Le chef de l'État aurait rejeté la proposition de nomination soumise par le Secrétaire Général de la Présidence de la République et demandé qu'un cadre du Septentrion soit désigné pour succéder à Mme Yaou Aïssatou.
Une décision présidentielle qui réoriente la gouvernance de la SNI
Selon nos informations exclusives, le Président Paul Biya aurait récemment rejeté la proposition de nomination de Manfouo Fouatcha Hervé à la tête de la Société Nationale d'Investissement (SNI). Cette proposition avait été soumise par Ferdinand Ngoh Ngoh, Secrétaire Général de la Présidence de la République (SGPR).
D'après nos sources, le Chef de l'État aurait instruit le SGPR de trouver un cadre originaire de la région du Septentrion pour remplacer Mme Yaou Aïssatou, l'actuelle directrice générale. Cette décision s'inscrirait dans la volonté présidentielle de maintenir un équilibre régional dans la répartition des postes stratégiques au sein de l'administration camerounaise.
Cette information intervient dans un contexte particulier pour la SNI, qui a fait l'objet d'une profonde transformation à la faveur de deux importants décrets présidentiels signés le 10 juillet 2024. Le premier transforme cette entité en une Société à Capital Public, tandis que le second porte approbation de ses nouveaux statuts, en cohérence avec sa nouvelle configuration.
Ces deux décrets signés par le Président de la République, S.E. Paul Biya, constituent une avancée majeure dans l'écosystème économique national. En effet, ils apportent des changements systémiques à la Société Nationale d'Investissement (SNI), pour donner plus de vigueur et d'impact à la transformation structurelle de l'économie camerounaise, prônée par la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030.
Le premier changement porte sur la forme juridique de cette entreprise. Celle-ci passe d'Établissement public à caractère industriel et commercial, à une Société à Capital Public. Il s'agit là d'une évolution visant la mise en conformité de l'entreprise avec les dispositions non seulement de la loi du 12 juillet 2017 portant statut général des entreprises publiques au Cameroun, mais également de l'Acte uniforme OHADA, dont le Cameroun est membre.
Le deuxième changement est lié à l'élargissement du spectre de compétences de l'entreprise. Cette réforme fait de la SNI, l'Investisseur institutionnel de l'État et le Cabinet d'études-conseils. Ainsi, la SNI, avec l'État comme actionnaire unique, est chargée de la mobilisation et de l'orientation des financements, en vue de favoriser les investissements productifs dans les secteurs industriel, agricole, minier, financier, commercial et des services.
À ce titre, c'est elle qui octroie désormais les visas préalables de viabilité économique et financière pour toutes les interventions de l'État dans les projets industriels portés par le secteur privé. En outre, ses missions sont étendues aux entreprises publiques, au sein desquelles elle effectue désormais l'analyse comptable et financière de leur performance ; mène des études diagnostiques et d'évaluation de ces entreprises ; assure le contrôle de l'élaboration et l'exécution des contrats de performance conclus entre l'État et les entreprises publiques.
La SNI est également chargée des opérations de capital-risque et de capital-développement, ainsi que de l'exercice d'activités d'intermédiation en bourse et de gestion d'actifs. Cette évolution entraîne non seulement une modification au niveau des tutelles, mais aussi un accroissement des moyens de cette Société.
S'agissant des tutelles, si le Ministère des Finances continue d'assurer la tutelle financière de cette entité, l'aspect technique relève désormais des compétences du Ministère en charge de l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire.
En ce qui concerne les moyens, les décrets présidentiels consacrent une recapitalisation de la SNI, en portant son capital social de 26,134 milliards de FCFA à plus de 226,134 milliards de FCFA, soit un bond de 200 milliards de FCFA. Cette hausse sera financée par le budget de l'État et échelonnée sur 04 tranches annuelles successives de 50 milliards chacune.