Selon les informations exclusives de Jeune Afrique, de profonds bouleversements secouent l'appareil sécuritaire autour du président camerounais. Entre disgrâce et ascension fulgurante, enquête sur les dessous d'une recomposition sensible au sommet de l'État.
Le séjour genevois de Paul Biya aura été marqué par des tensions sans précédent au sein du dispositif sécuritaire présidentiel. D'après les révélations de Jeune Afrique, une redistribution des cartes est en cours entre les principaux responsables de la sécurité du chef de l'État.
La disgrâce du contre-amiral Fouda illustre les bouleversements en cours. "Son refus de libérer la nièce de la Première dame a été la goutte d'eau", confie à Jeune Afrique une source proche de la présidence. Pourtant, cet homme de confiance occupait une position stratégique : "Être le gardien du téléphone présidentiel, c'est détenir les clés du royaume", analyse pour notre magazine un ancien officier de la sécurité présidentielle.
Les détails de l'altercation avec Chantal Biya révèlent les lignes de fracture au sein du dispositif présidentiel. Selon nos sources, le refus de Fouda de céder aux demandes de la Première dame concernant Judith Marionne Nyandjock a provoqué une crise majeure. "Son renvoi précipité au Cameroun marque un tournant dans l'histoire de la sécurité présidentielle", observe un diplomate en poste à Yaoundé.
Dans ce jeu de chaises musicales, le colonel Evina Ndo apparaît comme le grand gagnant. Une source proche de la DSP confie à Jeune Afrique : "Sa proximité avec la Première dame en fait désormais l'homme fort du dispositif sécuritaire." La nomination récente de son épouse à l'ambassade de Paris n'est pas passée inaperçue : "C'est un signal fort du couple présidentiel", analyse un observateur averti.
La marginalisation progressive d'Ivo Desancio Yenwo, absent de Genève, conjuguée à la disgrâce de Fouda, dessine une nouvelle configuration. "Evina Ndo cumule désormais les atouts : la confiance de la Première dame et l'expérience opérationnelle", souligne pour Jeune Afrique un ancien du sérail.
Le colonel Evina Ndo s'est notamment illustré dans la gestion de dossiers délicats, comme l'enquête sur le cambriolage du bureau du directeur du cabinet civil. Une source sécuritaire révèle à Jeune Afrique : "Sa méthode, alliant efficacité et discrétion, est particulièrement appréciée en haut lieu."
Cette recomposition du dispositif sécuritaire intervient dans un contexte particulier. "La sécurité du président n'est pas qu'une question technique, c'est un enjeu politique majeur", analyse pour Jeune Afrique un expert des questions sécuritaires au Cameroun. La montée en puissance d'Evina Ndo, pressenti pour prendre la tête de la DSP, pourrait ainsi préfigurer d'autres changements à venir.
Cette redistribution des cartes au sein de l'appareil sécuritaire présidentiel illustre les mutations profondes qui travaillent le pouvoir camerounais. Alors que le séjour genevois s'achève, ces bouleversements pourraient avoir des répercussions durables sur l'organisation du dispositif de sécurité autour de Paul Biya.