Dans une récente intervention sur Cam 10 Télévision, Sylvestre Nyeck Nyeck a fait une déclaration marquante lors de l'émission GRAND DÉBAT : "La seule fois où les élections législatives se sont déroulées en date c'était en 1992. Et en 1992 le système était sur le point de basculer."

Cette affirmation mérite une analyse approfondie, car elle fait référence à un moment charnière de l'histoire politique camerounaise.

En effet, le 1er mars 1992 marque un tournant dans l'histoire électorale du Cameroun. Pour la première fois depuis 1964, le pays organise des élections législatives multipartites, mettant fin à près de trois décennies de monopole politique.

Ce scrutin intervient dans un contexte de changement profond. En décembre 1990, le Cameroun avait introduit le multipartisme, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle ère politique. Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), jusqu'alors seul parti autorisé, se retrouve confronté à une compétition électorale inédite.

L'engouement pour cette nouvelle liberté politique se traduit par la participation de 32 partis différents à ces élections. Cependant, le RDPC reste le seul parti à présenter des candidats dans tous les départements du pays, témoignant de son implantation nationale.

Malgré cette ouverture, certains partis d'opposition majeurs, notamment le Social Democratic Front (SDF) et l'Union démocratique du Cameroun (UDC), choisissent de boycotter le scrutin, estimant probablement que les conditions d'une élection équitable n'étaient pas réunies.

Le résultat final voit le RDPC remporter 88 des 180 sièges à l'Assemblée nationale. Bien que victorieux, ce score marque un recul significatif par rapport à son ancien monopole, illustrant le "basculement" évoqué par Sylvestre Nyeck Nyeck.

Cette élection de 1992 représente donc un moment crucial où le paysage politique camerounais aurait pu connaître une transformation radicale. Elle a ouvert la voie à une forme de pluralisme politique, même si le RDPC a maintenu sa position dominante dans les années qui ont suivi.

La déclaration de Sylvestre Nyeck Nyeck soulève également des questions sur l'évolution du système électoral camerounais depuis cette date. Si 1992 reste dans les mémoires comme une année où les élections se sont déroulées "en date", cela suggère que les scrutins ultérieurs ont peut-être connu des reports ou des irrégularités dans leur calendrier.

En conclusion, l'élection législative de 1992 demeure un moment phare de l'histoire politique camerounaise, symbolisant à la fois l'ouverture démocratique et les défis persistants dans la consolidation d'un système multipartite pleinement fonctionnel.