La révision constitutionnelle en préparation ne se limite pas à des ajustements techniques. Elle pourrait introduire des changements majeurs, dont certains étaient jusque-là considérés comme tabous. Le plus explosif ? La création d’un poste de vice-président de la République. Deux scénarios sont sur la table : soit le vice-président serait élu en binôme avec le chef de l’État, comme aux États-Unis, soit il serait directement nommé par Biya. Dans les deux cas, ce numéro deux deviendrait le favori pour lui succéder, mettant fin à des années de spéculations sur l’après-Biya.
Autre sujet brûlant : la double nationalité, interdite depuis 1968. Malgré la loi, de nombreuses personnalités politiques, économiques et sportives la contournent. Plusieurs rencontres ont déjà eu lieu entre députés et le Premier ministre Joseph Dion Ngute pour envisager une réforme. Si elle aboutit, elle pourrait permettre à la diaspora, souvent perçue comme hostile au régime, de participer pleinement à la vie politique. Mais certains y voient un calcul électoral, visant à séduire une partie de l’électorat tout en maintenant un contrôle strict.
Ces propositions ne sont pas nouvelles. Elles avaient déjà été évoquées avant la présidentielle de 2018, avant d’être abandonnées. Leur retour soudain, à quelques mois du scrutin d’octobre, interroge. S’agit-il d’une ouverture démocratique ou d’une manœuvre pour consolider le pouvoir en place ?
Une chose est sûre : si ces réformes sont adoptées, elles pourraient profondément bouleverser l’équilibre politique camerounais. Reste à savoir si Paul Biya prendra le risque de les imposer… ou s’il préférera, une fois de plus, reporter l’échéance.