C’est le Magazine Jeune Afrique qui a eu accès en exclusivité au bulletin de santé d’un des prisonniers les plus célèbres du Cameroun, Marafa Hamidou Yaya. En effet, selon le Magazine panafricain, l’état de santé de l’ex-secrétaire général de la présidence, emprisonné depuis dix ans, se détériore considérablement. Ceci à la lumière de quatre rapports médicaux que JA a pu consulter. Seulement, le bout du tunnel semble long encore pour cet ex-commis de l’Etat.
« Jeune Afrique a pu consulter quatre rapports médicaux attestant qu’il est sur le point de perdre la vue. Ces documents ont été adressés à Paul Biya à l’appui d’une demande d’évacuation sanitaire à laquelle le chef de l’État n’a, pour l’instant, pas donné suite », souligne Jeune Afrique dans son papier.
« Selon nos informations, cela fait plusieurs années que les médecins alertent les autorités camerounaises sur la situation du célèbre prisonnier, condamné, en 2012, à vingt-cinq ans de prison ferme pour « complicité intellectuelle de détournement d’argent public ».Extrait de sa cellule, Marafa Hamidou Yaya est présenté pour la première fois, en 2017, au MICEI – un établissement agréé par le ministère de la Défense – pour un glaucome, découvert en 2012. « [Une] cataracte à l’œil droit, [une] pseudophakie à l’œil gauche [et un] glaucome bilatéral » sont alors diagnostiqués. Une chirurgie de la cataracte est réalisée en octobre 2017, mais cela ne suffit pas. « Compte tenu de la nature avancée de la maladie, en particulier de l’œil droit (aveugle), nous recommandons une chirurgie mini-invasive du glaucome comme avec un stent, afin d’éviter une cécité irréversible des deux yeux, écrivent les médecins. Cette intervention n’est actuellement pas [réalisable] dans notre hôpital. », détaille Jeune Afrique.
Jeune Afrique livre d’autres informations concernant la santé de l’ancien ministre.
« En septembre 2021, un deuxième rapport, que Jeune Afrique a pu consulter, préconise de nouveau une intervention chirurgicale et suggère le Centre hospitalier national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts, à Paris. C’est le seul moyen, selon les médecins, d’empêcher ce glaucome réfractaire aux médicaments de rendre le patient aveugle.Le 18 octobre de la même année, Marafa est reçu au service d’ophtalmologie de l’Hôpital central de Yaoundé. Le rapport médical confirme les recommandations précédentes.Nouveau compte-rendu, le 25 avril 2022, pas plus rassurant que le précédent : « Après la perte fonctionnelle de l’œil droit, la détérioration de la vision de l’œil gauche atteste de la progression des lésions du nerf optique, avec un risque quasi certain de cécité si rien n’est fait dans les meilleurs délais ».Mais, en dépit de ces demandes répétées, Paul Biya n’a toujours pas autorisé l’évacuation de Marafa Hamidou Yaya. Âgé de 70 ans, celui-ci est détenu dans une cellule de 2 mètres sur 3, construite en béton armé, dans laquelle la lumière du jour ne filtre pas. Les restrictions mises en place en avril 2020 en raison de l’épidémie de Covid-19 n’ont en outre pas été levées : le détenu a droit à une seule visite quotidienne, d’une durée de 30 minutes », révèle le Magazine panafricain.