogènes qui chez lui pallient ce manque de fourniture d’énergie ?

En dehors des zouaves importés par M. Melingui pour le meeting, les seules personnes présentes vivant d’habitude dans l’arrondissement étaient celles qui n’avaient jamais eu de courant électrique à leurs domiciles, situé loin des lignes de la compagnie d’électricité. L’interruption de cette énergie n’ayant rien modifié dans leur vécu, contrairement aux autres qui depuis de longs mois souffrent au quotidien mille morts, replongées qu’elles sont dans l’antiquité. Mais le grand ordonnateur de ce rituel n’aura pas réussi son coup, en cachant la triste réalité aux invités sur son divorce d’avec les populations qu’il veut présenter comme sa base. Des invités qui auront été surpris par l’état de décrépitude avancé d’Esse, que ne masquait point le terne éclat des quelques façades rapidement badigeonnées pour la circonstance.

En même temps que le meeting qui se tenait à la place des fêtes, à un jet de pierre de là l’on pouvait observer un mouvement des jeunes de la ville, au niveau de l’esplanade du marché, qui arboraient des T-shirts où il était écrit : Esse, d’abord le courant. Cette contre-manifestation était une réponse cinglante à l’initiative de M. Melingui, à qui il était ainsi implicitement rappelé que les préoccupations de ses frères du village ne se trouvent pas dans une énième grand’messe pour soutenir et encourager le chef de l’Etat. Car dans ce cadre, ils ont déjà donné, d’autres soucis leur tourneboulant l’esprit. Principalement celui de l’énergie électrique dont ils sont sevrés depuis trop longtemps.

Après le meeting Roger Melingui, secondé par M. Ndongo un de ses affidés, ci-devant deuxième adjoint a maire, déclencha les hostilités auxquelles il s’était préparé, les rumeurs ayant depuis couru à Esse sur l’organisation d’une contre-manifestation pour annihiler l’impact de son opération foireuse. L’honorable Melingui avait pris le parti de militariser la ville, si bien qu’on aurait pu se croire dans une bourgade de l’Extrême-nord sous état d’urgence, en attente d’une incursion de Boko Haram. Toutes les forces de défense étaient présentes ; policiers, gendarmes, militaires…

Lorsqu’il désigna les jeunes d’Esse à la soldatesque, ce fut comme un remake de La légion saute sur Kolwezi. Les jeunes furent copieusement tabassés, leurs T-shirts arrachés, s’entendant dire en guise de consolation qu’ils avaient la chance de ne pas être arrêtés et enfermés … Sans doute les rivaux politiques de M. Melingui peuvent-ils boire du petit lait en se frottant les mains, ces événements ayant fini de jeter le discrédit sur l’ancien ministre, en révélant à la face du monde combien il est vomi par les siens.