Les Rencontres économiques du Cameroun (REC), tenues les 26 et 27 février à Yaoundé, ont non seulement été un succès sur le plan économique, mais ont aussi révélé les tensions latentes entre le Premier ministre Joseph Dion Ngute et Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence. Cet événement, coorganisé par le Groupement des entreprises du Cameroun (Gecam) et la primature, a permis à Joseph Dion Ngute de s’affirmer face à un Ferdinand Ngoh Ngoh souvent décrit comme l’éminence grise du régime.

Alors que les équipes de la primature et du Gecam avaient tout mis en œuvre pour garantir le succès des REC, le palais présidentiel d’Etoudi, traditionnellement méfiant à l’égard des milieux d’affaires, a dû envoyer discrètement son conseiller économique, Jean-Claude Ayem Mauger, pour observer les débats. Ce dernier, proche de Ferdinand Ngoh Ngoh, a fait une brève apparition lors des ateliers, signe de l’intérêt porté par la présidence à cet événement.

La présence de Tony Elumelu, banquier et philanthrope nigérian, a ajouté une dimension internationale aux REC. Invité d’honneur, Elumelu a été reçu par Joseph Dion Ngute, qui a profité de cette occasion pour soigner son image de leader pro-business. Cependant, un imprévu technique a empêché toute rencontre entre Elumelu et Ferdinand Ngoh Ngoh, privant ce dernier d’une opportunité de reprendre la main sur l’événement.

Cette situation rappelle le Grand dialogue national de 2018, où Ferdinand Ngoh Ngoh avait réussi à éclipser Joseph Dion Ngute en reprenant le contrôle des débats. Cette fois, le Premier ministre a su conserver les projecteurs, malgré une interruption de dernière minute : appelé à assister à la levée du corps de la belle-sœur du président Paul Biya, Joseph Dion Ngute a dû confier la clôture des REC au ministre de l’Économie, Alamine Ousmane Mey.

Les REC ont ainsi mis en lumière les rapports complexes entre Joseph Dion Ngute et Ferdinand Ngoh Ngoh, deux figures clés du régime camerounais. Alors que le Premier ministre cherche à s’affranchir de l’influence du secrétaire général de la présidence, ce dernier continue de veiller à maintenir son emprise sur les affaires du pays.